Dans le Paris d’après 68, Christian Le Guillochet et Luce Berthommé fondent Le Petit Lucernaire, impasse d’Odessa, proche de Montparnasse. Une dizaine d’années après, les travaux qui vont métamorphoser le quartier les poussent à chercher un autre lieu pour leur théâtre. Ce sera dans l’ancienne usine Soudure Autogène, 53 rue Notre-Dame des Champs. Benoît Lavigne, l’actuel directeur, partage ses souvenirs et ses ambitions à l’occasion des 50 ans de ce qu’il convient d’appeler, depuis quelques années déjà, une institution. Le Lucernaire fait la fête ce week-end.
Quel est votre plus ancien souvenir à propos du Lucernaire ?
Mon plus ancien souvenir du Lucernaire est une rencontre avec Christian le Guillochet , le jour où, jeune metteur en scène, j’étais venu lui proposer un spectacle : La Salle 6 adaptée d’une nouvelle de Tchekhov. Il nous avait fait confiance malgré la noirceur du texte et il s’était montré volontaire à défendre notre projet. J’ai alors découvert un homme de théâtre généreux ouvert et curieux, au tempérament volcanique.
Quelle est la plus ancienne histoire que vous connaissez à propos du lieu ?
Peut être la destruction du premier Lucernaire à coup de pioches et de marteau qui a été une grande fête et à laquelle ont participé des artistes comme Terzieff et d’autres encore venus du Café de la Gare (voisin à l’époque) tel que Coluche ou Romain Bouteille. Quand on en voit les images et les photos restantes, on imagine bien la folie de cette journée.
Qu’est-ce qui a changé au Lucernaire en 50 ans et qu’est-ce qui n’a pas changé et que vous souhaitez conserver ?
Tout a changé car le lieu est en perpétuelle transformation, mais aussi parce qu’il doit s’adapter chaque jour au monde d’aujourd’hui, dans sa manière de communiquer par exemple. Le lieu s’est professionnalisé au fil du temps et s’est aussi développé en créant une école de théâtre, une section tournée. Cependant, il est resté le même avec son éclectisme, son foisonnement et son esprit festif et créatif.
Reste-t-il des personnalités des débuts du Lucernaire qui sont toujours impliquées dans le lieu ou ses activités aujourd’hui ? Si oui, qui et à quelle place ?
Philippe Laudenbach, qui a souvent travaillé avec Laurent Terzieff, ou Francine Walter sont deux des figures marquantes : ils ont commencé à jouer au Lucernaire rue d’Odessa et ont continué rue Notre Dame des Champs. Tous deux font partie aujourd’hui du jury du Prix Lucernaire-Terzieff-De Boysson que j’ai crée et qui récompense chaque année une création contemporaine. Il y a aussi nos deux responsables de billetterie Leïla Rifi et Céline Ena, figures incontournables, qui accueillent le public depuis plus de 20 ans.
Comment voyez-vous le Lucernaire dans 50 ans ?
J’espère que le Lucernaire sera toujours un lieu pluriculturel avec du théâtre du cinéma des expositions, un bar, un restaurant, que la création artistique en sera toujours le cœur et le foisonnement et l’éclectisme les moteurs, qu’il sera toujours un lieu de découvertes, un lieu de tous les possibles et un espace de liberté pour les artistes.
Comment, selon vous, est perçu le Lucernaire aujourd’hui par les artistes et les spectateurs ?
Comme un lieu chaleureux et convivial, comme un lieu de créativité joyeux et bohème mais aussi d’un grand professionnalisme. Un lieu en mouvement permanent où se côtoient toutes les générations, tous les théâtres, tous les publics.
Souvent, le Lucernaire est associé à Laurent Terzieff, vous-même vous avez créé un prix à son nom. S’il y avait un autre artiste qui devrait représenter le Lucernaire, qui est-il ?
Ils sont nombreux : je pense à Georges Vitaly comme metteur en scène, mais aussi à Michel Boujenah ou Sylvie Joly en humour, ou à des comédiens comme Michaël Lonsdale, Daniel Emilfork, Denis Lavant qui ont souvent fréquenté ce lieu. Mais bien sûr aussi à Christian le Guillochet qui, pendant 35 ans, a écrit, mis en scène et joué dans ce lieu qu’il avait imaginé et créé.
Qui, selon vous, le Lucernaire a permis de découvrir ? Et qui, à votre connaissance, le Lucernaire a raté ?
Je ne sais pas qui le Lucernaire a raté des artistes tant ils sont nombreux a avoir joués ici. Il a permis en tout cas de découvrir nombres de créateurs comme Gérard Depardieu, Michel Boujenah, Dany Boon, Xavier Gallais, Sébastien Azzopardi, Audrey Dana, Vincent Macaigne et bien d’autres encore…
Propos recueillis par Hadrien Volle – www.sceneweb.fr – Commentaire des photos : Benoît Lavigne
Je vous fais un petit coucou.
En effet j’ai joué en 1978-1979 dans « FACADES » de Jean- jacques Varoujean.
Avec décor (le premier) à être construis . Mise en scène de Christian Le Guillochet
Nouas avons joué 1 an!!! Merveilleux souvenirs!!!!
Vive le Lucernaire!!!!!!
Toute jeune actrice Annie Savarin!!!!