Le prélude de La Traviata donne à entendre une pulsation sourde, discrète, comme le rythme secret d’un cœur qui aurait du mal à battre. Ce cœur, c’est peut-être celui de Violetta Valéry. Lorsque le rideau se lève, elle sait qu’elle va mourir, condamnée par la phtisie. Elle a choisi de se perdre dans un tourbillon de fêtes frivoles et de plaisirs sans lendemain. Sa rencontre avec Alfredo, jeune homme idéaliste et amoureux, va la troubler jusqu’à la convaincre de donner une dernière chance à l’amour.
On retrouve dans le portrait de cette courtisane – adaptation de La Dame aux camélias d’Alexandre Dumas fils – tout l’humanisme de Verdi. Également certaines de ses plus déchirantes pages de chant. On a coutume de dire qu’il faudrait plusieurs voix pour chanter Violetta. Parce que la traviata – littéralement, la dévoyée – a plusieurs vies : il y a les feux d’artifices vocaux qui tourbillonnent à l’acte I, il y a la quiétude profonde d’une vie retirée à la campagne à l’acte II, il y a le sacrifice, la maladie, la joie et puis la mort finale…
La Traviata dresse également un portrait au vitriol de son temps : si Violetta place l’amour plus haut que tout, au point de se sacrifier pour sauver l’honneur des Germont, son sacrifice ne rend que plus criant l’hypocrisie et la bassesse de la bourgeoisie matérialiste. C’est que l’époque de La Traviata a vu s’éteindre les révolutions de 1848. La société que décrit Verdi vit désormais sous surveillance, de menus plaisirs et de grandes fêtes tristes… Sans doute le chant de Violetta était-il trop libre et trop brûlant pour ce monde trop étroit : elle devait le payer de sa vie.
Cette Traviata marque la reprise d’une production qui a fait date : la mise en scène de Jean-François Sivadier, créée au Festival international d’art lyrique d’Aix-en-Provence en 2011. Dans cette version, imaginée par un authentique artisan de théâtre et grand amoureux d’opéra, le destin de Violetta semble se confondre avec celui d’une interprète qui brûle sur scène ses derniers feux avant de faire ses adieux inoubliables sous une fine pluie d’or. Ce spectacle est porté par une nouvelle génération d’interprètes qui lui donnent un souffle nouveau.
La Traviata, opéra en quatre parties
Créé au Teatro La Fenice à Venise, le 6 mars 1853
Livret Francesco Maria Piave d’après le roman La Dame aux Camélias d’Alexandre Dumas fils
Musique Giuseppe Verdi
Direction musicale Marta Gardolińska
Orchestre Opéra national de LorraineChef de choeur Guillaume Fauchère
Chœur de l’Opéra national de LorraineAssistanat à la direction musicale William Le Sage
Mise en scène Jean-François Sivadier
Assistanat à la mise en scène Véronique Timsit
Scénographie Alexandre de Dardel
Lumières Philippe Berthomé
Costumes Virginie Gervaise
Maquillages Cécile Kretschmar
Violetta Valéry Enkeleda Kamani
Flora Bervoix Marine Chagnon
Annina Majdouline Zerari
Alfredo Germont Mario Rojas
Giorgio Germont Gëzym Myshketa
Gastone, vicomte de Letorières Grégoire Mour
Baron Douphol Yoann Dubruque
Marquis d’Obigny Jérémie Brocard
Doctor Grenville Jean-Vincent Blot
Comédien Florian Sietzen
Commissionnaire Benjamin Colin
Domestique de Flora Marco Gemini
Giuseppe Ill Ju LeeProduction déléguée de la reprise
Opéra national de Lorraine
Coproduction de la création
Festival International d’Art Lyrique d’Aix-en-Provence, Wiener Staatsoper, Opéra de Dijon et Théâtre de CaenOpéra national de Lorraine
Du 25 juin au 4 juillet 2023En raison du son et lumières estival place Stanislas et afin d’assurer la qualité du spectacle, les représentations de La Traviata initialement prévues à 20h, débuteront à 19h30.
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