La mort de Bob Wilson

Photo Joël Saget / AFP

Le metteur en scène américain Bob Wilson est décédé, ce jeudi 31 juillet, à l’âge de 83 ans, après « une brève mais grave maladie ».

Il faisait partie des derniers géants de la scène internationale, et paraissait, tout comme son art, insubmersible. Artiste visuel s’il en est, le metteur en scène américain Bob Wilson est décédé ce jeudi 31 juillet, à Water Mill, dans l’État de New York, à l’âge de 83 ans des suites d’« une brève mais grave maladie », apprend-on sur sa page Facebook officielle. « Alors qu’il affrontait son diagnostic avec des yeux clairs et une détermination, il se sentait toujours obligé de continuer à travailler et à créer jusqu’à la fin. Ses oeuvres pour la scène, sur papier, sculptures et portraits vidéo, ainsi que le Watermill Center, resteront l’héritage artistique de Robert Wilson », précise ce post en forme d’hommage.

Né à Waco, au Texas, en 1941, Robert M. Wilson était l’un des artistes les plus éminents du théâtre et des arts visuels. Son travail pour la scène intégrait une grande variété de médiums, dont la danse, le mouvement, la lumière, la sculpture, la musique et le texte. Ses images frappantes sur le plan esthétique sont chargées d’émotions et ses productions lui ont valu les éloges du public et de la critique du monde entier. Après une formation à l’Université du Texas et au Pratt Institute à Brooklyn, Bob Wilson avait fondé le collectif Byrd Hoffman School of Byrds à New York, au milieu des années 1960, et développé ses premières œuvres personnelles, dont Le Regard du sourd (Deafman Glance, 1970) et Une lettre pour la Reine Victoria (A Letter for Queen Victoria, 1974-1975). Avec Philip Glass, il écrit l’opéra phare Einstein on the Beach en 1976, et marque les esprits de son temps.

Au cours de sa carrière, Bob Wilson a collaboré avec de nombreux écrivains et musiciens, notamment Heiner Müller, Tom Waits, Susan Sontag, Laurie Anderson, William Burroughs, Lou Reed, Jessye Norman et Anna Calvi. Il a également marqué de son empreinte des chefs-d’œuvre comme La Dernière Bande de Beckett, L’Opéra de quat’sous de Brecht, Pelléas et Mélisande de Debussy, Faust de Goethe, L’Odyssée d’Homère, Les Fables de La Fontaine, Madame Butterfly de Puccini, La Traviata de Verdi ou encore l’Œdipe de Sophocle. Sa dernière mise en scène date de 2024, avec Pessoa. Since I’ve Been Me, créé au Teatro della Pergola, à Florence, avant d’atterrir au Théâtre de la Ville, à Paris. Par ailleurs, les dessins et peintures de Robert Wilson ont été présentés dans des centaines d’expositions collectives ou personnelles dans le monde entier, et figurent dans des collections privées et publiques.

Le metteur en scène a reçu de nombreux prix, dont deux prix Ubu, le Lion d’or de la Biennale de Venise et un Laurence Olivier Award. Il a aussi été nommé au prix Pulitzer. Il a été élu à l’Académie américaine des arts et des lettres, ainsi qu’à l’Académie allemande des arts et est récipiendaire de huit doctorats Honoris Causa. La France l’a nommé commandeur de l’Ordre des Arts et Lettres en 2003 et officier de la Légion d’Honneur en 2014. Il était également officier de l’Ordre du Mérite de la République fédérale d’Allemagne depuis la même année.