Astrid Bayiha est comédienne, autrice, metteuse en scène et chanteuse. Elle a travaillé avec Irène Bonnaud, Gerty Dambury, Eva Doumbia, Bob Wilson, Hassane Kassi Kouyat, Stéphane Braunschweig… Elle sera cette semaine dans la Cour d’honneur du Palais des Papes, dans Welfare de Julie Deliquet. Voici son interview Soir de Première.
Avez-vous le trac lors des soirs de première ?
Oh oui ! Mais plus ou moins selon les spectacles. Ou selon mes casquettes. Son intensité dépend certainement aussi des moments où j’entre en scène, et comment. Cela dit, il va toujours de pair avec une grande excitation et une grande joie de rencontrer le public !
Comment passez-vous votre journée avant un soir de première ?
Je préfère ne pas trop sacraliser cette journée, même si tout mon être tend à le faire. J’essaie donc de me détendre un maximum, grâce à des échauffements, des exercices de respiration ou de méditation – surtout en arrivant dans le théâtre – et je continue de travailler. Je continue d’ailleurs de me dire que cet endroit de travail qu’on explore pendant les répétitions doit aussi être exploré pendant les représentations, et qu’il faudra sans cesse chercher à savourer l’instant présent ! En tout cas le plus possible. Je me concentre sur ça le plus possible.
Avez-vous des habitudes avant d’entrer en scène ? Des superstitions ?
Oui. Mais ça reste entre l’Univers et moi !
Première fois où je me suis dit « je veux faire ce métier ? »
À Ripatransone, dans la Province d’Ascoli Piceno en Italie centrale. J’avais 14 ans, et l’un de nos moniteurs de colo nous faisait chercher nos clowns. Il nous avait aussi dirigé.e.s pour présenter un spectacle de rue, aux habitant.e.s de la commune. C’est face à ce public que j’ai eu un déclic.
Premier bide ?
Il me semble que ça n’est pas encore arrivé. J’espère ne pas me tromper !
Première ovation ?
Pour « Mamiwata », écrit, interprété et mis en scène par moi-même au Théâtre de l’Opprimé. Chaque soir, la rencontre avec le public était absolument magique. Sous mes trois différentes casquettes, j’étais traversée par des émotions que je ne soupçonnais pas.
Premier fou rire ?
Quasiment pour chaque spectacle, à un moment ou un autre, dans les coulisses. Mais sur scène, c’était il n’y a pas longtemps, lors d’une représentation de « Transe-Maître(s) », mis en scène par Elemawusi Agbedjidji au CDN de Rouen. Un de mes partenaires a soudainement dit une phrase incompréhensible pendant une de ses tirades. Heureusement j’étais cachée derrière un élément du décor, et j’avais un certain temps avant d’aller le rejoindre !
Premières larmes en tant que spectateur ?
Au cinéma, devant Forrest Gump. Au théâtre, devant Les Éphémères d’Ariane Mnouchkine.
Première mise à nue ?
Symboliquement, il y a 7 ans, lorsque je chantais dans le spectacle « Les Nègres » mis en scène par Bob Wilson à l’Odéon-Théâtre de l’Europe. Des chants qu’il m’avait demandé d’improviser pendant les répétitions, et qu’il avait gardés tels quels. Et littéralement, dans « Théâtre » de Marcus Borja au Théâtre de la Colline lors du Festival Impatience de l’année 2016. Nous étions 50 acteurs et actrices nu.e.s sur scène, mais dans le noir !
Première fois sur scène avec une idole ?
J’ai du mal avec le terme idole. Je n’idolâtre personne. Disons qu’il y a des personnes dont j’admire le travail, la présence, la générosité ou la virtuosité. Et il y en a pas mal avec lesquel. le.s je me suis retrouvée sur scène !
Première interview ?
La première, vraiment intéressante, c’était il y a 7 ans, à Avignon, pour France TV Info. Je jouais Maryse Condé dans « La Vie dans fards », son autobiographie adaptée et mise en scène par Eva Doumbia, à La Chapelle du Verbe Incarné. Christian Tortel avait croisé mes réponses avec celles de Maryse Condé, qu’il avait également interviewée. C’était très touchant.
Premier coup de cœur ?
« Hamlet » aux Théâtre des Bouffes du Nord, mis en scène par Peter Brook. J’avais 16 ans. Gaëtan Peau, mémorable prof du club de théâtre du lycée Charlemagne, nous avait fait ce cadeau.
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