Radhouane El Meddeb dévoile Le Cabaret de la rose blanche, qui célèbre l’exil en chanson, en laissant la danse de côté.
La rose blanche, c’est le nom d’un groupe de résistants munichois contre le nazisme pendant la Seconde guerre mondiale. C’est aussi le nom d’un film réalisé par Mohamed Karim, premier succès du cinéma parlant égyptien sorti en 1933. Mais surtout, c’est le nom du cabaret de Radhouane El Meddeb et de ses acolytes, qu’il révèle pour la première fois au Manège de Reims, scène nationale particulièrement attachée à ce genre. Ce chorégraphe qui a fait ses armes à Tunis déploie depuis le milieu des années 2000 des spectacles poétique, à la frontière entre danse et théâtre. Dans Le Cabaret de la rose blanche, c’est le chant, la musique et les interactions avec le public qui priment, pour parler d’exil avec joie et émotion.
Un pianiste, une chanteuse et cinq danseurs, dont le chorégraphe occupent la scène, dans un écrin de strass et paillettes modeste. Vêtus de lamé doré et d’épaulettes à frange blanche, ils interprètent une série de tubes du répertoire tunisien, égyptien et italien, chanté avec puissance et grâce par Lobna Noomene. Elle scintille, enroulée dans une grande cape à sequin dorée, qui cache une longue robe de la même facture. L’ossature de ce cabaret est ce concert qui célèbre l’exil et la chaleur de la nostalgie du pays, on y croise notamment Salma Ya Salama, chanson des égyptiens exilés, reprise notamment par Dalida ou Lettre à France de Polnareff, qui prend ici une autre ampleur.
Comme au cabaret, Radhouane El Meddeb et ses comparses recréent un espace de liberté et de convivialité où le quatrième mur est totalement explosé. En témoignent les nombreuses adresses du public, dont une partie est assis sur des tables façon dîner-spectacle. Comme au cabaret, des fragilités apparaissent, dans les prises de parole hésitantes, dans l’enchaînement des parties où subsistent des moments de flottement. La danse y est presque anecdotique, réduite à ornementer les différents titres. Toutefois, la spontanéité de cette sympathique équipe agit comme un liant, pour faire spectacle. Mais ce naturel semble est un peu forcé. Comme si ce cabaret existait dans une interstice entre deux formes spectaculaires… Celles qui sont prêtes à regarder, façonnées par des semaines de répétitions dans les théâtres. Celles qui se construisent grâce à la relations avec le public et se façonnent par les interactions. Peut-être ce jeune cabaret a-t-il besoin d’être encore éprouvé pour briller de mille feux ?
Belinda Mathieu – www.sceneweb. fr
Le Cabaret de La Rose Blanche
Conception et chorégraphie : Radhouane El Meddeb
Création musicale : Selim Arjoun
Aide à l’écriture et dramaturgie: Marianne Catzaras
Interprètes danse, chant et musique : Selim Arjoun, Radhouane El Meddeb, Philippe Lebhar, Guillaume Marie, Lobna Noomene, Sofiane Saadaoui
Collaboration artistique : Philippe Lebhar
Création costumes : Sari Brunel
Création lumières : Manuel Desfeux
Production, diffusion : Nicolas GillesProduction : La Compagnie de SOI
Coproduction : Le Manège Scène nationale de Reims / Pôle Sud, CDCN de Strasbourg / Pavillon Noir, CCN d’Aix-en-Provence, Ballet Prejlocaj / Théâtre Molière Sète, Scène Nationale / Atelier de Paris, CDCN /
Accueil studio : Pôle Sud, CDCN de Strasbourg / Institut Français de Tunis / Pavillon Noir, CCN d’Aix-en-Provence, Ballet Prejlocaj / La Briqueterie, CDCN du Val-de-Marne / La Ménagerie de Verre, Paris / Atelier de Paris, CDCN / Le Manège Scène nationale de Reims
Avec le Soutien de l’Institut Français de Tunis, DRAC Ile-de-France, Ville de Paris.Durée 1h15
Création le 3 février 2024
Le Manège Scène nationale, Reims dans le cadre du festival FARaway15 et 16 mai 2024
Pôle Sud, CDCN de Strasbourg31 mai 2024
Festival June Events, Atelier de Paris, CDCN
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