Dans une soirée où il partage l’ affiche avec, excusez du peu, Jiri Kylian, le chorégraphe suédois fait mouche. Under a Day créé pour le Ballet de l’Opéra de Lyon est une réussite.
Aussi étonnant -ou désolant- que cela puisse paraître Johan Inger est un quasi inconnu du public Français. Avec pourtant une quarantaine de pièces à son actif pour le NDT, Les Ballets de Monte-Carlo ou la Compagnie Nationale de Danse d’Espagne, ce chorégraphe qui dirigea notamment le Ballet Cullberg avant sa mue contemporaine est une personnalité à suivre. On avait déjà apprécie son sens de la théâtralité, son humour caustique.
Under a Day commande pour le Ballet de l’Opéra de Lyon offre un autre versant de son art du mouvement, une sorte de ligne claire chorégraphique. Inger est parti d’une chanson interprétée par Nina Simone Be my husband. A partir de là il tresse des histoires de couple -et autant de pas de deux. Surtout il déploie un sens de l’espace en occupant le plateau recourbé et en multipliant les entrées et sorties. Des nuages en guise de décor s’invitent par ombre interposée sur la scène dans les belles lumières de Tom Visser. Il y a des courses, des chutes, des portés et une relecture de la danse contact. Surtout Johan Inger a su capter l’énergie de la troupe parfaite dans cette pièce.
Be my husband peut-être compris comme un portrait de groupe, chaque interprète y trouve sa juste place. On s’amusera d’un hommage involontaire à Mats Ek dans un pas de trois quasi burlesque et on reste sans voix devant ce final où la danseuse est comme avalée par la scénographie. On retrouvera dès juin Johan Inger en bonne compagnie –Mats Ek et Alexander Ekman– au Théâtre des Champs-Élysées pour un hommage à Ingmar Bergman.
Dans la même soirée lyonnaise Jiri Kylian chorégraphe en résidence est doublement présent : No More Play entre ainsi au répertoire du Ballet. Cette œuvre de 1988 est un peu le contraire de Under a Day : sombre, sur une partition de Anton Webern. Les danseurs ont des allures d’insectes, la gestuelle est tout en angles par moment, puis en arrondis par la suite. C’est du Kylian et c’est virtuose. Au point que les cinq solistes cherchent encore leurs marques. Petite mort est une parfaite clôture à cette -trop- courte soirée. Un des « hits » du maître sur l’adagio de Mozart. Il y a cet exercice avec des épées, ce jeu avec une immense voile, ses robes-décors sur roulette. Et la danse d’une froide beauté, tranchante et précise. Jiri Kylian évoque la petite mort, ce moment d’extase, et lui donne une version chorégraphique. Un bijou de danse en résumé.
Philippe Noisette – www.sceneweb.fr
Under a Day
Création
Chorégraphie et décors
Johan IngerCostumes
Catherine VoeffrayLumières
Tom VisserPetite Mort
Chorégraphie et décor
Jiri KyliánMusique – Adagio: extrait du Concerto pour piano n°23 en la majeur, K.488, Andante: extrait du Concerto pour piano n°21 en ut majeur, K.46
Wolfgang Amadeus MozartCostumes
Joke VisserLumières
Joop CaboortNo More Play
Chorégraphie, décor et costumes
Jiri KylianMusique
Anton WebernLumières
Jiri Kylian, Joop Caboort et Kees TjebbesOpéra de Lyon
Du 19/04/18
au 25/04/1820 et 21 novembre 2018 Théâtre de Nîmes
31 janvier, 1 et 2 février 2019 Opéra de Lille
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