Du dramaturge italien Eduardo De Filippo on connaît surtout La Grande Magie. Patrick Pineau met en scène L’art de la Comédie, une farce politique et sociale truculente avec une troupe de comédiens tous excellents ! Un vrai bonheur.
Nous sommes dans l’Italie des années 60. Mais Patrick Pineau et Sylvie Orcier – qui signe la scénographie – ont choisi un lieu neutre pour placer l’action de la pièce. Dans cet espace froid et austère, surmonté d’une coursive, son excellence De Caro (Fabien Orcier) prend ses fonctions de Préfet. Avec son secrétaire (Christophe Vandevelde) il s’apprête à recevoir les notables de la ville. Mais un intrus s’invite. Oreste Campese (Mohamed Rouabhi) comédien et directeur de troupe. Il vient quémander le droit de continuer à occuper la théâtre municipal.
Le spectacle débute par le monologue d’Oreste Campese. Un très beau plaidoyer sur le théâtre, sur « cet art si particulier« . Il critique les mises en scènes réalistes qui « viennent combler l’imaginaire des spectateurs« . « La parole de l’auteur suffit » dit-il. Puis lorsque le Préfet prend possession de ses appartements, Oreste vient toquer à la porte au petit matin. Il sait qu’il ne fait pas partie des notables. Les deux personnages se lancent dans un dialogue exquis à fleuret moucheté sur le rôle de l’artiste dans la société. L’art est une arme de divertissement pour le Préfet qui s’inquiète de la propagande que peuvent proférer les comédiens tout en relevant que « L’État a garanti la dignité de l’acteur ».
A la suite d’une erreur du secrétaire du Préfet, Oreste Campese repart avec la liste des notables attendus par son excellence De Caro. Ils se succèdent. Sont-ils les vrais ou sont-ils des comédiens de la troupe d’Oreste Campese ? Là réside toute la saveur de la deuxième partie du spectacle. De drôles de personnages racontent leurs malheurs et leurs histoires totalement incompréhensibles. Il y a le curé angoissé qui jette à terre ses sachets de marrons (truculent Marc Jeancourt), un médecin qui perd la boule (Manuel Le Lièvre), un pharmacien qui se suicide (Nicolas Bonnefoy) et une institutrice hystérique (Sylvie Orcier). Les numéros de ces comédiens sont époustouflants. C’est grinçant et surréaliste. Eduardo De Filippo laisse planer le doute sur la véritable identité des notables. C’est toute la magie du théâtre, l’art de la comédie !
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.
L’art de la comédie
Texte Eduardo de Filippo
Traduction Huguette Hatem
Mise en scène Patrick Pineau
Dramaturgie Daniel Loayza
Lumières Christian Pinaud
Son et musiques Nicolas Daussy
Costumes Brigitte Tribouilloy
Vidéo Eric Perroys
Avec
Nicolas Bonnefoy Pharmacien/Planton/Homme de la montagne
Marc Jeancourt Le Curé
Aline Le Berre Palmira
Manuel Le Lièvre Le docteur
Fabien Orcier Le Préfet
Sylvie Orcier L’institutrice
Mohamed Rouabhi Homme de troupe
Christophe Vandevelde Secrétaire du préfet
Production Théâtre-Sénart, Scène nationale
Coproduction Compagnie Pipo, Le grand T – Théâtre de Loire-Atlantique / Théâtre Dijon Bourgogne, Centre dramatique national / MC2: Grenoble / Théâtre Firmin Gémier/La Piscine, Antony et Châtenay-Malabry / Théâtre-Sénart, Scène nationale
Durée: 1h5028 › 30 janv 2016 Théâtre Sénart, Scène Nationale
2 › 7 fév 2016 Théâtre Firmin Gémier/La Piscine, Antony et Châtenay-Malabry
10 › 18 fév 2016 Théâtre 71, Scène Nationale – Malakoff
26 fév 2016 Théâtre de l’Arsenal – Val-de-Reuil
1er › 5 mars 2016 Théâtre Dijon Bourgogne, Centre dramatique national
8 mars 2016 Le Salmanazar – Épernay
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