Coup de rabot à la Scala. Les cartes blanches consacrées au duo De Mey – Van Dormael et à Aurélien Bory sont réduites. Quatre mois après son ouverture et une inauguration en fanfare, le théâtre La Scala dirigé Frédéric Biessy, se retrouve face à la difficile réalité du marché théâtral parisien, dans un contexte économique compliqué depuis le début de la rentrée de septembre, et un mois de décembre perturbé par les conséquences du conflit des gilets jaunes.
La Scala vient d’annoncer que la carte blanche consacrée en ce moment au duo De Mey – Van Dormael subit des modifications. Officiellement, ce sont juste des « ajustements de calendrier ». La création Amor, solo de Michèle Anne De Mey est reportée à la saison prochaine. La première du deuxième spectacle de la trilogie, Cold Blood qui devait débuter le 4 janvier, est reportée au jeudi 10 janvier. Il est toujours possible de voir le magnifique Kiss & Cry jusqu’au 31 décembre 2018. Et on vous le conseille.
Ces « ajustements » concernent aussi la trilogie qui devait être consacrée à Aurélien Bory à partir de mi-mars. Il devait présenter pour la première fois ensemble ses trois portraits consacrés aux femmes. On ne pourra voir que aSH avec Shantala Shivalingappa du 16 février au 1 mars 2019, spectacle somptueux créé à Montpellier Danse cet été. Plexus avec Kaori Ito (du 5 au 17 mars 2019) et QUESTCEQUETUDEVIENS? avec Stéphanie Fuster (du 19 au 31 mars) sont reportés. Le théâtre cherche actuellement un programme de substitution pour ces trois semaines d’exploitation.
L’ambition de Frédéric Biessy de porter dans un théâtre privé des productions exigeantes venant du théâtre public se heurte à la réalité du marché théâtral à Paris, fortement encombré, et aux habitudes de consommation des spectateurs. Celui du public choisit ses spectacles en début de saison, le plus souvent dans des formules d’abonnements, ce qui garantit une jauge au départ de l’exploitation, celui du privé est plus difficile à capter, plus versatile. On le constate depuis la rentrée de septembre, un peu morose. La situation dans les salles s’est tendue économiquement fin novembre en raison du climat social autour des gilets-jaunes, beaucoup de salles ont eu du mal à remplir. Et cela ne concerne pas uniquement les théâtres touchés par les fermetures les samedis de manifestation comme le Rond-Point. Tout le secteur est touché, à quelques exceptions près, comme les grandes sagas qui prolongent. Dans ce contexte, le projet novateur de La Scala a du mal à trouver sa vitesse de croisière.
Il va falloir donc un peu de temps à Frédéric Biessy pour imposer son nouveau modèle de production, faire du théâtre d’art dans le privé et « mettre à la disposition des artistes des moyens à la hauteur du théâtre public dans une salle privée.» En attendant comme tout entrepreneur, il a besoin de trouver des locomotives, pour remplir la salle, tout en maintenant son exigence artistique. Un joli travail d’équilibriste.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
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