Parallèlement à sa carrière d’acteur, Jacques Allaire signe des spectacles dont il assure l’adaptation, la mise en scène et la scénographie. Cette semaine il sera sur la scène du Nouveau Théâtre de Montreuil dans LE FEU, LA FUMEE, LE SOUFRE, mis en scène par Bruno Geslin.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Non pas vraiment plus exactement je suis dans ces moments de première , traversé par un mélange de désir, d’ impatience, de partage . Une joie de livrer le travail réalisé ensemble et disparaitre dans le personnage .
Comment passez vous votre journée avant un soir de première ?
Toute la journée est une préparation. Répétition ou raccords si le metteur en scène , ce qui est souvent le cas, fait une dernière répétition. Puis un petit somme , puis arpenter le plateau puis tranquillement relire dans ma loge (chaque soir) le texte comme on regarde paysage inconnu . Puis échauffement et enfin habillage costume. Et c’est l’heure de jouer .
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ?
Des superstitions ? Oui. Je termine bizarrement ma préparation par un court et silencieux recueillement, une manière de prière laïque. Et j’embrasse le plateau.
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ? »
Le désir a précédé la volonté. Et le désir de théâtre a d’abord été la découverte en classe de terminale de la bâtisse, du lieu théâtre; c’était à Saint-Malo . La volonté elle s’est mise en oeuvre en deux temps une année au conservatoire de Rennes d’où je fus renvoyé, puis à la fin de mes études de philosophie, le besoin de jouer et le départ à Paris . Je voulais faire ce « métier »
Premier bide ?
Sans doute mes tous débuts . C’était Tartuffe mis en scène par Claude Jean Philippe . Merveilleux homme, amoureux de cinéma, mais qui n’entendait pas grand chose à la mise en scène. Ce fut pourtant une expérience très cocasse et joyeuse et pleine de rencontres. Mais pas une réussite .
Première ovation ?
Je ne me souviens pas ; mais il y a longtemps celle ci m’avait marqué : Dom Juan mis en scène par Patrice Bigel. Je jouais Sganarelle , et comme j’avais repris et donc dû répéter et créé le rôle très vite je n’avais pas de repères ou de distance d’autant que mes camarades pour ne pas troubler ma plongée ne renvoyaient que peu de signes. Du coup à la première quand les spectateurs se sont mis à rire alors que j’étais en scène – et c’est un peu le lot de Sganarelle de faire rire – je ne comprenais pas et croyais stupidement que les autres faisaient des pitreries dans mon dos, je ne pensais pas pouvoir faire rire les gens . Je n’ai compris qu’au moment des applaudissements.
Premier fou rire ?
Ce même Tartuffe du « bide ». Un acteur était je ne sais pas pourquoi fasciné par cette légende de la blague de dernière. On avait beau lui expliquer que ça ne se faisait pas ou plus, que nous n’avions nous même ni vu , ni connu ça , ni ne voulions nous prêter à ce jeu, lui tenait à sa blague et secrètement la prépara. Le soir de la dernière : il lâcha depuis la coulisse un petit chien au moment où Orgon se cachait sous la table pour surprendre Tartuffe. Le spectacle devint injouable , le chien a fait le chien et le fou rire envahit la scène puis la salle et par hoquets jusque la fin de la représentation qui fut un cauchemar de rires .
Premières larmes en tant que spectateur ?
Aujourd’hui c’est mon anniversaire et Je ne reviendrai jamais de Tadeusz Kantor à Beaubourg puis tous les spectacles de Kantor que j’ai vu
Première mise à nue ?
Probablement La liberté pour quoi faire ? et Je suis encore vie deux spectacles que j’ai réalisé moi même et joué
Première fois sur scène avec une idole ?
Jamais
Première interview ?
« Le salmigondi n’est pas le salami qu’on dit » c’était l’improbable titre de cet improbable article qui faisait une pleine page et qui m’était consacré . Je n’étais encore qu’un étudiant et m’étais fait embauché comme assistant au modeste théâtre de Saint Malo . Je ne connaissais rien et tout m’intéressait. L’article était écrit par un jeune philosophe correspondant pour Ouest France à Saint Malo qui se réjouissait de voir un jeune collègue (j’étais en première année de philosophie). Il racontait ma découverte du plateau de la régie, des lumières des costumes, des accessoires, mais ne parlait pas du tout spectacle .
Premier coup de cœur ?
Quai Ouest de Koltès mis en scène par Patrice Chéreau à Nanterre. D’y repenser me fait dire que c’est à ce moment là que tout s’est joué.
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !