Avec dix-neuf propositions artistiques et pas moins de deux cent quarante-cinq représentations, le Théâtre de
la Bastille accueillera neuf nouveaux artistes au cours de la saison 2017-2018. Il mettra l’accent sur la danse
avec l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson lors d’un temps fort au mois d’avril 2018. Nicolas Bouchaud, accompagné d’Éric Didry et Véronique Timsit, va adapter le roman de Thomas Bernhard, Maîtres anciens. Entre Les Trois Soeurs et Ivanov, Julie Deliquet et le Collectif In Vitro réécrivent Tchekhov avec la volonté de défendre « l’idée d’un geste théâtral collectif » (deux spectacles présentés en novembre dans le cadre du Festival d’Automne). On retrouvera en janvier 2018 le tg STAN avec Quoi/Maintenant composé de la courte pièce de Jon Fosse Dors mon petit enfant en guise de prologue poétique, suivie de la comédie caustique Pièce en plastique de Marius von Mayenburg. En mars Tiago Rodrigues reprendra son Bovary. La fin de saison sera marquée par une ouverture public entre les mois de mai et juin, en collaboration avec le collectif L’Avantage du doute.
REAL MAGIC
de Tim Etchells et Forced Entertainment du 18 au 24 septembre avec le Festival d’Automne
Real Magic crée un monde composé de coupures absurdes, de luttes et de répétitions comiques.
Un groupe de trois performeurs s’essayent à une impossible illusion – entre cabaret, téléréalité et show de magie – dans laquelle ils revisitent inlassablement des instants de défaite, d’espoir et d’intuition. Pris dans ce monde de secondes chances, de distorsions et de transformations, le public est embarqué dans un voyage hallucinant, un spectacle percutant sur l’optimisme, l’entreprise individuelle et l’envie de changement.
LE BRUIT DES ARBRES QUI TOMBENT
de Nathalie Béasse du 28 septembre au 14 octobre
Aux côtés de quatre comédiens/danseurs, Nathalie explore l’être humain, ses failles, ses secrets et aborde ses thématiques de prédilection que sont la famille, l’intime, les débordements, les empêchements. Le spectacle se concentre sur le portrait de quatre individus d’une même famille, dans un plateau dénudé, où les couleurs et la création musicale tiennent une part importante. Il est question de l’être humain avec sa difficulté à être, à exprimer des choses, son empêchement, son rapport au groupe et sa solitude, mais toujours de manière physique et parfois burlesque. À la fois léger, grave, irrésistiblement drôle et poétique, Le bruit des arbres qui tombent met à contribution les corps des interprètes mais aussi l’imaginaire du spectateur.
LOGIQUE DU PIRE
d’Étienne Lepage du 4 au 14 octobre
Le spectacle met en scène cinq interprètes venus déployer la notion du pire devant le public. Allant d’anecdotes en démonstrations et envolées, le pire se révèle un puissant corrosif philosophique, exposant notre rapport au monde sous une lumière cruelle, sombre et ludique. Même les interprètes n’y échapperont pas. Projet avant tout scénique, Logique du pire mobilise texte, mouvement, musique et décor tout à la fois, à la recherche d’un univers capable non seulement de séduire les spectateurs, mais également d’en faire le complice privilégié d’une véritable vision du monde.
ENSEMBLE ENSEMBLE
de Vincent Thomasset du 18 au 24 octobre avec le Festival d’Automne
Vincent Thomasset s’inspire de divers matériaux biographiques tels des carnets intimes d’anonymes, d’interviews d’« entendeurs de voix » ou encore des expériences personnelles des quatre interprètes, pour mettre en jeu la notion de parcours, d’itinéraire, de traversée. Par le biais des corps des trois danseurs et de la comédienne, la parole et les écrits prennent place dans cette pièce sonore, littéraire et chorégraphique. La musique est un élément fondamental de la création, qui accompagne les textes, fournit des éléments de langage et produit des images.
DES TERRITOIRES (…D’UNE PRISON L’AUTRE…)
de Baptiste Amann du 2 au 25 novembre avec le Festival d’Automne
Dans ce second volet de la trilogie Des territoires, Baptiste Amann poursuit les péripéties d’une fratrie issue de la classe moyenne, Lyn, Benjamin, Samuel et Hafiz, le frère adoptif.
