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La bouche pleine de terre : chasse à l’homme dans les Balkans

À la une, A voir, Les critiques, Nancy, Théâtre
Elisabeth Carrechio

photo Elisabeth Carrechio

Julia Vidit met en scène un chef-d’œuvre de la littérature des Balkans peu connu en France, La bouche pleine de terre du Serbe Branimir Sčepanovič. Le récit d’une chasse à l’homme, dont les comédiens Marie-Sohna Condé et Laurent Charpentier excellent à porter toute la poésie et l’absurde, dans un envoûtant dispositif visuel et sonore.

Entre Julia Vidit et La Bouche pleine de terre de Branimir Sčepanovič, c’est une histoire déjà ancienne. Lorsqu’elle le découvre il y a plus de dix ans, la metteure en scène rêve tout de suite d’en donner à entendre l’étrange poésie sur scène. Mais ce texte n’est pas destiné au théâtre. Composé de deux récits d’emblée distincts à la lecture – l’un à la troisième personne du singulier, où il est question d’un homme seul et condamné en italique ; l’autre à la première personne du pluriel, qui donne accès à la pensée de deux chasseurs –, il échappe à toute classification. Se croisant pour raconter une chasse à l’homme en forêt, ces partitions se tiennent en équilibre entre des tendances opposées : un naturalisme porté par une écriture précise et ciselée, et un étrange presque fantastique, complètement absurde. Tout en travaillant sur des pièces très différentes – Illusions d’Ivan Viripaev ou encore Le Menteur de Corneille –, Julia Vidit garde pourtant en tête la mélodie charnelle, organique de l’auteur serbe. Jusqu’au jour où elle se sent prête à lui donner voix et forme.

Une première étape de travail avait été présentée lors de la dernière édition de la Mousson d’été (22-28 août 2019), où le texte avait été sélectionné bien que non théâtral, et déjà publié à plusieurs reprises par des maisons plutôt confidentielles avant de reparaître aux éditions Tusitale dans une traduction de Jean Descat. La preuve que La bouche pleine de terre n’est pas compatible avec la scène qu’aux yeux de Julia Vidit. Marie-Sohna Condé et Laurent Charpentier, qu’elle avait déjà choisis pour porter les deux voix du texte, comptaient parmi les acteurs marathoniens de la Mousson. Accompagnés par une composition sonore de Martin Poncet, ils disaient la course folle sans bouger autre chose que leurs mains, prolongements d’un verbe tendu entre la vie et la mort. Tout en accélérations et en ralentissements, leurs voix faisaient presque tout le travail. Elles le faisaient même si bien que l’on pouvait se demander comment Julia Vidit pourrait aller plus loin. La réponse est donnée au Studio-Théâtre de Vitry où la pièce vient d’être créée dans une adaptation de Guillaume Cayet.

« Roulés dans de grossières couvertures de laine, nous gisions, immobiles et silencieux, en cette nuit d’août, comme enivrés par l’âcre odeur de la forêt qui, par l’ouverture de la tente, ressemblait à un long serpent noir. En fait, nous étions fatigués et nous avions sommeil ». Tandis que Laurent Charpentier prononce le premier paragraphe de l’œuvre, on découvre le dispositif construit après la Mousson d’été. Rivé au centre d’un écrin blanc qui fait office d’écran où se déploient les subtils dessins d’Etienne Guiol, un cylindre métallique annonce le parti-pris non-réaliste de Julia Vidit. Il dit sa décision de traduire le mystère du texte à la lisière du théâtre et des arts plastiques. Proche de la musique aussi, car la composition réalisée pour la Mousson a été enrichie pour faire écho aux voix profondes des interprètes, toujours au cœur de la représentation. Marie-Sohna Condé prend bientôt le relai de son partenaire, dont elle ne croisera jamais vraiment la trajectoire.

Le personnage dont elle dit l’aventure est en fuite. C’est une sorte d’Amok dont on apprendra certaines pulsions et quelques malheurs au fil de la pièce, mais qui gardera aussi ses mystères. Tout comme ses deux poursuivants, bientôt suivis de toute une foule aux motivations obscures. Sans jamais illustrer la course-poursuite, les comédiens en expriment toute la complexité. Ils suggèrent ce qui traverse les mots-fleuves de Branimir Sčepanovič : une cruauté d’autant grande qu’elle n’est pas fondée. Et une réflexion sur le libre arbitre dont on ressort aussi tremblant que fasciné.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

La bouche pleine de terre

Texte de Branimir Šćepanović

Traduit du serbe par Jean Descat (Editions Tusitala)

Mise en scène : Julia Vidit

Interprétation : Laurent Charpentier, Marie-Sohna Condé

Dessin et vidéo : Etienne Guiol

Adaptation : Guillaume Cayet

Scénographie : Thibaut Fack

Lumière : Nathalie Perrier

Son : Martin Poncet

Costume : Valérie Ranchoux-Carta

Assistanat à la mise en scène : Maryse Estier

Assistanat Lumière : Jeanne Dreyer

Atelier de construction : La Baraka

Régie générale, lumière et vidéo : Frédéric Maire, Frédéric Toussaint

Régie plateau et son : Jérôme Moulin

Administration : Ariane Lipp

Diffusion : Emmanuelle Dandrel

Apprenti chargé de production : Kayenne Bilbot

Presse : Arnaud Pain – Opus 64

Production : Java Vérité

Coproduction : Studio-Théâtre de Vitry, La Manufacture-CDN Nancy-Lorraine,
Le Carreau-Scène nationale de Forbach et de l’Est Mosellan, La Comète-Scène nationale de Châlons-en- Champagne, Le Pont des Arts-Cesson-Sévigné

Soutiens : DRAC Grand Est, Région Grand Est, Département Meurthe-et-Moselle
Ville de Nancy, ONDA

Avec l’aide du Réseau Quint’Est dans le cadre de Quintessence 2018

Java Vérité est conventionnée par la DRAC Grand Est et la Région Grand Est

Durée : 1h15

Le 16/09/2020 à 20:00
Le 17/09/2020 à 19:00
NANCY | Théâtre de la Manufacture (Grande Salle)

18 septembre 2020/par Anaïs Heluin
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