La bête dans la jungle: on dit oui à James, non à Duras
James/Duras, un diptyque pour la nouvelle création de Célie Pauthe. Après la déception de Aglavaine et Sélysette de Maeterlinck en 2014, la directrice du CDN de Besançon poursuit son travail autour de la poésie des belles langues. L’adaptation de la pièce de Henry James tient grâce au duo de comédiens. Mais le spectacle s’essouffle quand vient le Duras.
Célie Pauthe aime les décors majestueux. Celui de La Bête dans la jungle représente l’intérieur d’une grande salle d’un château divisé en trois espaces qui donnent de la perspective. Les murs et le parquet croisé sont blancs. Le texte romantique et philosophique de Henry James est un dialogue métaphysique dans une écriture d’un autre temps mais d’une beauté magnifique. C’est exigeant, il faut percer la profondeur de la langue, mais le jeu de Valérie Dréville et de John Arnold nous y amène. Ils sont touchants. On a été aimanté par l’histoire de ce couple que l’on suit sur plusieurs années. Les lents ballets des changements de mobilier laissent s’installer le silence entre les scènes et les mots de James restent en suspension. Le spectateur a ainsi le temps de s’immerger dans la langue. Peu à peu les morceaux de l’histoire de John Marcher et Catherine Bertram se recollent. Le salon, vide au départ, se remplit, puis se vide de nouveau à l’approche de le mort de Catherine.
La tension ciselée qui règne sur le plateau nous a tenu en haleine même s’il faut un peu de temps pour rentrer dans le spectacle et l’on comprend aisément qu’il divise les spectateurs. « Si je pouvais, je vivrai encore pour vous » dit Catherine avant de mourir. On aurait aimé rester sur la langue de James. Et c’est le gros écueil du spectacle et cela se sent aussi dans le jeu des deux comédiens qui sont rejoints par Mélodie Richard. Ils ont beaucoup de mal à changer de langue et à aborder La Maladie de la mort de Duras. C’est le texte de trop. D’ailleurs John Arnold n’est pas à l’aise dans la deuxième partie. Il trébuche souvent. Et on a totalement décroché, fermé les yeux et pensé à la pièce de James. Ce n’est pas encore cette fois que l’on sortira enthousiasmé par le travail de Célie Pauthe.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
La bête dans la jungle
Suivie de La Maladie de la mort de Marguerite Duras
D’après la nouvelle de Henry James
Adaptation française Marguerite Duras
D’après l’adaptation théâtrale de James Lord
Mise en scène Célie Pauthe
Avec
John Arnold
Valérie Dréville
Mélodie Richard
Collaboration artistique Denis Loubaton
Assistanat à la mise en scène Marie Fortuit
Scénographie et costumes Marie La Rocca assistée de Jean-Baptiste Bellon
Lumières Sébastien Michaud
Son Aline Loustalot
Vidéo François Weber
Coiffures/maquillages Isabelle Lemeilleur
Production
Production Centre Dramatique National Besançon Franche-Comté
Coproduction La Colline – Théâtre National
Le texte de la pièce est publié aux Éditions Gallimard.
Production CDN Besançon Franche–Comté
CDN de Besançon
Du 15 au 22 janvier 2015Théâtre de la Colline
du 26 février 2015 au 22 Mars 2015
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