Seul en scène, le comédien Julien Bleitrach joue pour la première fois ‘Le Quatrième Mur’, adapté du roman de Sorj Chalandon (Grand reporter et écrivain français), publié en 2013 et lauréat du prix Goncourt des Lycéens. Une histoire sublime et déroutante sur une tentative qui donne le vertige – monter Antigone d’Anouilh en pleine guerre du Liban. Une tragédie, une utopie, une folie, avec une question en ligne de mire. Lorsqu’un pays est le théâtre d’une guerre civile débridée, est-il possible d’y apposer sa propre mise en scène ? La tragédie sublimée par la scène, comme un ultime espoir accordé à la vie ?
Puisque la guerre est folie, la paix doit l’être aussi. Il faut proposer l’inconcevable. Monter Antigone d’Anouilh à Beyrouth en pleine guerre du Liban. Voler deux heures au conflit, en faisant jouer sur la ligne de démarcation un fils ou une fille de chaque camp. Pour tenir cette promesse insensée faite à son meilleur ami, Georges part main tendue à la paix, avant que la guerre ne lui offre brutalement la sienne.
L’adaptation sur scène de Julien Bleitrach prend comme point de départ, ce retour de Georges du Liban auprès de son ami Samuel, mourant à Paris. Il le rejoint. Il lui raconte. Et comme il aime le théâtre, il rejoue aussi. Il se plonge à corps perdu jusqu’à revivre ces souvenirs magnifiques, bouleversants, terrifiants. La scénographie épurée, une chaise et un tabouret en formica, renvoi à la sobriété d’une chambre d’hôpital des années 80. Un lieu simple pour une situation réaliste entre souvenirs et confidences partagées avec un ami au crépuscule de sa vie.
Est-il, pour autant, tout à fait revenu ? La scène du théâtre, au-delà du quatrième mur, est également un espace mental dans lequel Georges, interprété par Julien Bleitrach, se souvient, se débat et se perd. Georges est rentré avec son sac de baroudeur, le projet d’affiche pour la pièce, cinq laissez-passer encore rangés dans les poches de sa veste. Autant de preuves pour le spectateur comme pour lui que ce qu’il raconte n’est pas une fiction. Lorsque la gêne s’installe ou lorsque les émotions sont à fleur de peau, Georges se rattrape à cette matière dont sont faits les souvenirs. Il a également ramené des enregistrements sonores de ses répétitions. Un vieux lecteur portatif de bandes magnétiques UHER entre les mains, il les faits écouter à son ami Sam, qui à cet instant se confond avec le public. Ici les mots de Chalandon répondent à ceux de la pièce d’Anouilh.
« Le Quatrième Mur m’a bouleversé. L’écriture de Sorj Chalandon est droite, rapide, poétique. Il magnifie les relations entre les hommes, l’anodin de nos vies, la violence et l’horreur de la guerre. Son histoire est pleine d’humanité. » – Julien Bleitrach
LE QUATRIEME MUR : seul en scène,
Par Julien BleitrachLes Déchargeurs
du 12 février au 2 mars à 19h30
du mardi au samedi – relâche dimanche et lundi
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