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Item : François Tanguy, par amour du théâtre

À la une, Besançon, Coup de coeur, Gennevilliers, Grenoble, Le Mans, Les critiques, Strasbourg, Théâtre, Toulouse
Jean-Pierre Estournet

Photo Jean-Pierre Estournet

Perché sur son Radeau, le metteur en scène manceau continue de creuser son sillon théâtral, singulier et artisanal, et offre un spectacle hors du temps, à l’érudition rare.

Dans le cadre de la chaire de création artistique qui lui avait été confiée au Collège de France à l’aube des années 2010, Jacques Nichet décrivait ainsi son ressenti face au Chant du bouc, créé en 1991 par François Tanguy : « Nous sommes émus parce que nous approchons de ce qui continue à nous échapper. Ce théâtre nous dit sa vérité sous la forme maintenue d’une énigme. Nous touchons à l’origine du théâtre, à l’origine de la parole et des rêves. Oui, nous restons sur le seuil, profanes, sans comprendre exactement l’oracle qui parle si intensément de nous en nous rendant cette part de mystère à jamais nouée en nous. » Près de 30 ans plus tard, il faut croire que le metteur en scène et sa compagnie n’ont rien perdu de leur mystère, et de leur magie. A l’heure où nombre de spectacles se convertissent, de gré ou de force, à la logique du divertissement, François Tanguy continue, à bord de son Radeau, de ramer à contre-courant, de se laisser guider par « le tremblement de l’artisan » où réside, selon Jacques Nichet, la clef de l’émotion.

Item est, comme ses prédécesseurs, le fruit de longs mois de labeur et d’errance artistique. Chez François Tanguy, le théâtre n’est pas calculé, construit, pré-fabriqué, il advient, surgit, au gré de rencontres avec des textes que chaque comédien empoigne, avant de les conserver ou de les délaisser, au fil de répétitions qui n’en sont pas vraiment. De ce processus créatif instinctif, le spectacle final porte les magnifiques stigmates. Tel un collage au goût de voyage, il vogue de fragment littéraire en fragment littéraire, du Minotauros de Robert Walser aux Métamorphoses d’Ovide, en passant par le Faust de Goethe, l’Orlando furioso de L’Arioste et l’omniprésent Idiot de Dostoïevski. Comme d’autres, François Tanguy prouve alors que le théâtre ne procède pas forcément de la narration, qu’il peut être un condensé d’érudition dont l’énigme originelle fait tout le charme, pour peu que l’on accepte de se laisser porter par ses flots.

Autour de ce substrat composite, la troupe du Radeau a forgé une composition scénique qui a tout du doux mirage. Dans un décor construit à l’avenant, fait de bric et de broc, de planches et de meubles de seconde main, les comédiens apparaissent tels des fantômes théâtraux d’un autre temps, indéfini et indéfinissable. Eclairés par des lumières crépusculaires, ils donnent à entendre les fragments dont ils ont la responsabilité avec une précision rare. Au rythme d’une bande son hétéroclite, où se côtoient Tchaïkovski, Bach, Wagner, Bartók, Berlioz, Stockhausen, Beethoven, Sibelius, Stravinsky, Chostakovitch ou encore John Cage, ils ne se contentent pas de dire les textes, mais les malaxent, jusqu’à atteindre, parfois, leur essence, comme lorsqu’ils s’approprient la scène du « pauvre chevalier », tirée de l’Idiot dostoeïvskien.

De ce théâtre artisanal, naît une fragilité, sensible et singulière. A l’inverse de créations millimétrées à l’excès, celle de François Tanguy paraît sur la corde raide, prête à basculer, voire à s’effondrer, à tout moment. Avec sa liberté créatrice en étendard, elle proclame son amour du théâtre, mais ne vaut pas que pour elle-même. Marquée à maintes reprises du sceau de l’humour, elle sait aussi se faire plus grave, et suggérer en filigrane la précarité de l’Homme, des arts, des nations, et de leur Histoire. A l’image de cette scène finale, où, dans la pénombre, les comédiens entonnent, à la table et à mi-voix, un fragment du poème de Brecht Die Ballade von der Judenhure Marie Sanders : « Un matin, il était neuf heures / elle traversait la ville en chemise, / la tête rasée, / pancarte au cou, / d’un regard froid. La foule hurlait / La chair s’écrase au fond des banlieues, le Führer harangue cette nuit. S’ils avaient en tête une oreille, grand Dieu, ils pourraient savoir, ce qu’ils font d’eux ! »

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

Item
Mise en scène et scénographie François Tanguy
Avec Frode Bjørnstad, Laurence Chable, Martine Dupé, Erik Gerken, Vincent Joly
Son Éric Goudard, François Tanguy
Lumières François Fauvel, Julienne Havlicek Rochereau, François Tanguy
Construction décors Pascal Bence, Frode Bjørnstad, François Fauvel, Éric Goudard, Julienne Havlicek Rochereau, Vincent Joly, Jimmy Péchard, François Tanguy
Coproduction Théâtre du Radeau (Le Mans) ; MC2 : Maison de la Culture de Grenoble, scène nationale ; TNS – Théâtre National de Strasbourg ; Centre dramatique national de Besançon Franche-Comté ; Les Quinconces – L’Espal, scène nationale du Mans ; T2G – Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique national ; Festival d’Automne à Paris
Coréalisation T2G – Théâtre de Gennevilliers ; Festival d’Automne à Paris
Avec le soutien du Théâtre Garonne, scène européenne, Toulouse

Durée  : 1h30

T2G – Théâtre de Gennevilliers, Festival d’Automne à Paris
du 5 au 16 décembre 2019

TNS – Théâtre National de Strasbourg
du 8 au 16 janvier 2020

MC2 : Grenoble
du 11 au 15 février

CDN Besançon
les 11 et 12 mars

Théâtre de Garonne
du 10 au 13 juin

8 décembre 2019/par Vincent Bouquet
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