Jean-Claude Grumberg a écrit de grandes pièces de théâtre comme L’Atelier (1979) ou plus récemment Vers toi terre promise pour laquelle il a reçu en 2010 le Molière de l’auteur et le Prix du Syndicat de la critique. On l’avait donc quitté avec cette pièce magnifique, mise en scène par Charles Tordjman et interprétée par de brillants acteurs (Christine Murillo, Clotilde Mollet…). L’histoire d’un père et d’une mère victimes des lois anti-juives, contraints à l’exil, et qui à leur retour découvrent qu’une de leur fille est morte en déportation et que l’autre est entrée dans les ordres. Un comble pour une famille athée ! Jean-Claude Grumberg possède ce talent rare de faire rire intelligemment avec de sujets graves.
Avec H. H. il nous plonge en Bavière. Nous sommes dans la salle d’un conseil municipal qui a conservé un mobilier post-RDA (des chaises en bois austères) et énorme tableau figuratif de très mauvais goût représentant deux enfants protégés par un ange en pierre. Le conseil est réuni pour définir le nom du collège de la ville. Les initiales H. H. ont déjà été coulées dans le bronze, il ne reste qu’à déterminer le nom du natif de la ville dont les initiales sont H.H. Le poète Heinrich Heine (1797-1856) a été retenu, mais l’opposition nouvellement élue s’y oppose. Elle propose Heinrich Himmler ! « Nos voisins ne pourront plus nous reprocher d’assumer notre passé », clame un élu. Tollé dans l’Assemblée. La pièce de Jean-Claude Grumberg navigue alors dans l’absurde, une écriture qu’il maitrise avec brio. Mais très vite le spectacle va basculer et perdre de son intérêt.
Pour trancher le conseil décide d’examiner à tour de rôle les écrits des deux H.H. Et pendant une heure les comédiens vont lire des lettres d’Himmler, des poème de Heine, puis des discours d’Himmler et des poèmes de Heine parce qu’ « on ne peut pas comparer des lettres et des poèmes ». Tout retombe très vite. Chaque comédien se lève à tour de rôle et lit avec gravité. Il n’y a plus de profondeur, plus de mise en perspective. On perd son temps, on s’endort. Et tout cela pour arriver à la conclusion que le Gouvernement accepte que le collège s’appelle H.H sans faire référence à aucun personnage connu. On ne savoure même plus le plaisir de retrouver l’immense Jean-Paul Farré sur la scène d’un théâtre public.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
H. H. de Jean-Claude Grumberg
mise en scène de l’auteur
avec la complicité de Jean-Michel Ribes
avec Salima Boutebal
Jean-Paul Farré
Olga Grumberg
Joseph Menant
Christophe Vandevelde
texte publié aux éditions Actes Sud-Papiers
production Théâtre du Rond-Point/Le Rond-Point des tournées
avec l’aide de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah
En 2005, à l’amicale initiative de Théâtre Ouvert, une première ébauche de H.H. a été mise
en espace par l’auteur avec les cinq interprètes de cette nouvelle version.
durée : 1h30
25 novembre – 24 décembre, 21h
dimanche, 15h30 – relâche les lundis et dimanche 4 décembre
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