Après les deux ans de tournée du Misanthrope, le théâtre de la Bastille m’a invité à poursuivre notre collaboration en jouant ma nouvelle création pour vingt-huit représentations au mois de mars 2017. Monter La Mouette d’Anton Tchekhov avec la même équipe m’est apparu comme une évidence. Bien qu’elles puissent paraître éloignées, ces deux pièces se rejoignent à travers des problématiques complémentaires que je souhaite encore explorer avec ces acteurs. Non seulement nous continuons de proposer au public des classiques fondamentaux du théâtre mais nous continuons surtout à creuser le sillon émotif d’une galerie de personnages confrontés à des situations qui nous touchent personnellement, au quotidien. Il est question de traquer les préjugés que nous avons de nous-mêmes.
Dans Le Misanthrope, j’avais situé l’action autour d’un groupe d’acteurs, pendant une soirée de première. Cet artifice devient inutile dans La Mouette où les personnages se réunissent déjà autour de l’objet théâtral.
« Oui, j’en arrive de plus en plus à cette conviction que le problème n’est pas que les formes soient anciennes ou nouvelles, mais qu’on écrive sans se soucier d’aucune forme, qu’on écrive parce que ça s’épanche du fond de l’âme. » Konstantin T.
Comme Tréplev nous le rappelle à l’Acte IV, c’est bien de ce qui nous touche personnellement que l’on doit partir pour qu’un travail prenne forme, quelle que soit sa forme. On sait que ce texte de Tchekhov traite de problématiques profondément humaines. Ainsi, je crois qu’il est d’autant plus nécessaire de le monter et cela malgré la fréquence de sa représentation dans le théâtre européen. Je vois d’ailleurs cela comme une force : plus on peut voir de Mouette différentes, plus on peut sonder non seulement les caractères de la pièce mais plus on peut surtout mettre à nu les obsessions de ceux qui la montent. Comme si pour se connaître soi-même, partager et réfléchir en tant qu’Homme (et pas seulement de théâtre), il fallait monter La Mouette. Ce dossier est donc la présentation d’une nécessité.
Oui, on peut se demander à la lecture d’un dossier qui propose une nouvelle mise en scène de La Mouette, pourquoi donc : encore ? Mais demanderez vous à un chrétien pourquoi va-t-il à la messe tous les dimanches ?
Parce qu’il y a des questions et des relations fondamentales qu’il faut reposer au quotidien car c’est leur essence même d’être réinterroger constamment. Certes la création, le bonheur ou l’amour font parties de ces interrogations-là et hantent la pièce mais je crois qu’au fond il s’agit surtout de négocier avec la question de l’être. Et personne ne raconte mieux que Tchekhov à quel point il est difficile de trouver une raison de vivre tous les matins.
Note d’intention de Thibault Perrenoud
La Mouette
Mise en scène Thibault Perrenoud
Texte français, adaptation et dramaturgie Clément Camar-Mercier
Scénographie Jean Perrenoud
Conception lumière et régie générale Xavier Duthu
Assistant à la mise en scène Guillaume Motte
Avec : Marc Arnaud, Mathieu Boisliveau, Chloé Chevalier, Caroline Gonin, Éric Jakobiak, Pierre-Stefan Montagnier, Guillaume Motte, Aurore Paris
Coproduction – Kobal’t / Théâtre de la Bastille-Paris / Théâtre de la Passerelle – SN de Gap / Italienne avec Orchestre – Jean-François Sivadier /La Ferme du Buisson – SN de Noisiel / Compagnie Pandora – Brigitte Jaques-Wajeman
Avec le soutien du Théâtre de Vanves et de la Maison des Arts de Créteil
Théâtre de la Bastille
06 MARS > 01 AVRIL 2017
Les 6, 7, 8, 9, 10, 11 et les 13, 14, 15, 16, 17, 18, 20, 21, 22, 23, 24, 25, 27, 28, 29, 30, 31 mars et 1er avril
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