Le duo d’étoiles se glisse dans les pas de Boris Charmatz et Dimitri Chamblas. Un autre charme opère.
A bras-le-corps porte beau son titre : tout ici est tiraillement, épuisement, vertige. Un duo au plus près des corps -et des spectateurs éparpillés sur quatre coins du plateau aux dimensions réduites. Créé par Boris Charmatz et Dimitri Chamblas en 1993 ce dialogue semble alors tout autant un adieu à la danse (classique) qu’une découverte du contemporain. Charmatz et Chamblas anciens élèves du l’École de dans de l’Opéra de Paris puis du Conservatoire de Lyon se risquent ici à mettre en scène une « rivalité » gestuelle. « Nos corps de bûcherons qui se débarrassaient des années de formation cherchaient une danse qui se développerait à partir de la notion de masse » témoigne Boris Charmatz. Après son baptême du feu lyonnais A bras-le-corps se jouera des extérieurs, des scènes de théâtre : après avoir été réactivé au Palais Garnier dans la Rotonde du Glacier spécialement aménagée pour l’occasion en 2017, il prend place pour deux dates au Centre Pompidou.
Karl Paquette et Stéphane Bullion endossent les rôles. Une danse faite de sauts et de chutes, de tours et de portés. Il est assez fou d’imaginer toutes les variations possibles qu’un duo offre au regard. A bras-le-corps en est la preuve éblouissante. On sent néanmoins les deux interprètes encore sur la retenu dans l’ouverture. Sans doute la volonté de bien faire là où la chorégraphie est toute en lâcher-prise. A bras-le-corps est un exercice périlleux tant il repose sur le double : l’un pour l’autre. Et l’un sans l’autre.
Paquette et Bullion excellent dans le registre solitaire, avec une marge de manœuvre évidente sur les corps-à-corps. Le mouvement sous nos yeux débordent du cadre -tête sous les bancs, jambe par dessus le premier rang du public. On peut déceler également un éventail de gestes « sportifs » empruntés qui sait aux lutteurs de Sumo, aux boxeurs ou autres. Mais A bras-le-corps n’est pas un exercice de style : en oscillant entre gravité et burlesque, le rire et la mort, ce pas de deux révèle un corps, celui du danseur, en attente d’une révélation. Le silence seulement traversé des fulgurances de Pagnini et ses Caprices semblent dès lors le prolongement idéal de cette chorégraphie à fleur de peau.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr – mars 2017 lors de la création à Garnier
A bras-le-corps par Karl Paquette et Stéphane Bullion
Centre Pompidou
Vendredi 22 à 20h et samedi 23 mars 2019 à 15h et 19h
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