Portées par le Boston Ballet Pas/Parts 2018 et Playlist (EP) deux pièces du chorégraphe américain ont enchanté le public parisien du Théâtre des Champs-Elysées.
Il y a un paradoxe Forsythe propre aux Etats-Unis. On semble Outre Atlantique ne pas savoir que faire du génie encombrant du chorégraphe. Ainsi il aura fallu l’invitation du Boston Ballet dirigé par Mikko Nissinen pour que William Forsythe revienne créer sur sa terre natale. La dernière fois c’était en… 1992. L’Europe n’a pas à s’en plaindre, notamment la France, qui a vu Forsythe version Ballet de Francfort puis Bill version Forsythe Company. Au répertoire du Ballet de l’Opéra de Paris, de celui de Lyon ou depuis peu de l’English National Ballet il y a toujours une œuvre du maître à l’affiche par ici. La carrière américaine de William Forsythe est en pointillé donc. La « faute » à une presse puissante regardant de haut ce talent iconoclaste ou aux programmateurs frileux, qui sait ?
Avec la compagnie de Boston l’affaire est sérieuse. Une collaboration sur plusieurs saisons. Ce programme de tournée commence par Pas/Parts 2018 relecture de la chorégraphie créée pour le Ballet de l’Opéra de Paris en 1999. A première vue rien ne semble avoir changé. On retrouve la partition de Thom Wiillems ou les alternances de solos, duos et trios. Forsythe prend le langage académique comme point de départ et en explore les possibilités virtuoses. Pointes acérées, pas de trois au bord de l’implosion, courses cadencées l’œil ne sait plus trop où se porter. Ce Pas/Parts 2018 donne néanmoins dans le sur-mesure, Forsythe ayant retravaillé en fonction des morphologies des danseurs du Boston ballet. Sans une Gillot ou un Le Riche en scène comme dans les années 2000 au Palais Garnier, le créateur accentue la joie simple du mouvement confrontée à la profusion de l’exercice de style. Du grand art.
Playlist (EP) création de saison est un « crowd-pleaser ». Ici la séduction est immédiate avec des lignes de solistes sortis d’un musical et des chansons pop. Les jupettes volent au vent, les t-shirts sont floqués des prénoms des garçons. Une Amérique insouciante que Forsythe prend plaisir à convoquer. Ce dernier a une sincère admiration pour la culture populaire lui qui signa une comédie musical barrée Isabelle’s Dance. Les ensembles sont un rien confus comme si tout cela n’était pas vraiment sérieux. Au cha cha cha de Willems dans Pas/Parts 2018 répond le Sha la la means i love you de Barry White. Patrick Yocum ou le jeune espoir Daniel Randall Durett font des étincelles. Et la salle du TCE de swinguer.
Entre les deux ballets de Bill Forsythe le public aura apprécié Wings of Wax de Jiri Kylian. Le genre de « confrontation » dansée inédite. Pourtant les bases des deux chorégraphes ne sont pas si éloignées. La danse de Kylian tire vers une certaine théâtralité au final, ce que Forsythe évite le plus souvent. La saison Forsythe ne fait que commencer : A Quiet Evening of Dance, un sommet, fera les beaux soirs de Montpellier Danse en juin puis du Festival d’automne. Enfin Blake Works I sera repris en septembre à Garnier. Trop de Forsythe ? Vous plaisantez.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Wings of Wax
Jiří Kylián chorégraphie
Biber, Cage, Glass, Bach musique
Joke Visser costumes
Michael Simon décors et création lumières
Kees Tjebbes adaptation des lumières
Créé le 23 janvier 1997 par le Nederlands Dans TheaterPas/Parts 2018
William Forsythe chorégraphie
Thom Willems. musique
William Forsythe décors et lumières
Stephen Galloway costumes
Créé le 31 mars 1999 par le Ballet de l’Opéra de Paris, version 2018 créée par le Boston Ballet le 9 mars 2019Playlist (EP) – Première française, création 2019
William Forsythe chorégraphie
Créé le 7 mars 2019 par le Boston BalletCoréalisation Productions Internationales Albert Sarfati / Théâtre des Champs-Elysées
Théâtre des Champs-Elysées
Du 9 au 11 avril 2019
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