Spectacle coup de poing du festival Sens Interdits de Lyon en 2017, il revient à l’affiche du Théâtre des Célestins, dans la salle du Théâtre du Point du jour à Lyon. Dans Je n’ai pas encore commencé à vivre, Tatiana Frolova raconte la Russie d’aujourd’hui. Elle y exprime les troubles et les peurs de ses habitants.
« Je suis joyeuse, mais ce n’est pas tout à fait vrai. Qu’est ce qui ne va pas chez nous ? » Tatiana Frolova s’exprime en français au tout début du spectacle. La directrice du théâtre KnAM est une habituée du festival Sens Interdit et du Théâtre des Célestins, producteur de ses spectacles depuis plusieurs années. Un compagnonnage qui lui permet de continuer son aventure artistique dans une Russie qui ne subventionne pas beaucoup les compagnies de théâtre.
Son théâtre est documentaire. Pour ce spectacle, elle s’est appuyée sur des témoignages de la jeunesse de sa ville de naissance, Kosmomosk-sur-Amour, dans l’Extrême-Orient russe, construite par des prisonniers du Goulag. Elle s’est aussi entourée de nouveaux comédiens deux jeunes qui racontent leur désarroi et leur impuissance face à l’absence d’avenir dans leur pays. L’émotion est à fleur de peau, elle ne quitte pas le plateau.
Tatiana Frolova raconte un siècle de l’histoire de la Russie, de la révolution de 1917 à nos jours à travers les actions des grandes figures politiques, Lénine, Staline, Brejnev, Gorbatchev et Poutine. Sur un tableau noir, elle inscrit à la craie les chiffres des dizaines de millions de personnes déportées et tuées. C’est effarant et glaçant. « Tout ce qui est bon pour la Révolution est moral » disait Lénine. Tatiana Frolova prend le contre-pied de cette phrase et n’est pas très optimiste sur l’avenir de son pays « qui pourrait bientôt ressembler à la Corée du Nord ».
Les témoignages enregistrés alternent avec le jeu des comédiens, dont les visages filmés en gros plan disent toute l’horreur du cataclysme qui secoue ce pays. Les mensonges d’Etat, l’argent qui pourri la société, la guerre qui est une religion ; Tania Frolova donne des clés dans ce théâtre fragmenté et éclaté, dont il est facile de recoller les morceaux.
« La Russie n’a pas fait son Nuremberg » comme l’ont fait les allemandes après la guerre pour faire table rase de période nazie. C’est l’une des explications avancées par Tatiana Frolova dans ce spectacle totalement bouleversant, où est dit avec calme, sans violence, et c’est d’autant plus remuant.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Je n’ai pas encore commencé à vivre
Я ЕЩЕ НЕ НАЧИНАЛА ЖИТЬ
Mise en scène
Tatiana Frolova / Théâtre KnAM
Avec
Dmitrii Bocharov, Vladimir Dmitriev, Tatiana Frolova, Germain Iakovenko, Ludmila Smirnova
Matière documentaire, textes, images, entretiens, témoignages, extraits d’articles, études, ouvrages historiques et mémoriels collectés par les artistes du Théâtre KnAM.
Texte français – Bleuenn Isambard / Lumière – Tatiana Frolova / Son – Vladimir Smirnov / Vidéo – Tatiana Frolova, Dmitrii Bocharov, Vladimir Smirnov
Production : Théâtre KnAM – Russie
Production déléguée : Célestins – Théâtre de Lyon
Coproduction : Célestins – Théâtre de Lyon, Festival Sens Interdits, Théâtre de Choisy-le-Roi – Scène conventionnée pour la diversité linguistique, Les Treize Arches – Scène conventionnée de Brive
Avec le soutien de l’Onda.
Durée: 2hThéâtre Le Point du Jour à Lyon
Dans le cadre de la saison du Théâtre des Célestins
Du 27 novembre au 12 décembre 2018 à 20h30
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !