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Kirill Serebrennikov: son discours pour la vérité après un an d’assignation en résidence

À la une, Théâtre
VASILY MAXIMOV

Kirill Serebrennikov durant son procès photo AFP VASILY MAXIMOV

Le metteur en scène et réalisateur russe Kirill Serebrennikov est toujours assigné à résidence à Moscou depuis un an dans l’attente de son procès. Il est visé par une affaire de détournement de fonds publics qu’il dénonce comme « absurde ». Kirill Serebrennikov a reçu le soutien de nombreuses personnalités artistiques russes et étrangères. Le ministère français de la Culture vient de l’élever au rang de commandeur dans l’ordre des Arts et des Lettres. L’année prochaine il sera présent au Festival d’Avignon pour présenter le spectacle qu’il devrait créer cette année à partir de l’histoire du photographe autodidacte chinois Ren Hang qui s’est suicidé en 2017. Kirill Serebrennikov s’est de nouveau exprimé devant le juge du Tribunal municipal de Moscou, le 16 août. Un texte publié en russe sur la page facebook d’Anna Shalashova et traduit par André Markowicz dont nous reproduisons ici l’intégralité.

Kirill Sérébrennikov,
L’Année du Théâtre.

(Discours devant le juge du Tribunal municipal de Moscou, 16 août 2018)

« Votre Honneur,

L’année prochaine a été décrétée en Russie « Année du Théâtre ». Moi, mon « Année du théâtre », je l’ai déjà vécue ici! Voilà un an qu’on me garde en état d’arrestation sur des accusations fabriquées et absurdes. Voilà un an que ce « théâtre » se poursuit, — mes avocats et moi nous expliquons comment la « Plateforme » a été organisée réellement et pas selon les fantaisies de l’instruction. Un an que nous parlons de notre innocence, la mienne et celle de mes camarades. Un an que tout cela dure. L’instruction demande à présent de prolonger le délai de l’arrestation à domicile jusqu’en septembre. Pendant cette « Année de Théâtre », l’instruction n’a pas trouvé la force de présenter au tribunal un seul élément qui puisse justifier mon isolement de la société. Simplement, l’instruction n’a rien qui prouve que je disparaîtrai, que j’essaierai d’influencer les témoins, que je les menacerai, que je détruirai des preuves, que je m’adonnerai à des activités criminelles. L’instruction se fiche de la loi, et, à chaque fois, elle a convaincu le tribunal de la première instance — le Tribunal Basmanny — du fait que, dans notre affaire, la loi n’était pas l’essentiel. À présent, elle essaie de vous convaincre de la même chose, Votre Honneur, Juge du tribunal municipal de Moscou.

Je me suis déjà exprimé dans les enceintes d’un tribunal à de nombreuses reprises et j’ai raconté ce qui s’est réellement passé à la Plateforme, ce que j’y faisais, moi, en tant que directeur artistique, ce que faisaient mes camarades, quelles actions culturelles nous avons réalisées et quelle a été leur ampleur. Je ne me fatigue pas de le répéter. Dire la vérité est toujours facile. J’ai de quoi être fier — la Plateforme a été, sans aucun doute, un projet des plus importants, tant pour la culture de la Russie que pour mon propre parcours artistique. C’est évident pour tout le monde, même pour l’instruction.

Après avoir lu tous les tomes du dossier de l’instruction, je vois à présent toute l’absurdité tant de l’affaire elle-même que de tout ce qui se passe autour. Et il m’est évident aujourd’hui que les instructeurs, en s’efforçant de nous noircir, mes camarades et moi, en viennent aux mesures les plus extrêmes et les plus illégales. J’ai dit à maintes reprises qu’on nous avait calomniés en nous accusant d’un crime qui n’a jamais eu lieu. A présent que l’on a dévoilé un faux en écriture dans des procès-verbaux de témoignages, les falsifications des preuves sont évidentes pour chacun. Ce n’est pas nous qui devons lutter contre les forfaits de l’instruction, mais l’Etat lui-même qui ne cesse de s’appeler un « Etat de droit » et dans lequel le tribunal est considéré comme un organe honnête et indépendant.

Pendant cette « Année du théâtre », j’ai beaucoup réfléchi aux raisons de cette affaire, à qui elle pouvait rapporter, à ce que l’instruction s’efforçait d’obtenir. Qui a besoin d’anéantir un metteur en scène qui fait un théâtre libre même si ce théâtre ne plaît pas à certains ? Qui a besoin d’anéantir des gens qui travaillent aussi honnêtement qu’efficacement dans les conditions les plus difficiles d’une économie du théâtre pas encore fixée, sans lois qui aident au lieu d’être des obstacles dans l’activité quotidienne du théâtre ? J’ai beaucoup de questions et pas de réponses directes. Ceux qui en ont besoin, ce sont sans doute ceux qui veulent que tout le monde ait peur, et que toute la communauté du théâtre ne dise plus une seule parole honnête. Que le théâtre redevienne uniforme, consensuel, confortable, sans danger. On comprend que pour atteindre ce but, il n’y a qu’un seul moyen — le règlement de comptes. Un règlement de comptes dans lequel tous les moyens sont bons, même la falsification d’un procès-verbal de témoignages et le faux en écriture. Quand des irrégularités en comptabilité sont présentées comme un « crime commis par un groupe constitué spécialement dans ce but ».

Pendant toute cette « Année du Théâtre », toute cette année réelle, on me dit constamment : « tenez bon » — et je suis infiniment reconnaissant à tous ceux qui me soutiennent. Reconnaissant pour leur foi en mon honnêteté et en ma totale innocence. Mais voilà ce que je veux dire : chers amis, vous aussi, « tenez bon ». Moi, je suis déjà dans la meule, je comprends à quel point elle est sans âme, absurde, infâme, stupidement impitoyable. Je suis un homme libre et je ferai tout pour ne pas laisser cette meule me moudre. Je lutterai pour la vérité. Vous aussi, il n’est important que vous n’ayez pas peur, que vous ne laissiez aucune part à la lâcheté tant dans votre art que dans votre vie, de ne pas vous conduire de telle sorte qu’à la fin de l’Année du Théâtre, vous aurez honte. Et donc, vous aussi, — tenez bon ! »

*

Quand Kirill Serebrennikov parle de falsification, il s’agit d’un fait : Alexéï Malobrodsky s’est rendu compte qu’une phrase, qui l’accusait, avait été ajoutée après signature par le témoin — laquelle a protesté publiquement contre falsification. Le document, faux, — et reconnu comme tel — n’a pourtant pas été retiré du dossier d’accusation.

La détention de Kirill Sérebrennikov a été prolongée jusqu’en septembre

18 août 2018/par Stéphane Capron
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