Sceneweb
  • À la une
  • Actu
  • Critiques
    • Coup de coeur
    • A voir
    • Moyen
    • Décevant
  • Interviews
  • Portraits
  • Disciplines
    • Théâtre
    • Danse
    • Opéra
    • Cirque
    • Jeune public
    • Théâtre musical
    • Marionnettes
    • Arts de la rue
    • Humour
  • Festivals
    • Tous les festivals
    • Festival d’Avignon
    • Notre Best OFF
  • Rechercher
  • Menu Menu

Les cadavres venimeux de Chloé Dabert

À la une, A voir, Les critiques, Saint-Denis, Théâtre

Photo François Passerini

Au Théâtre Gérard Philipe, la metteuse en scène s’empare de la pièce multi-primée de Laura Wade, Des cadavres qui respirent. Entourée par les jeunes comédiens de l’AtelierCité, elle parvient à en révéler l’intrigante étrangeté.

Chloé Dabert aime les grands écarts et naviguer dans l’histoire théâtrale. Après s’être penchée sur la pièce crépusculaire de Jean-Luc Lagarce, J’étais dans ma maison et j’attendais que la pluie vienne, au Vieux-Colombier, et s’être heurtée à l’Iphigénie de Racine – l’une des grandes déceptions du Festival d’Avignon 2018 –, la nouvelle directrice de la Comédie de Reims a regagné le territoire contemporain, voire ultra-contemporain avec Des cadavres qui respirent. Multi-primée depuis sa création au Royal Court Theatre de Londres, en 2005, la pièce de Laura Wade n’avait, jusqu’ici, jamais été montée en France. C’est désormais chose faite, de la plus intrigante des manières.

La dynamique macabre commence dans une chambre d’hôtel. Alors qu’elle vient nettoyer les lieux, Emma découvre le cadavre d’un homme, qui s’est suicidé par overdose médicamenteuse. Mi-catastrophée, mi-fascinée, la jeune femme décide d’assouvir sa curiosité. Elle fouille dans les affaires du défunt et trouve son prénom, Jim, grâce à une lettre qu’il a adressée à sa femme, Elaine. Des raisons de son geste, on ne connaît rien, jusqu’à ce que l’homme, pris dans une rétroaction temporelle, se relève, et inaugure la ronde des Cadavres qui respirent. Car, dans son entreprise de garde-meubles, Jim a, lui aussi, avant de mettre fin à ses jours, fait une macabre découverte.

Construite selon une dramaturgie fragmentaire, la pièce de Laura Wade a quelque chose d’intensément venimeux. Au long des cinq tranches de vie exposées, elle ne se livre que par à-coups, par petites touches qui, au fur et à mesure, en dévoilent le mystère et l’intérêt. Sa recherche du faux circulaire – tant la chronologie paraît incongrue – agit comme un poison lent, distillé au compte-gouttes. La ficelle est efficace pour aiguiser la curiosité, mais aussi provoquer un certain effroi. En eux, les personnages ont tous quelque chose de fêlé, de brisé. Chacun cherche désespérément le bonheur, mais tous sont loin de l’avoir trouvé. Tout juste peut-on percevoir que les différents couples, où l’amour semble désintégré, vont à vau-l’eau. Les non-dits laissent alors la place à toutes les supputations possibles, que la dramaturge anglaise ménage allègrement.

Portée à la scène, la pièce aurait pu tendre à la délectation morbide. Il n’en est rien. Chloé Dabert a su garder le rythme vif de l’écriture de Laura Wade. Les répliques fusent, autant que les lieux évoluent, selon un tempo attaché à chaque personnage. La scénographie est représentative de l’astuce de la metteuse en scène. Les boîtes blanches présentes en fond de scène fonctionnent comme des pochettes-surprises. Des éléments de décor et des comédiens en sortent, quand d’autres restent irrémédiablement fermées, et pourraient receler de nouveaux cadavres, cachés dans le placard. Surtout, alors que le fond de l’air, soutenu par la musique sourde de Géraldine Belin, est lourd, Chloé Dabert impose aux jeunes comédiens de l’AtelierCité une direction à la limite du décalé, qui plonge l’ensemble dans une dynamique encore plus étrange, voire comique. Tous ne sont pas aussi à l’aise les uns que les autres, leur jeu révélant parfois quelques fragilités, mais certains se détachent à l’image de Sélène Assaf, Thomas Bellein et Thibault Prigent, capables de faire respirer à pleins poumons ces curieux cadavres.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Des cadavres qui respirent
de Laura Wade

Traduction Blandine Pélissier et Kelly Rivière
Mise en scène Chloé Dabert
Avec les comédien.ne.s de l’AtelierCité 2018-19 Sélène Assaf, Thomas Bellein, Maud Gripon, Adrien Guitton, Thibaut Prigent, Simon Ribet, Mélissa Zehner
Son Géraldine Belin
Création lumières Michel Le Borgne
Collaboration artistique Marie La Rocca
Assistanat à la mise en scène Caroline Chausson
Réalisation des costumes Ateliers du ThéâtredelaCité sous la direction de Nathalie Trouvé
Réalisation du décor Ateliers du ThéâtredelaCité sous la direction de Claude Gaillard

Production ThéâtredelaCité – CDN Toulouse Occitanie

Durée : 1h10

Théâtre Gérard Philipe, Saint-Denis
du 9 au 13 octobre 2019

10 octobre 2019/par Vincent Bouquet
Partager cette publication
  • Partager sur Facebook
  • Partager sur X
  • Partager sur WhatsApp
  • Partager sur LinkedIn
  • Partager par Mail
  • Lien vers Instagram
Vous aimerez peut-être aussi
Victor TonelliChloé Dabert renoue avec Dennis Kelly
Chloé Dabert: l’amour des textes et des acteurs
Galin Stoev met en scène La Double Inconstance de Marivaux au Théâtre de la Porte Saint-Martin La Double Inconstance, le laboratoire des faux-semblants de Galin Stoev
Festival d’Avignon 2021 : une 75e édition pour « se souvenir de l’avenir »
Lola Lafon dans Le Mur Invisible de Marlen Haushofer mise en scène Chloé Dabert au Festival d'Avignon Lola Lafon face au Mur invisible de Marlen Haushofer
La saison 2019/2020 du Rond-Point
Chloé Dabert monte Le Firmament de Lucy Kirkwood au Centquatre-Paris « Le Firmament » : les treize femmes puissantes de Chloé Dabert
Iphigénie : Chloé Dabert se noie dans les flots raciniens
0 réponses

Laisser un commentaire

Rejoindre la discussion?
N’hésitez pas à contribuer !

Laisser un commentaire Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Dans le moteur de recherche, plus de 22 000 spectacles référencés

© Sceneweb | Création site et Maintenance par Limbus Studio
  • L’actualité du spectacle vivant
  • Qui sommes-nous ?
  • Newsletter
  • Politique de confidentialité
  • Signaler un abus
  • Contact
  • Politique de cookies (UE)
Faire défiler vers le haut