Par une nuit d’hiver, en pleine montagne, ça toque à la porte ! Entre, sans qu’on l’y invite, un grand gaillard au sourire fêlé et à la parole douce, tout étonné lui-même d’être parmi des humains. « Est-ce ici le bout de la route ? », il demande, ainsi qu’un peu de repos pour la nuit, et de l’ouvrage pour demain. Rosine, la patronne, le dévisage en silence : la faucheuse lui a ravi coup sur coup son mari et son aînée. Depuis, sa belle-mère vit cloîtrée dans le noir de sa chambre, piaulant sa douleur toute la sainte journée. Sa cadette, Mina, est bien fiancée à l’Albert, qui est brave berger, mais sera-t-il de taille pour tenir la ferme ? Alors, contre toute attente, la rêche Rosine accueille l’étranger, et lui promet du labeur jusqu’à plus soif. Voilà comment Jean fit halte parmi les vivants… Ce n’est pas que Jean travaille : il se saoule de travail. Du matin au soir, il remue la terre, bat le blé, pétrit le pain, soigne les bêtes, coupe du bois ou monte des murs comme s’il voulait se dissoudre dans l’effort et la sueur. Au village, il a tôt fait d’être aimé de tous, jeunes et vieux, car Jean sait pour chacun, d’un grand rire ou d’un mot juste, délester les cœurs et redonner espoir. À son côté, on se sent comme revivre : même la grand’mère est sortie de sa retraite endeuillée pour venir lui parler ! Mais pourquoi Jean reste-il si solitaire ? On dit qu’il parle tout haut parfois, la nuit, des heures à converser avec une femme imaginaire – sa propre femme, justement, d’après certains, celle qu’il a fuie en apprenant qu’elle le trompait avec un autre homme… Enfin arrive le printemps si longtemps désiré, et la nature est éclaboussante de vitalité. Mina, elle, s’étiole, consumée par son amour pour Jean qu’elle cache de moins en moins, que chacun sait au village, sauf l’intéressé qui ne voit rien… Albert a renoncé, Rosine a alerté Jean, Mina a ravalé toute pudeur pour se déclarer, mais rien n’y fait : quand Jean réalise enfin la situation, il attrape son baluchon et reprend la route en s’excusant : avec sa femme, il ne fait plus partie du monde des vivants…
Le Bout de la route
Jean Giono
mise en scène François Rancillac
scénographie Jacques Mollon
costumes Ouria Dahmani-Khouhli
lumière Cyrille Chabert
son Daniel Cerisier et Fabrice Drevet
avec
Éric Challier Jean
Charlotte Duran Mariette
Jean-Pierre Laurent Barnabé
Tommy Luminet Albert
Anita Plessner La Grand-mère
Tiphaine Rabaud-Fournier Mina
Emmanuèle Stochl Rosine
coproduction
La Comédie de Saint-Étienne – Centre dramatique national / Théâtre de l’Aquarium – Paris /
Le Fanal – Scène nationale de Saint-Nazaire
La tournée
du 13 au 23 janvier 2010 au Théâtre Jean Dasté – La Comédie de Saint-Étienne
du 28 janvier au 28 février 2010 au Théâtre de l’Aquarium – Paris
3 mars 2010 Moulin du Roc – Scène nationale de Niort
9 mars 2010 Théâtre Firmin Gémier – Antony
11 mai 2010 Maison de La Culture – Clermont-Ferrand (dans le cadre des Escales Clermontoises)
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