Alors que le premier volet, « Nous sifflerons la Marseillaise », qui les réunit suite à la mort de leurs parents, est traversé par l’anachronisme de la Révolution française, « …D’une prison l’autre… » fait resurgir la Commune de 1871. Dans ce nouveau contexte d’insurrection, la fratrie est partagée entre son deuil et la cohabitation forcée avec quelques habitants du quartier, qui se sont invités dans leur pavillon alors qu’ils étaient au cimetière, afin de préparer une insurrection.
OUVRAGE
d’après Yukio Mishima et Ingmar Bergman,
de la compagnie LIV du 3 au 17 novembre
Ouvrage est un tissage entre le film Cris et Chuchotements de Bergman et la pièce Madame de Sade de Yukio Mishima. Les trois comédiennes du collectif entendent questionner les rapports entre les femmes au sein de la cellule familiale et plus largement au sein de la société. À travers une mise en correspondance des personnages de ces deux oeuvres, elles mettent en lumière et dialoguent avec les écrits, les oeuvres et pensées des trois hommesauteurs que sont Sade, Bergman et Mishima.
MAÎTRES ANCIENS – COMÉDIE
de Thomas Bernhard,
un projet de et avec Nicolas Bouchaud, mise en scène d’Éric Didry
du 22 novembre au 22 décembre avec le Festival d’Automne
Nicolas Bouchaud, accompagné d’Éric Didry et Véronique Timsit, adapte le roman de Thomas Bernhard, Maîtres anciens. Au coeur de cette fiction, nous avons rendez-vous avec la question de l’art, qu’il s’agisse de peinture, de littérature ou de musique, mais également de l’héritage et de la transmission. L’Histoire et l’Art, thèmes principaux du roman, Nicolas Bouchaud souhaite les mettre en lumière à travers le thème de la filiation, et notamment celui de la place de l’art dans nos généalogies. De quoi sommes-nous les héritiers ? Dans le Musée de l’histoire de l’art de Vienne, le spectateur tantôt observe, tantôt écoute le personnage de Reger, dans une mise en scène qui interroge le geste, le rythme et la respiration, pour révéler l’écriture physique et la langue libératrice de Bernhard.
MÉLANCOLIE(S) d’après Tchekhov,
de Julie Deliquet du collectif In Vitro du 29 novembre au 12 janvier avec le Festival d’Automne
Entre Les Trois Soeurs et Ivanov, Julie Deliquet et le Collectif In Vitro réécrivent Tchekhov avec la volonté de défendre « l’idée d’un geste théâtral collectif ». Ensemble, ils mettent en scène la société d’aujourd’hui, son mal-être et la mélancolie, thèmes chers à Tchekhov, maître dans l’art de dépeindre et scruter les interrogations et angoisses intimes des individus. Cette universalité et humanité de Tchekhov, sont exploitées à travers un travail d’improvisation et de petits films, cherchant à brouiller la frontière entre théâtre et réalité.
ILIADE et ODYSSÉE
d’après Homère,
mise en scène de Pauline Bayle du 8 janvier au 3 février
Après avoir fait résonner la voix des héros de l’Iliade, Pauline Bayle s’attaque au retour d’Ulysse dans sa patrie à travers le second poème homérique l’Odyssée. Dans son désir de faire entendre la crise économique et politique que traverse l’Europe, elle utilise les voix de ces héros tragiques, dont elle questionne la virilité, en jouant sur le genre des personnages et des acteurs. Les pièces se répondent en un diptyque sortant du cadre conventionnel du théâtre, proposant une forme ludique et hybride pour un théâtre surprenant et généreux.
WE’RE PRETTY FUCKIN’ FAR FROM OKAY
de Lisbeth Gruwez du 15 au 20 janvier
Dans ce duo, Lisbeth Gruwez et Nicolas Vladyslav dansent l’angoisse, non pas en tant que manifestation socio-culturelle, mais en tant que phénomène biologique. Que crée la peur, l’angoisse dans notre corps ? Sur les respirations aléatoires et l’inconstance des artistes, Maarten Van Cauwenberghe fonde le paysage sonore de ce gros plan corporel et sensuel.
