Mathilde vit dans une ville tellement éloignée des grands centres du Québec qu’on y appelle le fleuve St-Laurent, « la mer ». Une ville où les filles de sa génération ont les seins de la taille d’un bleuet séché et où les garçons qui tentent de les séduire arborent fièrement la presque pilosité de leurs moustaches molles. Mathilde a quinze ans, les lèvres peu pulpeuses, des camisoles en panne de stretch et une colère indicible au fond du cœur.
Vincent habite dans un bled juste assez paumé sur la carte de la France pour qu’il puisse siroter son café devant des vignes à perte de paysage, le matin. Une ville où tous les garçons de sa génération ont couché avec la fille de la boulangère et où la fille de la boulangère refuse toutes ses avances. Un endroit où ses amis lui suggèrent de s’inscrire à « L’amour est dans le pré ». Vincent a trente-cinq ans, une barbe de mille jours, des bottes de travail trouées et une colère indicible au fond du cœur.
Mais sur Facebook, sur Twitter et sur les plateformes de chat qu’ils fréquentent, Mathilde et Vincent ont vingt-cinq ans, des photos de profils photoshopées, des lèvres retouchées, des abdos d’enfer, des vêtements griffés et des personnalités flamboyantes. Dès qu’ils ouvrent la machine, ils la sentent monter. Dans leurs têtes et leurs jambes, elle se déclenche : la révolte. Celle qui fait rougir les visages, pomper le sang et participer aux grands soulèvements sociaux. Celle qui donne un sens à leur ferveur de vivre.
Annick Lefèbvre
La machine à révolte
Annick Lefebvre | Jean Boillot
texte d’Annick Lefebvre
mise en scène Jean Boillot
avec Marie-Eve Milot, Anthony Poupard* et Hervé Rigaud
Thionville
Du 7 au 10 avril 2015
Le Préau VIRE (14)
Du 19 au 23 mai 2015
Et dans le bocage
Du 26 au 9 juin 2015
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