Le contexte historique. Les 6 et le 7 avril 1903, le dernier jour de Pessah était aussi le premier jour de Pâques. Pendant ces deux jours, un pogrom1 s’est abattu sur la ville de Kichinev2 en Bessarabie, tuant une cinquantaine de personnes et blessant plusieurs centaines de membres de la communauté juive.Tout au long de ces deux jours d’émeutes, avec l’accord tacite de la police et de l’armée présentes, les habitants de Kichinev se sont littéralement déchaînés sur la communauté juive de la ville. Cet acte inédit à l’époque par sa violence, (même lors des pogroms de 1881-1882, que subirent les populations juives de Russie, il n’y avait pas eu une telle violence physique exercée) suscite une réaction vive de la presse internationale et plusieurs intellectuels russes, dont Tolstoï et Gorki, condamnent l’attitude du gouvernement. Le poète Haïm Nahman Bialik est alors envoyé d’Odessa par la Commission Historique Juive. Il doit recueillir des témoignages des survivants afin de publier un rapport qui servira à la fois à comprendre ce qu’il s’est passé et aussi à porter secours aux victimes. Les cinq millions de Juifs, citoyens de l’Empire Russe, se sentent plus que jamais menacés. Il faut s’organiser, trouver une défense active, une issue à long terme, tout en contournant la censure féroce du régime Tsariste. Bialik arrive à Kichinev au mois mai 1903. Il reste plusieurs jours sur place. Avec l’aide de deux secrétaires, il rassemble des dizaines de témoignages de survivants, recueillis sur le vif et transcrits en hébreu dans huit petits cahiers3. À la suite de sa visite, Bialik ne publie pas le rapport attendu mais un long poème en hébreu intitulé : « Dans la ville du massacre ». Le poème s’ouvre sur une déambulation du poète dans la ville après le massacre. Nous voyons à travers ses yeux, les images de l’horreur mise à nu et la beauté de la nature, c’est le printemps et les acacias sont en fleurs. Ce cri du cœur du poète place les victimes en porte-à-faux. Il semble les accuser de leur passivité dans leur attente perpétuelle d’être protégé par leur Dieu. Un Dieu qui apparaît démuni, encore plus pauvre qu’eux. Avec une grande ferveur, Bialik enjoint ses frères et sœurs à prendre leur destin en main, à se révolter, à trouver une issue, une alternative à leur existence misérable et humiliée. Note d’intention d’après dossier de presse
Kichinev 1903
Un montage théâtral de Zohar Wexler autour du poème
Dans la ville du massacre de Bialik (1873-1934)
Par Zohar Wexler
Vidéo Marie-Elise Beyne
Lumière Christian Pinaud
Décor Vincent Tordjman
Costumes Cidalia Da Costa
Musique Teddy Lasry
Durée: 1h
Du 8 au 29 juillet 2010
17h
Théâtre des halles
Rue du Roi René
84000 Avignon
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !