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Le Père : Julien Gosselin, la radicalité pour intimité

À la une, A voir, Les critiques, Strasbourg, Théâtre

Photo Simon Gosselin

Dans une veine intimiste, avec Laurent Sauvage pour clef de voûte, ce projet, moins ambitieux que les créations plus récentes de Julien Gosselin, exploite toute la poétique de L’Homme incertain de Stéphanie Chaillou.

« Pourquoi as-tu échoué ? » La question est toujours rude à entendre. Elle l’est encore davantage quand elle sort de la bouche d’enfants, bien décidés à interroger leur père, des années après, sur les raisons de sa chute. Pour expliquer la faillite de la ferme qu’il détenait, « L’Homme incertain » de Stéphanie Chaillou s’attarde d’abord sur les causes tangibles, matérielles. Il pointe du doigt la politique agricole commune qui l’a envoyé dans le mur, se range du côté de ceux qui, dans la foulée d’Henri Mendras, ont théorisé « la fin des paysans », mais l’homme se rend rapidement compte que son mal-être est plus profond et la source moins palpable, qu’elle touche à l’intimité de ceux qui ont vu leur monde s’effondrer et ses promesses, avec lui, se dissiper.

Cette quête du retour sur soi n’a, à première vue, pas grand-chose à voir avec les textes dont Julien Gosselin s’empare habituellement. Avec « Les Particules élémentaires », « 2666 », « Joueurs, Mao II, Les Noms » et, dans une moindre mesure, « 1993 », le metteur en scène avait habitué son public aux spectacles-fleuves, tirés de romans-monde, capables de renverser la table théâtrale. Créé en 2015, mais jusqu’ici très peu représenté, « Le Père » appartient à une autre veine, celle du théâtre de l’intime, que Julien Gosselin avait déjà exploitée avec « Je ne vous ai jamais aimés », conçu à partir d’un texte de Pascal Bouaziz.

Moins ambitieux, ce projet n’en revient pas moins aux fondements de la radicalité scénique du metteur en scène, capable de créer une expérience théâtrale qui repousse les frontières ce qu’il est convenu d’appeler un spectacle. La lumière aux néons y est crue, la musique assourdissante, le rapport au texte frontal, qu’il soit prononcé dans l’obscurité la plus totale ou projeté sur un écran en fond de scène. Avec un degré de sophistication moindre que ses créations plus récentes, et un aspect « révolutionnaire » qui s’est sans doute un peu émoussé en trois ans, Julien Gosselin parvient, malgré tout, à réussir son entreprise de déstabilisation.

Face à ce déferlement scénographique, qui s’apaise dans l’ultime partie du spectacle, il fallait bien toute la solidité de Laurent Sauvage pour tenir fermement la barre. Seul en scène, le comédien fétiche de Stanislas Nordey déploie un jeu terrien, dans un style tellement naturel que sa présence confine à l’évidence. Les deux pieds dans l’herbe fumante, tel un boxeur sur un ring, il entraîne ce père dans un combat contre lui-même, contre ses idées sombres qui, parfois, l’invitent au suicide, contre ces racontars malveillants qui font de lui un raté, mais aussi pour entretenir le souvenir d’une époque où tout lui semblait si facile, si solaire. Un temps béni d’avant les ténèbres que seules la parole et la résilience peuvent permettre d’espérer, un jour, retrouver.

Vincent BOUQUET – www.sceneweb.fr

Le Père
Adaptation, scénographie et mise en scène Julien Gosselin

D’après L’Homme incertain de Stéphanie Chaillou

Avec Laurent Sauvage

Création lumières Nicolas Joubert
Création vidéo Pierre Martin
Création musicale Guillaume Bachelé
Création sonore Julien Feryn

Production Si vous pouviez lécher mon cœur

Coproduction TNT — Théâtre national de Toulouse, la Comédie de Béthune, Théâtre d’Arles

Coréalisation MC93 — Maison de la Culture de Seine-Saint-Denis, Festival d’Automne à Paris

Avec le soutien de Montévidéo — Marseille.

Spectacle créé le 7 novembre 2015 au TNT — Théâtre national de Toulouse.

Texte publié aux Éditions Alma.

Durée : 1h

Théâtre National de Strasbourg
7 oct au 15 oct 2020

8 octobre 2020/par Vincent Bouquet
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