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J’ai trop d’amis : vertige de l’école

À la une, A voir, Les critiques, Paris, Théâtre
Christophe Raynaud de Lage

Photo Christophe Raynaud de Lage

Après J’ai trop peur, David Lescot poursuit son exploration des émois pré-adolescents au Théâtre de la Ville avec J’ai trop d’amis. Une réussite tout public dont la simplicité et la finesse sont les maîtres-mots. 

Sur scène, trône une boîte. Entièrement modulable, transformable en un rien de temps en salle de classe, en chambre d’adolescent ou en cuisine parentale, elle a la magie de ces coffres à jeu enfantins d’où jaillissent des créatures, symboles des rêves, des peurs et des fantasmes qui peuvent naître dans l’esprit d’un garçon de dix ans et demi. Depuis J’ai trop peur, la précédente création jeune public de David Lescot, Moi n’a d’ailleurs pas tellement grandi. Paniqué à l’idée d’entrer en sixième, comme nombre d’enfants de son âge, il s’apprête à vivre l’épreuve de réalité, à passer de l’introspection estivale à la dure loi du collège, avec son lot de codes à acquérir et d’expériences à découvrir.

Fin observateur de la jeunesse, David Lescot ne ménage pas son jeune héros. Séparé, d’entrée de jeu, de ses anciens camarades de CM2 par une rentrée qui vire, au fur et à mesure que la composition des classes se dessine, au supplice de Tantale, il va devoir apprendre à jongler avec l’inconnu et la nouveauté, l’élection truquée des délégués et le concept de popularité, les petits mots plus vraiment secrets et les histoires d’amour maladroites, des camarades de classe pas toujours bienveillants et une soeur qui, du haut de ses deux ans et demi, lui fait la leçon. Avec la vie d’un adolescent, en somme, qui doit assimiler un monde de pré-adultes, encore plus cruel, parfois, que celui des grands.

Grâce à son universalité, l’épreuve du feu traversée par le garçonnet recèle une double force. Aux yeux des plus jeunes, elle peut faire office de catharsis immédiate, ou par anticipation, d’un tournant crucial que d’aucuns redoutent ; aux yeux des plus âgés, elle a le pouvoir d’une madeleine, de celles qui transportent dans le passé et charrient avec elles leur lot de réminiscences heureuses ou douloureuses. Cette expérience d’identification a priori ou a posteriori, David Lescot la rend possible grâce à la captation très fine du langage qu’il réussit à opérer. Souvent drôle, mais jamais excessive, elle ne cherche pas à singer, mais plutôt à reproduire, en même temps que les actions, les mots et les maux qui peuvent irriguer le quotidien d’un enfant de dix ans et demi. Par son apparente simplicité, qui dissimule une réelle complexité, l’exercice fait mouche et parvient, toujours, à éviter l’écueil de la caricature.

Affaire de texte, patiemment ciselé, cette réussite est aussi affaire de jeu. Aux commandes du sextuor de personnages à incarner – du héros à la petite soeur, en passant par Basile, le voisin de classe un peu bêta, Clarence, l’ambivalent garçon populaire, Marguerite, la co-déléguée et amoureuse en devenir, et Coralia, la chanteuse du tube entêtant du moment –, Suzanne Aubert, Elise Marie et Camille Roy ne cherchent jamais, et c’est heureux, à en faire trop. Faisant fît des sexes et des genres, elles alternent entre mise à distance naturelle et gimmicks habilement trouvés. Particulièrement attentives à leurs voix, parfois modifiées à l’hélium, elles le sont tout autant à leur gestuelle qui décalque celle, souvent malhabiles et corporellement entravée, des adolescents. Tout un chacun pourra alors y trouver, ou retrouver, le jeune garçon, ou la jeune fille, qu’il fût, qu’il est ou qu’il sera.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

J’ai trop d’amis
Texte et mise en scène David Lescot
Avec, en alternance, Suzanne Aubert, Charlotte Corman, Théodora Marcadé, Elise Marie, Caroline Menon, Camille Roy, Lyn Thibault et Marion Verstraeten
Assistantes à la mise en scène Faustine Noguès et Morgane Janoir
Création lumières Guillaume Rolland
Costumière Suzanne Aubert
Scénographie François Gauthier Lafaye

Production Théâtre de la Ville-Paris – Compagnie du Kaïros

La Compagnie du Kaïros est soutenue par le ministère de la Culture – DRAC Île-de-France.

Durée : 50 minutes

Avignon Off 2021
6 > 25 juillet
La Manufacture
10h30
relâche 12 et 19 juillet

3 novembre 2020/par Vincent Bouquet
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