La saison 2018/2019 du Théâtre de la Tempète

Les Enivrés Ivan Viripaev / Clément Poirée
L’écrivain russe contemporain Ivan Viripaev réunit, en une soirée d’ébriété, une galerie de personnages qui nous livrent, au hasard de situations improbables et cocasses, leurs pensées sur l’existence. Mais l’ivresse transfigure, et une fois tombé le masque social, la vraie soif peut enfin se dire, celle d’un amour sans condition… C’est loufoque et pathétique, profondément théâtral par la nature et la qualité des dialogues. L’humanité clame ici son besoin d’absolu. L’œuvre nous place en ce lieu d’exubérance à la fois violent, merveilleux, carnavalesque, où se conjoignent déchéance et sublime.
¦ 14 SEPT. > 21 OCT.

Au plus noir de la nuit André Brink / Nelson-Rafaell Madel
Joseph Malan est un jeune Noir né en plein apartheid ; il grandit à la ferme, découvre le théâtre et va même connaître à Londres un certain succès. De retour au pays natal, il rencontre Jessica, une Blanche avec qui, malgré les interdits, il vit une passion amoureuse. Jusqu’au soir où… Aujourd’hui, dans sa cellule, Joseph convoque les figures marquantes de son destin, se rappelle et s’interroge : quelle fatalité, mais aussi quelle soif de liberté, quelle révolte et quelles illusions l’ont fait plonger au plus noir de la nuit ? ¦ 21 SEPT. > 21 OCT.

Cyrano Edmond Rostand / Lazare Herson-Macarel
Cyrano, « comédie en cinq actes et en vers », offre sur un rythme enlevé une série de péripéties dans les lieux les plus divers : Lazare Herson-Macarel fait le pari d’une épure radicale, refusant à la fois la reconstitution historique et la transposition formelle. Dix acteurs, deux musiciens, quelques éléments mobiles suffisent à la célébration de cette fête de l’intelligence et du verbe, dans un esprit de troupe indispensable à un véritable théâtre populaire. ¦ 15 NOV. > 16 DÉC.

J’ai bien fait ? Pauline Sales
Valentine, enseignante de 42 ans, vient de commettre un acte insensé : confrontée à son frère, un plasticien, à son mari, biologiste moléculaire, à une ancienne élève, elle s’interroge sur sa responsabilité de femme, de mère, d’enseignante, de citoyenne. Pour briser le cercle du conformisme et de l’indifférence, Valentine a pris le risque d’un geste qui, seul peut-être, peut donner sens à sa vie. De même génération que son héroïne, Pauline Sales partage son aspiration au mieux « vivre-aimer-échanger-éduquer », et instille avec tact une distance réjouissante. ¦ 16 NOV. > 16 DÉC.

La Cerisaie Tchekhov / Nicolas Liautard et Magalie Nadaud
Propriété de l’aristocrate Ranevskaia, la Cerisaie est sur le point d’être vendue pour dettes… Lopakhine, riche marchand, se dispose à l’acheter pour ensuite la diviser en lopins constructibles à louer aux estivants. Tchekhov n’a vécu que six mois après la création de la pièce en 1904 : cette œuvre testamentaire signe la disparition d’un ordre et l’émergence d’une ère nouvelle. Mais quel est son mystère ? Le génie de Tchekhov tient à cette alliance constante de gravité et de dérision, d’amertume et de drôlerie. Nous portons tous en nous un domaine oublié. ¦ 10 JANV. > 2 FÉV.

Samo, a tribute to Basquiat Koffi Kwahulé / Laëtitia Guédon
Vibrant hommage à l’artiste plasticien afro-américain Jean-Michel Basquiat, graffeur puis peintre coté, ami d’Andy Warhol, disparu en 1987 à l’âge de 27 ans, dont l’œuvre constitue une critique acerbe de l’Amérique et de la situation des Noirs. Imprégné par la danse, traversé par la musique live du saxophone, ponctué d’inserts visuels, le texte de Koffi Kwahulé témoigne de la frénésie, de l’urgence de création qui animaient ce météore dont la notoriété n’avait pas fermé les blessures intimes.
¦ 11 JANV. > 2 FÉV.