QUOI/MAINTENANT
d’après Jon Fosse et Marius von Mayenburg,
spectacle de tg STAN du 23 janvier au 9 février
Quoi/Maintenant est composé d’après la courte pièce de Jon Fosse Dors mon petit enfant en guise de prologue poétique, et suivie de la comédie caustique Pièce en plastique de Marius von Mayenburg. La première s’apparente à un véritable écrin de mots dans lequel les dialogues désarticulés, le rythme et les sonorités semblent primer sur le sens : une pièce faite pour ces flamands dont le langage est le terrain de jeu privilégié ! La deuxième, tel
un prolongement comique à ce préambule, met en scène une femme de ménage engagée par un couple libéral aisé et a priori large d’esprit… Entre tolérance et préjugés, hypocrisie et humiliation, cette satire décapante – dont s’emparent les tg STAN en bouleversant les conventions théâtrales– fait vaciller nos idées préconçues sur la famille, l’art et la société.
JAGUAR
de Marlene Monteiro Freitas du 12 au 18 février
Accompagnée de son acolyte Andreas Merk, la chorégraphe cap-verdienne, au cours d’une partie de chasse endiablée, caresse les limites de l’esthétiquement correct. Les deux pantins clownesques se livrent à un savant mélange de sursauts et contorsions, saccadés et répétés en de multiples variations, alternant entre épuisement et état de transe devant un animal démesuré. Entre musique classique et rythmes entraînants du carnaval cap-verdien, ils nous transportent dans leur univers énigmatique, fabuleux, singulier – évoquant le mythe de Diane surprise au bain par Actéon – où chacun pourra librement intérioriser les permanentes métamorphoses de ces deux danseurs. Une performance véritablement physique et animale.
BOVARY
de Tiago Rodrigues du 1er au 28 mars
Oser passer le roman de Flaubert à l’alambic pour extraire le poison salutaire qu’il contient permet d’offrir aux spectateurs l’occasion unique d’être pris à témoin de sa puissance corrosive. Sur scène, trois niveaux d’écriture s’entremêlent : le style propre au roman largement cité, la correspondance imaginaire de l’auteur avec une maîtresse et les éléments juridiques de son procès pour outrage à la morale et aux bonnes moeurs. La puissance de
certains textes face à l’ordre établi devient un fait ! Après un an de tournée, un spectacle à (re-) découvrir.
LES ÉMIGRANTS – THE GHOSTCHASERS
de W. G. Sebald,
mise en scène de Volodia Serre du 20 au 31 mars
Volodia Serre met en scène Les Émigrants de W. G. Sebald, celui-ci surnommé le ghostchaser (chasseur de fantôme) par les journalistes de son pays d’adoption, l’Angleterre. Émigré d’Allemagne en 1966, ces écrits font suite à de longs travaux de recherches et d’enquêtes sur la question du déracinement dont il est lui-même familier. Ce « roman
documentaire » écrit en 1992, expose quatre récits de vie d’individus ayant existé, lesquels seront présentés sur scène par le biais d’une émission radio autour de l’auteur. Peu à peu, le récit des enquêtes s’incarnent sur le plateau, faisant s’entrechoquer les temporalités dans cet espace de mémoire, agrémenté d’images, d’objets, de photographies que Sebald a lui-même rassemblés lors de ces prospections. Tout le dispositif est conçu pour créer l’impression de « vertige » dont parle l’auteur quant à la résurgence des êtres évoqués et des lieux.
Le Théâtre de la Bastille et l’Atelier de Paris-Carolyn Carlson présentent :
FOR CLAUDE SHANNON
de Liz Santoro et Pierre Godard – Le principe d’incertitude du 3 au 6 avril
Liz Santoro et Pierre Godard travaillent depuis quelque temps sur « le principe d’incertitude ». Pour Claude Shannon, un des pères de la théorie de l’information, cette incertitude se mesure à travers ce que l’on appelle « l’entropie ». À travers une expérimentation sur le mouvement, ces deux danseurs poursuivent leur recherche quant à la fabrique de « machines chorégraphiques », élaborées et structurées par des systèmes d’écritures. Dans For Claude
Shannon, ils créent chaque soir, de façon aléatoire, une chorégraphie particulière, laquelle tient de vingt-quatre « atomes » de mouvements pour les bras et les jambes, qui constituent leur lexique. Ainsi, c’est une logique mystérieuse qui s’opère sous les yeux du spectateur, invité à un voyage qui aiguise l’attention et les sens.
