Créée au Wiener Festwochen en mai, la nouvelle création de Christoph Marthaler est l’un des premiers évènements du Festival d’Automne à Paris. Le spectacle nous plonge au cœur des racines du nazisme et de l’antisémitisme. La résonance avec des faits d’actualité et la polémique actuelle sur les Roms est saisissante.
A Vienne, Christoph Marthaler avait utilisé la salle du Parlement d’Autriche-Hongrie comme lieu de décor. A Paris, c’est la grande salle du Théâtre de la Ville qui sert de décor. Les spectateurs sont donc assis sur la scène dans un gradin. Dans cette salle plénière d’un Parlement, des femmes de ménage préparent la prochaine audience. Les députés s’installent, certains dorment, d’autres sont avachis dans leur fauteuil, tandis que les autres s’invectivent. Une scène classique d’un Parlement ordinaire. Mais les discours qui vont fuser dans cette enceinte vont vite devenir glaçant. Christoph Marthaler et Stéfanie Carp ont mixé des textes prononcés par des politiques avec des textes fictifs. On entend ainsi les discours du maire de Vienne, Karl Lueger, avant la Première Guerre Mondiale ou ceux plus récent de l’actuel Président Hongrois Viktor Orbàn. « Ce sont les pauvres qui viennent vivre chez nous » Un siècle est passé et les idées racistes et antisémites n’ont pas été balayées en Europe. Le spectacle nous renvoie aussi à notre propre actualité avec la montée de la droite nationale de Marine Le Pen et le débat sur la place des Roms en France. Les Roms, les arabes, la peur, Christoph Marthaler montre que l’histoire se répète.
Le spectacle est entrecoupé d’œuvres musicales composées par des musiciens juifs morts en déportation. On leur a permis de jouer dans les camps de concentration leur musique avant de les exécuter. La dernière partie de la pièce leur est consacrée avec un concert de quarante-cinq minutes. Il est certes un peu long mais permet de décompresser après les horreurs entendues pendant plus d’une heure.
Chez Marthaler le rire est souvent grinçant. Ici le rire est souvent absent. C’est plus le recueillement qui domine. Alors quand les comédiens reviennent pendant le concert, vêtus de costumes clairs, on voit en eux les cadavres des camps de concentration. A la fin ils se lèvent et en procession montent au dernier niveau de la salle en chantant. Leur chant vient mourir dans un dernier écho. Celui de la Shoah.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Letzte Tage. Ein Vorabend
(Derniers Jours. Une veillée)
Mise en scène et direction musical Christoph Marthaler
Direction musicale, Uli Fussenegger
Scénographie, Duri Bischoff
Costumes, Sarah Schittek
Lumière, Phoenix (Andreas Hofer)
Assistant à la mise en scène, Gerhard Alt
Dramaturgie, Stefanie Carp
Avec Tora Augestad, Carina Braunschmidt,
Bendix Dethleffsen, Silvia Fenz, Ueli Jäggi, Katja Kolm,
Josef Ostendorf, Clemens Sienknecht,
Bettina Stucky, Michael von der Heide
Musiciens, Uli Fussenegger (contrebasse),
Hsin-Huei Huang (piano, orgue à anches),
Michele Marelli (clarinette, cor de basset),
Julia Purgina (alto), Sophie Schafleitner (violon),
Martin Veszelovicz (accordéon)
Musique, Pavel Haas, Ernest Bloch, Rudolf Karel, Józef Koffler, Pjotr Leschenko, Emil František Burian, Charles Loubé/Erich Meder, Erwin Schulhoff, Alexandre Tansman, Viktor Ullmann, Bernhard Lang, Erich Wolfgang Korngold, Uli Fussenegger et d’autres
Production Wiener Festwochen
Coproduction Staatsoper Unter den Linden (Berlin)
Théâtre de la Ville-Paris ; Festival d’Automne à Paris
Coréalisation Théâtre de la Ville-Paris ; Festival d’Automne à Paris
Avec le soutien de Ernst von Siemens Musikstiftung
Spectacle créé le 17 mai 2013 au Wiener Festwochen
Durée: 2h15
FESTIVAL D’AUTOMNE à PARIS
Mercredi 25 septembre au mercredi 2 octobre 2013, 20h30
relâche dimanche
spectacle en allemand surtitré en français
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