La Muse en Circuit fête ses 40 ans
La Muse en Circuit, Centre national de création musicale, est vouée dans toutes ses activités aux musiques décloisonnant le champ de l’art sonore, musiques nouvelles voire novatrices, affranchies et audacieuses, qu’elles soient instrumentales, électroniques ou mixtes, qu’elles approfondissent les voies du seul sonore ou explorent également d’autres territoires artistiques, tels que la littérature, le théâtre, la danse, la vidéo ou les arts plastiques.
Créée en 1982 sous l’impulsion de Luc Ferrari (1929-2005), La Muse en Circuit à ses débuts était un studio de composition électroacoustique, principalement orienté vers la création radiophonique et ne disposant que d’un local privé à Vanves, dans les Hauts-de-Seine.
En 1999, au terme d’une collaboration de près d’un quart de siècle avec Luc Ferrari, David Jisse prend le relais à la direction de La Muse. Auteur, compositeur et producteur à Radio France, c’est sous sa direction que La Muse s’ouvre aux musiques autres que celles dites « sur support », musiques instrumentales et électroniques, destinées non plus seulement à la diffusion radiophonique, mais aussi au concert (il crée, en 2001, le festival « Extension ») et à l’enregistrement discographique (création, en 2010, du label « Alamuse »). C’est également sous sa direction que La Muse en Circuit devient, en 2006, Centre National de Création Musicale.
En 2013, Wilfried Wendling succède à David Jisse. Compositeur, mais aussi metteur en scène et vidéaste, c’est tout naturellement qu’il ouvre davantage encore La Muse aux formes musicales transdisciplinaires. Voici son édito pour le 40e anniversaire de La Muse en Circuit.
2022 marque autant les 40 ans de l’association La Muse en Circuit, que les 30 ans de son installation à Alfortville. Autant de raisons de célébrer sur son territoire d’implantation le compositeur mythique qui fut à son origine : Luc Ferrari.
Le projet que je défends pour La Muse en Circuit est presqu’exclusivement en faveur des auteurs vivants de musiques hors normes et souvent associées à d’autres arts, mais ces anniversaires méritaient une exception remarquable en faveur du compositeur, fondateur et explorateur insatiable des nouveaux rapports de la musique et du monde.
Luc Ferrari n’est pas seulement le joyeux trublion d’une musique contemporaine qui continue de se complaire dans une austérité méprisante, mais surtout le chercheur militant d’autres liens entre la musique et la société. Luc Ferrari en dynamitant l’esprit de sérieux, fait apparaître, avant beaucoup d’autres, ce qu’on appellera les paysages sonores, le ‘‘field recording’’, les pièces protocolaires, la musique minimaliste, la ‘‘new discipline’’ ou les musiques conceptuelles. Ces mots n’ont d’importance que pour ceux qui ont besoin de se justifier par eux, mais Luc Ferrari était de ceux dont la liberté n’a pas besoin de prouver, ni de convertir.
Renouveler les désirs et les plaisirs musicaux est la libération à laquelle aspire La Muse en Circuit depuis 40 ans, malgré les paradoxes et les contradictions qui accompagnent toujours les révolutions de pensée. Luc Ferrari est ce chercheur en musique, qui n’a cessé d’ouvrir des voies nouvelles qui sont beaucoup plus reconnues dans le monde qu’en France.
La légèreté apparente du ‘‘presque rien’’ est une forme très originale de recherche musicale qui a fourni aux compositeurs d’aujourd’hui et de demain des outils puissants de décomposition des processus musicaux normatifs. Choisir le ‘‘mauvais goût’’ pour échapper aux tabous et clichés d’une époque, mais surtout le faire avec un humour caustique qui bouscule le tragique et l’esprit de sérieux propre aux avant-gardes. Cette recherche fondamentale tend par définition vers l’inconnu, vers ce qui est étranger.
L’analyse et le questionnement des connaissances et des pratiques sont à la base de toutes recherches et plus globalement de tout esprit de curiosité et d’exploration. Ces démarches, non dogmatiques, sont essentielles également aux musiciens que La Muse en Circuit accueille en permanence dans ses studios, les faisant devenir ainsi de véritables laboratoires musicaux. Luc Ferrari a inscrit profondément dans nos racines, la sève du libertinage artistique et du dévergondage musical ; lui rendre hommage avec les jeunes équipes d’aujourd’hui que sont l’ensemble soundinitiative, les jeunes apprentis danseurs du CFA Pietragalla – Derouault ou le collectif l’Émoi sonneur, tout en prolongeant les partenariats anciens avec Motus et l’ONDIF (Orchestre national d’Île-de-France), sont les marques d’une vitalité dans une ré-invention permanente qui sait s’appuyer sur les ancrages territoriaux et historiques.
Cet anniversaire, qui honore le passé pour mieux construire l’avenir, sera également l’occasion d’une toute nouvelle version du projet FAKE sur les barques du Lac Daumesnil (Vincennes), et d’une avant-première d’Une autre écoute est possible, formidable documentaire de Jérôme Florenville sur notre lieu, notre histoire.
Pour continuer de se ‘‘poser des questions’’, la sortie d’un texte inédit de Luc Ferrari sur les fondations de La Muse en Circuit se fera grâce aux éditions ONA, avec qui nous préparons également d’autres projets d’édition. Tous ces projets aux propositions variées – concert, performance, installation, film ou livre – célébreront donc le renouvellement des formes musicales que nous défendons.
Wilfried Wendling
Le programme
Vendredi 9 septembre : Tautologuons Ensemble
La Muse en Circuit + Théâtre Studio, Alfortville
Soirée anniversaire avec performances musicales et sociales par l’ensemble Soundinitiative.
Un parcours décalé et humoristique reprenant des pièces performatives de Luc Ferrari. Pendant cette soirée, les musiciens de Soundinitiative performeront des œuvres peu jouées et inviteront le public à des jeux d’interactions sociales intuitives, avec cette légèreté profonde, typique du compositeur.
Dimanche 11 septembre à 17h : FAKE
Les Barques du Lac Daumesnil, Vincennes
Spectacle électronique conté sous casque et sur barque.
Embarquez-vous dans l’univers d’Abbi Patrix et Wilfried Wendling, librement inspiré du Peer Gynt d’Enrik Ibsen.
20 septembre > 05 octobre : Exposition au 148
Espace culturel d’Alfortville
Trois espaces dédiés pour entrer dans l’univers de La Muse en Circuit et son histoire : exposition photographique, projection du documentaire (extraits) de Jérôme Florenville Une autre écoute est possible, un atelier
de création sonore pour les scolaires et le tout public.
Samedi 1er octobre : Nuit blanche
! POC !, Alfortville
Parce que les Muses ne dorment pas, La Muse en Circuit participe à la
Nuit Blanche 2022. Présente en continu dans tous les espaces du ! POC !,
elle invite des acteurs de la scène expérimentale pour interpréter les concerts et performances de Luc Ferrari. Avec L’Émoi sonneur, Cie Motus, CFA Pietragalla-Derouault, ONDIF, Abbi Patrix & Wilfried Wendling.
Vendredi 28 octobre : Une autre écoute possible
La Muse en Circuit, Alfortville
Avant-première du film Une autre écoute est possible, documentaire de Jérôme Florenville.
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