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Avec « 360 », Mehdi Kerkouche nous laisse en plan

Créteil, Danse, Décevant, Les critiques, Lyon, Marseille, Paris, Perpignan, Suresnes, Vélizy
360 de Mehdi Kerkouche
360 de Mehdi Kerkouche

Photo Julien Benhamou

Le chorégraphe Mehdi Kerkouche retrouve la compositrice Lucie Antunes pour une expérience de danse-concert à 360° qui ne parvient pas à mettre en mouvement le public, malgré un indéniable engagement des danseur·euses et une rythmique puissante. Mais la structure en surplomb écrase le lien plus qu’elle ne l’active.

Dans la note d’intention de sa dernière création, Mehdi Kerkouche, actuel directeur du CCN de Créteil et du Val-de-Marne, dit avoir envisagé 360 comme « une ode à l’échange, à la rencontre et à l’expérience collective, un voyage sensoriel qui nous rappelle la force de notre unité dans un monde en mouvement ». Volonté louable et alléchante qui, au risque de marcher contre le vent et d’aller dans le sens inverse de l’enthousiasme manifesté par un public généreux en applaudissements, nous a laissé dubitatif. Voire passablement agacé. 360 tire son titre de son dispositif scénographique à 360°. Pas de gradins, le public est debout sur la scène de la salle Gémier. Au centre, une plateforme circulaire rehaussée d’un promontoire. Les huit danseurs et danseuses y montent un à un par des escaliers latéraux sur un son continu et sourd que prolonge une chape de fumée. En tenues urbaines et sportswear aux tons noir et gris – costumes certes évocateurs d’une esthétique issue de la rue et de danses du bitume, mais peu inventifs –, iels prennent place en cercle, face à nous, longtemps statiques, puis sautant avec vigueur sur un tempo frénétique et un temps étiré. L’ambiance est sombre, un tantinet mystérieuse, le cadre est posé, ça va dépoter. Les corps sont athlétiques, l’épuisement recherché par une chorégraphie qui les essore jusqu’au tee-shirt et ne leur épargne rien : course effrénée, escalade de la structure métallique, empoignades et luttes avec chutes. L’espace est saturé d’énergie sans temps mort et les interprètes se donnent à corps perdu dans cette débauche de muscles et de sueur. Indéniablement engagés, puissants, volontaires.

Sur une chorégraphie en dents de scie qui voit varier son intensité autant que sa qualité, n’évite pas quelques facilités et avance de façon clairement séquencée, d’abord sur le plateau circulaire externe, puis en envahissant la structure centrale à la verticale, les mouvements se découpent sous les néons blafards du début, puis sous les faisceaux tranchants qui nous propulsent dans l’atmosphère d’un concert épidermique et vrombissant. Aux manettes musicales, Lucie Antunes, grande prêtresse du rythme et du mélange électro-acoustique qui soulève les foules dans des transes hypnotiques vertigineuses, ne déroge pas à ses compositions organiques et vibrantes. Et le spectacle connaît une épiphanie où musique et danse entrent littéralement en symbiose lorsque les danseur·euses transforment le décor en instrument de percussion géant. Mais le reste, s’il nous happe par la dépense énergétique déployée, nous questionne : pourquoi cette joggeuse est-elle harcelée par les autres, puis portée aux nues comme un sacrifice ? Pourquoi ces luttes musclées où des duos s’affrontent dans des corps-à-corps brutaux ? Certes, il y a de la beauté dans ces corps qui s’accrochent, se décrochent, traversés par un mouvement continu qui ne semble jamais les laisser en paix, mais quid de l’envie de rassembler ? Malaise et agressivité ne sont peut-être pas les meilleurs vecteurs pour créer de l’unité.

Autour, le public, immobile et sage – malgré la promesse de liberté de mouvement, personne n’ose bouger –, lève religieusement les yeux vers l’épicentre de la danse. Et c’est peut-être de là que provient la faille : la plateforme est si haute qu’elle force les spectateur·ices à une posture de contemplation en contre-plongée, bien délimitée par une ligne blanche au sol qui marque la frontière à ne pas franchir. Les conditions de la rencontre restent très cadrées et unilatérales, la promiscuité semble plus factice et rhétorique que réelle. Les danseur·euses dominent la situation et nous toisent de toute leur verticalité sans qu’un lien d’égalité puisse se créer. Admirer, oui, mais pas à n’importe quel prix. 360 s’adresse à un public jeune qui n’aura pas mal au dos au bout d’une heure debout. Béquilles et chaises roulantes, s’abstenir, l’inclusivité promise ne passe pas la rampe de ce piédestal où les interprètes sont des demi-dieux galvanisés par leur propre puissance. On en sort sonné, les oreilles bourdonnantes, lesté de la déception d’une rencontre manquée. Mais le courant n’est pas passé.

Marie Plantin – www.sceneweb.fr

360
Chorégraphie et mise en scène Mehdi Kerkouche
Avec Lucas Bervin, Jolan Cellier, Téo Cellier, Ashley Durand, Matthieu Jean, Fien Lankriet, Alice Lemonnier, Matteo Lochu, Adeline Mayala, Grâce Tala
Assistante à la chorégraphie Sacha Néel
Musique Lucie Antunes
Lumières Samuel Chatain
Scénographie Emmanuelle Favre, assistée d’Anaïs Favre
Costumes Guillaume Boulez
Régie générale et son Frédéric Valtre

Production Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne | EMKA
Coproduction Chaillot – Théâtre national de la Danse ; Théâtre de Suresnes Jean Vilar ; MAC – Maison des Arts et de la Culture

Durée : 1h

Chaillot – Théâtre national de la Danse
du 14 au 18 mai 2025

Festival de Marseille
du 25 au 27 juin

Nuits de Fourvière, Lyon
du 8 au 10 juillet

Biennale de la Danse, Lyon
le 7 septembre

Théâtre de Suresnes Jean Vilar
les 20 et 21 septembre

Bords de Scènes, Juvisy
les 5 et 6 octobre

MAC – Créteil
du 14 au 18 octobre

L’Archipel, Scène nationale de Perpignan
les 28 et 29 octobre

L’Onde, Scène conventionnée, Vélizy-Villacoublay
le 8 janvier 2026

Centre des Bords de Marne, Le Perreux sur Marne
le 6 février

15 mai 2025/par Marie Plantin
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