Molière était gay ou bi. C’est l’affirmation documentée de l’auteur Jean-Marie Besset qui s’appuie sur de nombreux textes qui confirment sa liaison avec le jeune comédien Baron. Mais ce libertinage littéraire manque cruellement de saveur sur scène.
Ce n’est pas la première fois que Jean-Marie Besset s’empare de la passion qu’entretenait Molière pour le jeune comédien Michel Baron. En 2002 il a déjà écrit « Baron » créé au Théâtre Tristan Bernard qui mettait en scène un homme obsédé par le triangle amoureux que formaient Molière, sa femme Armande Béjart et le jeune comédien Michel Baron. Dans cette nouvelle pièce Molière a 48 ans et Baron 17 ans. Jean-Marie Besset s’est passionné pour cette histoire depuis la lecture d’un article de notre confrère Michel Cournot il y a de nombreuses années. De fil en aiguille il a enquêté et s’est documenté sur le sujet. Il s’est rendu compte que non seulement Molière, mais aussi ses proches entretenaient des relations homosexuelles. Dans Le Banquet d’Auteuil il fait revivre 24 heures dans la demeure de Molière avec Lully, Claude-Emmanuel Luillier, dit Chapelle, Jonzac… La liaison entre Molière et Baron a été notamment révélée par Jean-Léonor Le Gallois de Grimarest (1659-1713) dans son ouvrage Vie de M. de Molière où il évoque ce fameux Banquet à Auteuil où tous les protagonistes ivres se jettent à l’eau à l’aube. La pièce de Jean-Marie Besset est donc fortement bien documentée. Elle est agrémentée de nombreux fantasmes et de quelques fantômes puisque le romancier Savinien de Cyrano de Bergerac (mort en 1655) apparaît tel le Commandeur au beau milieu du banquet.
Malgré cette richesse historique le spectacle n’a pas la saveur satirique que l’on attendait. Cette amourette très fleur bleue frise la mièvrerie. Les invités du banquet sont de grandes folles fardées et poudrées aux mains baladeuses qui semblent choquées par leur libertinage. Cela se veut à la fois trash et raffiné mais cela manque considérablement de piment malgré le strip-tease de trois comédiens. On s’est copieusement ennuyé.
Il n’y a pas de direction d’acteurs. C’est mou et sans rythme. Aucun comédien ne parvient à faire vibrer son personnage dans une mise en scène très peu convaincante. La seule belle image du spectacle est la scène du banquet lorsque les convives sont rassemblés autour de la table. Au petit matin on assiste aux prémices de l’écriture des Fourberies de Scapin avant le départ de Baron. Molière reste seul et désespéré dans sa demeure. Il y a longtemps que l’on avait quitté le spectacle.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Le banquet d’Auteuil
Amour, art, sexe, argent / Entre grands hommes et jeunes gens / En 1970, au printemps
de Jean-Marie Besset
un spectacle en chantier de
Gilbert Désveaux et Régis de Martrin-Donos
Avec
Jean-Baptiste Marcenac Molière
Hervé Lassïnce Chapelle
Félix Beaupérin Baron
Dominique Ratonnat Dassoucy
Antoine Baillet Pierrotin
Frédéric Quiring Lully
Quentin Moriot Osman
Roman Girelli Jonsac
Grégory Cartelier Nantouillet
Alain Marcel Cyrano
production
Théâtre des 13 vents CDN Languedoc-Roussillon Montpellier
durée : 1h55
Vingtième Théâtre
du 3 Septembre au 25 Octobre 2015
du jeudi au samedi à 21h30 dimanche à 17h30
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