La danseuse et chorégraphe espagnole revient à Chaillot présenter Caida del Cielo : un flamenco rageur et féministe qui se perd parfois dans ses excès.
Dans le sillage d’un Israël Galvan ou d’un Andrès Marin, Rocio Molina a imposé son style débarrassé de toute sensiblerie. Le Flamenco selon Rocio est libre et fier de l’être, gardant la tradition à distance -même si on devine ce que La Molina lui doit. En quelques spectacles qui ont fait d’elle une reine parfois chahutée en Espagne Rocio Molina est entée dans le cercle resserré des noms qui inventent le flamenco contemporain.
Elle est à l’aise en duo, avec la chanteuse Rosario La Tremendita ou la danseuse hip hop Honji Wang, peut mener une meute d’hommes en scène comme dans Bosque Ardora dévoilé à Chaillot déjà il y a peu. Mais également donner rendez-vous pour des improvisations à l’aube, du côté de Marseille ou de New York. C’est justement ces Impulsos qui nourrissent Caida del Cielo nouvel opus avec 4 musiciens qui accompagnent Rocio.
Elle apparaît sur le plateau dans un bata de cola blanche -la fameuse robe avec sa longue traîne. Presque immobile Rocio Molina développe une lente gestuelle des mains puis des hanches comme emprisonnée dans cette parure typique du flamenco. Une fois dénuée elle enfile un haut de toréador et des genouillères. On verra la soliste sur les genoux -littéralement – puis au sol dans un chorégraphie suggestive. Elle semble se moquer du machisme toujours roi chez certains artistes espagnols du genre. Et imposer sa vision de la femme ou plutôt de l’être femme.
On ne dévoilera pas ici les multiples surprises de ce ballet parfois teinté d’ironie: Rocio Molina s’autorise presque tout -y compris les guitares électriques- et cela lui va plutôt bien. On regrette juste des passages comme celui qui la voit tremper une jupe dans de la peinture pour esquisser au sol une calligraphie maladroite. Dans ces instants la superbe danseuse qu’est Rocio Molina marque le pas. Dommage. Mais au final, par un simple regard au « ciel » du théâtre, magnifiant sa danse par une chorégraphie des poignets Rocio Molina bouleverse.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Chorégraphiee et co-direction artistique Rocío Molina
Mise en scène, lumières et co-direction artistique Carlos Marquerie
Avec
Rocío Molina (danse),
José Ángel Carmona (chant), Pablo Martín Jones (percussions, musique électronique),
José Manuel Ramos « Oruco » (palmas), Eduardo Trassierra (guitare)
Production Danza Molina S.L. / Théâtre National de Chaillot
Durée 1h20diffusion le 9 novembre sur concert.arte.tv ( puis disponible en replay)
http://concert.arte.tv/fr/rocio-molina-presente-caida-del-cielo-au-theatre-de-chaillotThéâtre National de Chaillot
DU 3 AU 11 NOVEMBRE 2016
15h30 DIM 6
19h30 JEU 3, JEU 10
20h30 VEN 4, SAM 5,
MAR 8, MER 9, VEN 11
Salle Jean Vilar
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