Il triomphe depuis 2008 avec ce spectacle. Alain Maçé continue d’incarner avec brio cet homme qui nous raconte son retour à la vie et sa redécouverte des sens. Ce texte est une commande de Roland Fichet. Le metteur en scène avait demandé à Jean-Luc Lagarce d’écrire un texte sur la naissance. C’est un écrit de renaissance qu’il livre. Sous sa plume de Jean-Luc Lagarce, l’hôpital devient le lieu d’une féroce comédie humaine. Sylvain Maurice, le directeur du Nouveau Théâtre de Besançon avait créé le spectacle il y a cinq ans, et continue de le faire évoluer avec Alain Macé.
Interview de Sylvain Maurice
Scèneweb: Comment expliquer le succès du spectacle ?
Sylvain Maurice: Ce spectacle existe depuis cinq ans, au départ c’était un chantier au Nouveau Théâtre de Besançon. Il y a plusieurs facteurs qui ont concouru à la réussite du spectacle. Il y a d’abord l’actualité autour de Jean-Luc Lagarce ces dernières années. Et puis une rencontre avec Alain Macé qui interprète le rôle. Il est venu me trouver. Jean-Luc Lagarce avait d’ailleurs déjà travaillé avec Alain Macé à Besançon.
Scèneweb: Quel souvenir avez-vous de JL Lagarce ?
Sylvain Maurice: J’ai vu quelque uns de ses spectacles, je me souviens notamment du « Malade Imaginaire ». Je l‘ai donc croisé, sans jamais l’aborder. L’image que je retiens de lui, c’est d’abord son apparence : un homme de grande taille dans des tenues plutôt trash, avec des rangers ! Un peu underground. C’est aussi pour cela que l’on entend Marlène Dietrich dans le spectacle.
Scèneweb: Est-ce que le spectacle a évolué en cinq ans ?
Sylvain Maurice: Oui, naturellement. A la création on était plus dans un spectacle expressionniste, aujourd’hui avec Alain on va plus vers l’épure, c’est plus simple. La langue dépouillée de Jean-Luc Lagarce se suffit à elle-même. Et puis le dispositif scénique s’est allégé. A la création à Besançon, il y avait beaucoup d’éclairages. Aujourd’hui, il y a 5, 6 projecteurs.
Scèneweb: Pourquoi ce texte de Jean-Luc Lagarce vous touche toujours autant ?
Sylvain Maurice: C’est un texte qui nous fait se raccrocher à la vie. Il est ironique. Quand on lit « L’apprentissage » et quand on connaît le destin de Jean-Luc Lagarce on est saisi par sa force. Et il y a aussi beaucoup de distance. Il parle de chose que l’on connaît, comme la déshumanisation de milieu hospitalier. Chacun peut s’identifier à ce texte, il est universel, même si l’on sait qu’il parle du SIDA.
Extrait du texte. « Il y a plusieurs jours déjà que je suis là – plus tard, on me raconte – il y a plusieurs jours déjà que je suis là lorsque j’ouvre les yeux. J’ouvre les yeux. Ou plusieurs jours encore que j’ouvre déjà les yeux avant même que je ne le sache, plusieurs jours après que j’ouvre les yeux et le premier jour où je m’en aperçois. J’ouvre les yeux. Plusieurs fois, et peut-être y a-t-il encore quelques jours entre chaque mouvement, plusieurs fois, je les ouvre et je les referme. Ce peut être plusieurs semaines et j’aurais ouvert quelques fois à peine les yeux, deux ou trois fois les yeux ou une semaine encore, juste une semaine, une seule semaine, je ne sais pas, j’ouvre les yeux, à peine, puis je les referme. On me raconte, c’est quelque temps plus tard, on me raconte mais je ne me souviens pas exactement, je ne me souviens pas avec exactitude, c’est trop le début pour que je me souvienne, trop le début, à nouveau, pour que je puisse avec certitude me souvenir. J’ouvrais les yeux (…) »Texte publié aux éditions Les Solitaires intempestifs
http://www.youtube.com/watch?v=1mEXbaLbSqM
L’apprentissage de Jean-Luc Lagarce
Mise en scène de Sylvain Maurice
Production Le Pôle Diffusion en accord avec le Nouveau Théâtre – CDN de Besançon et de Franche-Comté
Avec Alain Macé
Eclairagiste : Xavier Melot
Durée 55 minutes
Du 8 au 31 juillet 2011
20h00
4, rue Buffon – 84000 Avignon
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