La Vie est un songe Calderón / Clément Poirée
Sigismond, prince héritier de Pologne, vit au secret dans une tour depuis que le roi Basile a lu dans les astres que son fils livrerait le royaume à la violence. Au terme de son règne, Basile soumet son fils à une épreuve : on transporte Sigismond endormi à la cour. Saura-t-il se comporter en prince ? « À une ambiance envoûtante, Clément Poirée a su ajouter une dimension burlesque, qui rend la pièce plus sauvage » (Télérama). « Tour à tour onirique, burlesque, tragique et épique, le spectacle passe à la vitesse d’un rêve éveillé » (Les Échos). ¦ 14 > 23 FÉV.
¦ EN TOURNÉE les 13 et 14 juillet au Festival international de Almagro (Espagne), les 22 et 23 juillet au Festival de Figeac (46), puis en 2019 : le 26 février à Châteauroux (36) ; les 5 et 6 mars à Angoulême (16) ; les 8 et 9 mars à Pau (64) ; le 12 mars à Lannion (22) ; le 16 mars à Nogent-sur-Marne (94) ; le 5 avril à Argenteuil (95) ; le 11 avril à Cachan (94) ; le 13 avril à Juvisy-sur-Orge (91) ; le 16 avril au Perreux (94) ; le 18 avril à Noisy-le-Sec (93) ; le 23 avril à Vire (14) ; le 25 avril à Laval (53) ; le 30 avril à Flers (61)…

À vue Roser Montlló Guberna et Brigitte Seth
L’univers scénique de Brigitte Seth et Roser Montlló Guberna – metteures en scène, chorégraphes et interprétes – allie audace, humour et gai désespoir : les mots glissent de l’espagnol au français et la parole trouve son origine dans le geste. Elles abordent cette fois la question du genre et plus largement celle de l’identité, ou des identités : je ne suis pas seulement homme ou femme, Blanc ou Noir, jeune ou vieux, coupable ou victime… À vue est une recherche de liberté : changer de corps, d’identité… Qu’est-ce qui alors se dérègle, se révèle, s’invente ?
¦ 12 > 23 FÉV.

Ysteria Gérard Watkins
Les leçons de Charcot à la Salpêtrière, les Études sur l’hystérie de Freud et Breuer en 1895 constituent des moments clés de l’effort de compréhension de cette affection réputée féminine. Par l’esquive ou la provocation, elle instaure un mode de relation qui met à mal l’ordre des familles, des services, et défie le savoir. Dans l’esprit de recherche et d’écriture des Scènes de violences conjugales, Gérard Watkins propose une « étude » qui à la fois parcourt les conceptions passées et aborde la question des formes que prend aujourd’hui l’hystérie. ¦ 21 MARS > 14 AVR.

Saint-Félix Elise Chatauret
Comment évoquer scéniquement des paysages, mais surtout comment rendre compte des formes de vie – croyances, traditions, inquiétudes – des quelque trente habitants d’un hameau français, Saint-Félix ? Elise Chatauret et son équipe ont commencé par une enquête qui a permis de cerner personnages et thématiques. Mais le matériau documentaire appelle sa transposition et son développement fictif. Les procédés théâtraux favorisent le glissement du cas particulier au plan général. Ce que le spectacle raconte, c’est un monde qui disparaît : le hameau de Saint-Félix, à mi-chemin du rêve et de la réalité. ¦ 26 MARS > 14 AVR.

Le Pas de Bême Adrien Béal
Bême est un adolescent intégré, adapté, bien entouré, bon élève ; seulement voilà : il rend copie blanche à chaque devoir sur table. Cette « objection » crée une effraction, une déflagration… L’opacité de sa conduite ébranle l’ordre établi. Les comédiens passent d’un personnage à l’autre, font valoir la multiplicité des points de vue. ¦ 7 ; 26 MAI

Vols en piqué Karl Valentin / Patrick Pineau
Artiste de music-hall, Karl Valentin se fait connaître à Munich dans les années 1910. En poussant la logique à l’absurde ou en proposant d’invraisemblables situations, ses sketches dynamitent les conventions sociales et, par le jeu des complications verbales, conduisent à un vertigineux effondrement du sens. Dix courtes pièces forment la trame de ce spectacle de troupe, artisanal et joyeusement cacophonique. Acteurs, chanteurs, musiciens, régisseurs enchaînent gags, chansons, pitreries, pour un spectacle festif. 9 MAI > 9 JUIN

Les Évaporés Delphine Hecquet
Au Japon, ils sont environ 150 000 à disparaître chaque année : on les nomme les évaporés. Qui sont-ils ceux qui claquent la porte sur leur vie d’avant, renonçant à leur identité ? Et quelles sont les raisons qui les poussent? Comment vivent ceux qui restent ? C’est à travers le destin de 9 personnages qu’il nous est donné d’appréhender ce phénomène.Interprété dans leur langue par 6 acteurs japonais, et un acteur français, le spectacle, par-delà les frontières, conduit à une profonde méditation sur l’identité: Delphine Hecquet crée une partition visuelle dans laquelle le spectateur s’immerge totalement (Le Télégramme) ; Un spectacle saisissant… Il y a là incontestablement quelque chose de magique (Friction(s)). ¦ 5 > 23 JUIN