Dans « Samo », Laëtitia Guédon multiplie les langages scéniques pour évoquer la jeunesse et les prémices de l’artiste peintre et graffeur américain Jean-Michel Basquiat d’une manière poétique mais trop elliptique.
Créée à la Comédie de Caen, où Laëtitia Guédon est artiste associée, la pièce mêle théâtre, danse, musique, vidéo et parait formellement hétérogène. En se nourrissant du métissage salutaire des arts comme des cultures, elle est à l’image de la ligne artistique qu’entend mener la jeune metteuse en scène sur Les Plateaux sauvages dont elle prend la direction. Ce nouveau lieu culturel installé dans l’ancien Vingtième Théâtre qui fusionne désormais avec le centre d’animation voisin des Amandiers, sera dédié à la création émergente et à la recherche d’écritures et de formes nouvelles.
On n’apprend pas beaucoup de Basquiat dans la psalmodie pêchue mais lapidaire qu’a écrite Koffi Kwahulé. On voit naître le très jeune homme et son milieu underground new-yorkais esquissés par les sons tapageurs et saturés des musicien Blade MC Alimbaye et Nicolas Baudino aux accents rap, jazz et électro, par des images, des lumières, des couleurs, des projections vaporeuses et psychédéliques qui sont autant d’ingrédients sur lesquels se développe une esthétique « free style » prompte à traduire le monde fiévreux de la rue et de la nuit que Basquiat s’est choisi pour royaume.
Peau noire, corps fauve, torse nu et musculeux, jeunesse et vigueur arrogantes, gants de boxe chaussés aux poings, c’est un Basquiat combatif et physiquement dédoublé qui se présente au public sous les traits du danseur Willy Pierre-Joseph et du comédien Yohann Pisiou. Une pile électrique, un électron libre à deux corps, s’élance frontalement, exprime son rêve de gloire, de liberté, de célébrité. Il veut devenir un roi et pose pour première pierre l’inscription taguée SAMO, anagramme de Same old shit. Laëtitia Guédon s’est intéressée aux années d’apprentissage de l’artiste autodidacte, né en 1960 à Brooklyn. Elle pointe l’errance et la recherche, volontaires, déterminées, la manifestation hâtive de la nécessité absolue de dessiner, de fuir les conventions qui éloignent le public de l’art.
Le spectacle profite d’un univers original, inspiré, d’un geste énergique, spontané. Multidisciplinaire, l’objet théâtral l’est assurément ; indiscipliné, pas tout à fait. Basquiat y demeure insaisissable.
Christophe Candoni – www.sceneweb.fr
SAMO (A Tribute To Basquiat)
Un projet de Laëtitia Guédon / Compagnie 0,10
texte Koffi Kwahulé
mise en scène Laëtitia Guédon
composition musicale Blade Mc Alimbaye & Nicolas Baudino
chorégraphie Willy Pierre-Joseph
vidéo Benoît Lahoz
avec Yohann Pisiou, Willy Pierre-Joseph, Blade MC Alimbaye, Nicolas Baudino
production Compagnie 0,10 / coproductions Comédie de Caen – Centre dramatique national de Normandie, Théâtre des Quartiers d’Ivry – Centre dramatique national du Val-de-Marne, La Loge – Paris, Tropiques Atrium – Scène nationale de la Martinique, Théâtre Victor-Hugo – Bagneux / Vallée Sud Grand Paris / avec le soutien du Fonds SACD Théâtre.
Durée : 1hcréation 27 février > 03 mars 2017
Comédie de Caen-CDN
Théâtre des Cordes – 32, rue des Cordes 14000 CaenThéâtre de la Tempête
Du 11 janvier au 02 février 2019
du mardi au samedi à 20h30, le dimanche à 16h30 (le samedi 12 janvier à 18h)
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