Le metteur en scène et capitaine du Théâtre du Radeau est décédé à l’âge de 64 ans, a-t-on appris ce mercredi 7 décembre.
Son nom était indissociable de celui du Théâtre du Radeau, ce collectif avec lequel il voguait depuis plus de quatre décennies. Chantre d’une recherche collective et opiniâtre, le metteur en scène François Tanguy est mort à l’âge de 64 ans, a-t-on appris mercredi 7 décembre.
Tout à la fois peintre, scénographe et dramaturge, l’artiste avait rejoint la compagnie mancelle en 1982. C’est avec elle, et depuis sa base arrière de La Fonderie, inaugurée en 1992, qu’il avait imaginé la totalité de ses spectacles, de Dom Juan (1982) à Item (2019), en passant par L’Eden et les cendres (1983), Le Retable de Séraphin (1984), Le Songe d’une nuit d’été (1986), Mystère Bouffe (1986), Jeu de Faust (1987), Woyzeck-Büchner, fragments forains (1989), Chant du bouc (1991), Choral (1994), Bataille du Tagliamento (1996), Orphéon (1998), Les Cantates (2001), Coda (2004), Ricercar (2007), Onzième (2011), Passim (2013) et Soubresaut (2014). Son dernier opus, Par autan, qui avait vu le jour en mai dernier au Théâtre des 13 vents de Montpellier, devait être présenté au T2G du 8 au 17 décembre dans le cadre du Festival d’automne à Paris. Les deux premières représentations sont annulées et une incertitude pèse sur la suite de l’exploitation.
En janvier 2023, la pièce se jouera au Théâtre national de Strasbourg. Sur son site internet, Stanislas Nordey a rendu hommage au metteur en scène : « François, nous ne rirons plus ensemble . Nous ne nous battrons plus ensemble. Nous ne penserons plus ensemble. Tu t’es éclipsé si tôt, trop tôt. Tous tes moussaillons, qu’ils soient directement amarrés à tes créations ou qu’ils se soient agrégés à ton sillage de façon éphémère ou durable sont terriblement orphelins ce jour. »
À raison d’une création tous les deux ou trois ans, qu’il avait pu exporter dans plus d’une vingtaine de pays à travers le monde, François Tanguy avait développé un langage théâtral hautement singulier, à nul autre pareil, porté par une exigence intellectuelle rare et une esthétique reconnaissable entre mille. Entouré d’une troupe de fidèles comédiens tels Laurence Chable et Frode Bjørnstad, présents dans presque toutes ses créations, mais aussi Vincent Joly, Martine Dupé ou encore Erik Gerken, il n’a eu de cesse de questionner « les possibilités de la dramaturgie » et d’enchevêtrer fragments textuels, musique et improvisations pour donner naissance à des spectacles sans équivalent, souvent à rebours des modes et du temps présent. À propos de son travail, Jean-Paul Manganaro écrivait dans François Tanguy et Le Radeau (P.O.L) : « Il y a une profondeur qui est tapie dans la nuit du théâtre de Tanguy et du Théâtre du Radeau, c’est une profondeur enthousiaste et légère. La profondeur de la beauté nécessaire, face à l’éternelle grimace de l’histoire. » Gageons que cette profondeur restera comme l’une des marques les plus iconoclastes et délicates de l’histoire récente du théâtre.
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