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Ombre parmi les ombres, une Eurydice libérée d’Orphée

À la une, Coup de coeur, Les critiques, Paris, Théâtre

© Gianmarco Bresadola

Dans Schatten (Eurydike sagt), la dramaturge Elfriede Jelinek et la metteuse en scène Katie Mitchell actualisent le vieux mythe d’Orphée en le prenant à contre-pied. Décapante et militante, leur version tord le cou à la supposée misogynie de l’histoire alors qu’Eurydice y préfère les Enfers à son demi-dieu de compagnon.

Après sa mort subite causée par la morsure d’un serpent, Eurydice est bien résolue à ne plus accepter de jouer le faire-valoir d’un Orphée devenu star du rock camée et adulée. Renato Schuch joue passionnément le héros mythique qui déchante en voyant lui échapper celle qu’il possédait comme un simple objet. Eurydice est un corps et une voix dissociés. Enfermée dans une cabine d’enregistrement qui se tient au bord de la scène, Stephanie Eidt livre sur un ton grave et désabusé les pensées intérieures du personnage tandis que  Jule Böwe l’incarne, somptueusement énigmatique et impassible. Elle a d’abord cédé, a mis de côté les prémices d’une carrière d’écrivaine pour constamment rester à ses côtés, répondre à ses attentes, satisfaire ses désirs, partager l’adrénaline des concerts et de la vie de tournées. Elle trouve désormais refuge et délivrance dans le silence et le crépuscule du royaume des morts qu’elle ne veut plus quitter.

Katie Mitchell suit à la trace son personnage sur le rythme haletant d’une écriture inventive et acérée qui imbrique parfaitement théâtre et cinéma. Les chaussées d’autoroute faiblement éclairée la nuit où file à toute allure une emblématique Coccinelle cabriolet de chez Volkswagen, l’ascenseur menant au dédale de couloirs gris béton dont regorge le sinistre royaume d’Adès ressemblant à un parking souterrain… tout du parcours d’Eurydice se rend visible sur les plans successifs d’un film réalisé en direct et projeté sur un écran surplombant le plateau de La Colline transformé en studio de tournage.

Quatre acteurs et quatre fois plus de techniciens s’affairent avec soin et portent attention au moindre détail. La metteuse en scène s’est fait une spécialité de monter au théâtre ce type de performance filmique découverte au Festival d’Avignon en 2011, avec Christine d’après Mademoiselle Julie de Strindberg, déjà une production de la Schaubühne. Sur la scène berlinoise comme ailleurs, et tout dernièrement aux Bouffes du Nord à Paris pour une adaptation de La Maladie de la mort de Marguerite Duras, Katie Mitchell a largement – peut-être même abusivement – exploité et décliné son procédé. Il demeure néanmoins virtuose et soutien d’un jeu brillant de naturel et de sensibilité.

L’association inédite des deux artistes aux esprits forts et corrosifs que sont Katie Mitchell et Elfriede Jelinek, promettait des étincelles. La première est connue pour ses convictions féministes, la seconde, pour ses critiques cinglantes des abus de la société ; elles se retrouvent à réhabiliter une Eurydice extirpée de la domination masculine dans une relecture moderne totalement convaincante.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Schatten (Eurydike sagt)
[Ombre (Eurydice parle)]
d’ Elfriede Jelinek
mise en scène Katie Mitchell
avec
Jule Böwe, , Cathlen Gawlich, , Renato Schuch, Maik Solbach
tournage vidéo
Nadja Krüger, Stefan Kessissoglou, Christin Wilke, Marcel Kieslich
opérateur grue
Simon Peter
collaboration à la mise en scène
Lily Mc Leish
direction de la photographie
Chloë Thomson
scénographie
Alex Eales
costumes
Sussie Juhlin-Wallen
vidéo
Ingi Bekk assisté d’Ellie Thompson
son
Melanie Wilson, Mike Winship
lumières
Anthony Doran
dramaturgie
Nils Haarmann
script
Alice Birch
Grand Théâtre durée 1h15

Théâtre National de la Colline
du 19 au 28 Janvier 2018
du mercredi au vendredi à 20h30, le mardi à 19h30, le samedi à 15h30 et 20h30 et le dimanche à 15h30
spectacle en allemand surtitré en français

21 janvier 2018/par Christophe Candoni
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1 réponse
  1. Karminhaka
    Karminhaka dit :
    27 janvier 2018 à 14 h 23 min

    C’est sans doute la beauté la plus immédiate de cette performance cinématographique, qui pousse le théâtre dans ses derniers retranchements : faire que le monologue intérieur, forme éminemment littéraire, trouve une équivalence visuelle, tout en exaltant les états d’âme d’un personnage dont les seules propriétés sont de passer son temps à se déplacer sur scène ; jusqu’à la nudité complète, ultime phase d’un affranchissement déterminé.

    Répondre

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