Allongée sur un sofa orange, Josiane Balasko raconte la nuit blanche d’une femme meurtrie, isolée et rejetée par sa famille dans l’un des pires moments de l’année: la nuit de la Saint-Sylvestre. Lors de cette nuit sombre, elle passe en revue sa vie -souvent douloureuse- de mère et d’épouse. Dans un langage très cru et audacieuxFemme Rompue de Simone de Beauvoir colle à la peau de la comédienne. Les lumières soignées d’Eric Soyer et la musique tendue de Mako ajoutent de la tension à ce spectacle sur le fil où Josiane Balasko joue constamment dans la position allongée. Créé en tournée, repris au Théâtre des Bouffes du Nord, le spectacle s’installe au Théâtre Hebertot.
Êtes-vous une grande lectrice de Simone de Beauvoir ?
Et non cela m’a toujours apparu rebutant. J’ai arrêté mes études au niveau du Brevet et je n’ai rien lu d’elle dans ma jeunesse. Je savais qui elle était et j’avais beaucoup de respect pour cette grande féministe qui a fait avancer la cause des femmes mais je ne connaissais pas ses écrits. Maintenant je commence à me plonger dans son œuvre.
Quel a été votre première réaction en lisant le texte ?
J’ai été surprise car c’est un ovni dans son écriture. Les spectateurs qui ne connaissent pas le texte sont stupéfaits et nous demandent si on ne l’a pas modifié. On n’a rien rajouté, aucun mot. On a juste fait quelques coupes. Tout ce que je dis, c’est la pensée de Simone de Beauvoir. C’est très grossier, très cru.
C’est une femme seule, un soir de Réveillon du 31 décembre, la solitude l’empêche de s’endormir
Les nuits blanches sont terribles, surtout celle-là alors que beaucoup de monde fait la fête. Cela doit être très déprimant. Elle a toutes les raisons de se morfondre parce que on l’a sent bannie du clan familial. Elle est rejetée parce qu’elle n’a pas réussi à être ni une mère exemplaire, ni une épouse exemplaire. Le texte est un puzzle. Elle donne peu à peu des indications. Les personnages se dessinent au fil de l’histoire. L’univers se reconstitue. Et l’on comprend pourquoi en ce soir de fête elle est exclue. Sa fille s’est suicidée et on lui reproche d’en être la cause. Elle vit avec cette culpabilité. Elle est dans le déni permanent. Elle se ment à elle-même.
Cette femme parle aussi beaucoup de sexe
Oui cela revient tout le temps. Elle imagine sa mère faisant l’amour avec son ex mari, elle imagine les voisins du dessus dans une orgie, et puis à la ligne suivante elle affirme ne jamais penser à ces choses-là. Elle se persuade de son innocence.
Et vous jouez dans une position particulière, le plus souvent couchée
Ce n’est pas facile. Il faut trouver son centre de gravité car on a l’habitude de jouer debout. J’arrive sur scène et très vite je m’allonge. Et je ne quitte plus ce sofa qui n’est pas un lit,ce pourrait être un sofa de psychanalyste. Je suis clouée dans cette position pour cette nuit blanche qui est une nuit noire pour cette femme.
Propos recueillis par Stéphane Capron – www.sceneweb.fr
La femme rompue
De Simone de Beauvoir
Mise en scène Hélène Fillières
Avec Josiane Balasko
Lumières
Éric Soyer
Costumes
Laurence Struz
Décor
Jérémy Streliski
Son
Mako
Assistante à la mise en scène
Sandra ChoquetThéâtre Hebertot
À partir du 15 février 2018
Du mardi au dimanche à 19h
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !