Le metteur en scène russe Kirill Serebrennikov va signer sa première production d’opéra en France: l’Opéra de Paris lui a commandé Lohengrin de Wagner pour sa saison 2023-2024, qui marquera aussi le retour du Casse-Noisette de Noureev. La saison comptera 8 nouvelles productions lyriques, et 7 nouveaux ballets dont 3 créations.
Décrivant Serebrennikov comme « l’un des metteurs en scène les plus engagés et audacieux de la scène actuelle », le directeur général de l’Opéra Alexander Neef, qui a dévoilé la nouvelle saison mercredi, a souligné que « les références à la guerre et à la conquête présentes dans Lohengrin entrent en résonance avec la situation actuelle », l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Kirill Serebrennikov, sur tous les fronts en 2022, du Festival de Cannes à Avignon, avait quitté Moscou dans la foulée de l’invasion et est désormais installé à Berlin.
Et après 30 ans d’absence, l’Opéra renouera à partir de septembre avec une troupe lyrique maison dans le but d’accompagner de jeunes artistes et de consolider le lien entre ses artistes et le public.
L’Opéra reprend également une production du Don Giovanni de Mozart, signée Claus Guth au Festival de Salzbourg 2008, et fait entrer au répertoire l’opéra contemporain The Exterminating Angel du Britannique Thomas Adès (2016), dans une mise en scène de Calixto Bieito.
Plusieurs œuvres rares sont aussi programmées: Beatrice di Tenda de Vincenzo Bellini, dans une production du metteur en scène américain Peter Sellars; Médée, créée il y a trois siècles par Marc-Antoine Charpentier, devant Louis XIV à l’Académie royale de Musique (l’ancêtre de l’Opéra); Don Quichotte de Jules Massenet, absent de la scène depuis plus de 20 ans; La Vestale de Gaspare Spontini, dans sa version originale en français, qui n’est plus à l’affiche de l’Opéra depuis le XIXeme siècle. S’ajoute un florilège de reprises, de Cosi Fan Tutte de Mozart à La Traviata de Verdi, en passant par Turandot de Puccini ou L’affaire Makropoulos du compositeur tchèque Leos Janacek.
Retour des classiques en danse
Le ballet renoue avec un nombre plus important de classiques que les années précédentes: Casse-Noisette dans la version de Noureev, donné la dernière fois en décembre 2014, Le Lac des Cygnes, Don Quichotte, le ballet romantique Giselle et La Fille Mal Gardée du Britannique Frederick Ashton. Côté contemporain, Barbe-Bleue de Pina Bausch, Sadeh21 d’Ohad Naharin et des pièces de Jiri Kylian entrent au répertoire.
Trois femmes chorégraphes sont à l’affiche, avec d’abord la reprise de The Seasons’ Canon de Crystal Pite, grand succès de 2016. L’artiste chinoise Xie Xin et Marion Motin, chorégraphe de clips et de tournées pour Stromae, Redcar (ex-Christine and the Queens) ou Angèle, signeront toutes deux leur première création pour le ballet. Une soirée Jerome Robbins est prévue, ainsi qu’un spectacle de la compagnie invitée Béjart Ballet Lausanne.
Il s’agit encore d’une saison signée Aurélie Dupont, l’ex-directrice de la danse qui avait démissionné mi-2022, avant d’être remplacée par José Martinez. L’an dernier, l’Opéra a enregistré un déficit de 6,4 millions d’euros (moins que prévu), mais celui-ci se creusera cette année à 9,6 millions d’euros, notamment en raison de l’inflation.
L’institution précise que, « face à la hausse de ses coûts énergétiques, le ministère de la Culture a accordé à l’Opéra un soutien exceptionnel de deux millions d’euros en fin d’année ». Malgré cette aide, l’ensemble des tarifs de l’Opéra ont augmenté en moyenne de 5%, notamment dans les catégories les plus chères (jusqu’à 170 euros pour un ballet comme Giselle). Mais dans le but d’attirer davantage de public, 35% des places seront vendues à 50 euros ou moins et 30.000 autres seront proposées à 10 euros aux moins de 28 ans dans le cadre des avant-premières jeunes.
Dès le 29 mars, l’Opéra lance sa nouvelle plateforme de streaming, Paris Opera Play, accessible en France et à l’étranger, pour regarder des spectacles en direct en en replay.
L’Opéra a également annoncé que les danseurs de la compagnie classique feront leurs exercices sur une barre géante, ouverte aux danseurs amateurs, le 14 juillet 2024, dans le cadre de l’olympiade culturelle des JO de Paris.
© Agence France-Presse
8 nouvelles productions lyriques
Don Giovanni de Wolfgang Amadeus Mozart (Opéra Bastille, du 13 septembre 2023 au 12 octobre 2023)
Lohengrin de Richard Wagner (Opéra Bastille, du 23 septembre au 27 octobre 2023)
Beatrice di Tenda de Vincenzo Bellini (Opéra Bastille, du 9 février au 7 mars 2024)
The Exterminating Angel de Thomas Adès (Opéra Bastille, du 29 février au 23 mars 2024)
Médée de Marc-Antoine Charpentier (Palais Garnier, du 10 avril au 11 mai 2024)
Don Quichotte de Jules Massenet (Opéra Bastille, du 10 mai au 11 juin 2024)
La Vestale de Gaspare Spontini (Opéra Bastille, du 15 juin au 11 juillet 2024)
Street Scene de Kurt Weill (MC93, du 19 avril au 27 avril 2024)
8 cheffes d’orchestres dont 5 feront leurs débuts
Stephanie Childress (Gala d’ouverture du ballet), Eun Sun Kim (Les Contes d’Hoffmann), Yshani Perinpanayagam (Street Scene), Maria Seletskaya (Jerome Robbins), Keri Lynn Wilson (Cendrillon).
Avec le retour de Susanna Mälkki (L’Affaire Makropoulos), Andrea Quinn (Casse-Noisette) et Speranza Scappucci (Don Pasquale)
7 nouveaux ballets dont 3 créations et 5 entrées au répertoire
The Last Call de Marion Motin (Palais Garnier, du 23 septembre au 12 octobre 2023)
Horizon de Xie Xin (Palais Garnier, du 23 septembre au 12 octobre 2023)
Gods and Dogs, Petite mort et Sechs Tänze de Jiří Kylián (Palais Garnier, du 8 au 31 décembre 2023)
Sadeh21 de Ohad Naharin (Palais Garnier, du 7 février au 2 mars 2024)
Barbe-Bleue de Pina Bausch (Palais Garnier, du 22 juin au 14 juillet 2024)
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