THIS DUET THAT WE’VE ALREADY DONE (SO MANY TIMES)
de Frédérick Gravel du 4 au 8 avril
Chorégraphe, musicien, danseur et touche-à-tout aussi inspirant qu’inclassable, Frédérick Gravel nous livre un duo à l’allure de tableau réaliste. Avec la vivifiante Brianna Lombardo, il partage la scène et une complicité qui permettent toutes les inventions. Elle est le contrepoint à sa maladresse assumée. Émancipés des codes traditionnels d’un spectacle de danse, ils construisent un langage dramatique original où de légers accidents se transforment en autant d’arguments de mouvement. Sous son allure simple et décontractée, le duo évolue doucement entre les états, et à travers un jeu de présence d’un naturel troublant, il poétise le banal. Moment rare et précieux qui ne cesse de surprendre et de déstabiliser par son apparente désinvolture, cette nouvelle création se révèle pétrie d’humanité et de vulnérabilité.
RADICAL LIGHT
de Salva Sanchis du 9 au 15 avril
Dans son projet Radical Light, Salva Sanchis part du constat qu’il est deux formes de danse, l’une qu’il appelle « de l’expérience », l’autre « formelle ». La première est celle propre à tout un chacun, celle qui naît de l’écoute et du ressenti de la musique et de ses vibrations, elle est instinctive, spontanée. La seconde est construite et régie par des lois intrinsèques à la technicité de la danse, sophistiquée et bâtie sur une musique obéissant également à des règles, ces deux entités se mêlant dans le dessein de faire oeuvre. Salva Sanchis veut renouer ce lien brisé avec la spontanéité du corps non professionnel quand il bascule vers la « danse formelle ». Pour cela, il remet au centre la musique et ses pulsations, son intensité vibratoire, à travers le duo de concepteurs sonores Discodesafinado, dont les compositions sont au croisement de la techno minimale, de la house et de l’électro.
A KIND OF FIERCE
de Katerina Andreou du 12 au 15 avril
A kind of fierce a gagné le prix Jardin d’Europe 2016 à Vienne pendant le festival ImpulsTanz. Cette courte pièce ne nous laisse pas en reste sur le rapport qu’entretient Katerina Andreou sur la question du libre arbitre du corps. Sur une illusion de liberté, c’est tout un travail qui interroge les mécanismes de prise de décisions, jouant sur le contraste et la rupture comme contrainte dans sa pratique. Sur scène, ce n’est que pur mouvement, une construction solide dans laquelle Katerina Andreou cherche des lignes de fuite qu’elle nomme « bribes de liberté ».
DE L’AVANTAGE DU DOUTE
de mai à juin 2017
Après Notre temps collectif en 2015, Occupation Bastille en 2016 et Notre Choeur en 2017, le Théâtre de la Bastille ouvrira une quatrième aventure artistique en invitant pendant un mois le collectif L’Avantage du doute, afin de célébrer le principe d’incertitude : un temps pour s’arrêter, souffler et rétablir la nécessité du doute, pour permettre à chacun de fabriquer son propre point de vue.
Au fil de laboratoires et de plusieurs soirées, ils interrogeront et prolongeront avec le public leurs précédents spectacles, questionnant l’engagement politique (Tout ce qui nous reste de la révolution, c’est Simon), le travail (La Légende de Bornéo) ou encore les médias et plus largement les écrans (Le bruit court que nous ne sommes plus en direct).
Ils joueront également une nouvelle création, inspirée du mythe de la Caverne de Platon, destinée aux adultes comme au jeune public, à partir de 7 ans. Cette fable en dix tableaux, nous plongera cinq cents ans plus tard, dans un monde « souterrien », nous renvoyant à notre propre rapport à l’écran et aux questions de la réalité des images.
Ils proposeront également une tentative audacieuse auprès d’un établissement scolaire : une semaine « sans écran », afin d’aborder l’alternative aux écrans et d’apprivoiser notre rapport à ceux-ci. Comment vivre en communauté en réexploitant le temps ordinairement dédié à nos écrans dans d’autres activités ? Parmi celles proposées par l’Avantage du doute, un « JT des enfants », une oeuvre collective réalisée avec un plasticien qui sera exposée dans le théâtre, un atelier qui pourra être intitulé « Qu’est-ce que tu vois ? », autour d’images intimes
ou d’actualité et historiques en écho au spectacle Le bruit court que nous ne sommes plus en direct, et enfin, un ciné-club revisité (proposition sous-réserve). Ces rencontres et propositions artistiques restent à inventer…
Cet avant-programme est susceptible de modifications.
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