Le metteur en scène Claude Régy est mort hier à l’âge de 96 ans. L’un des plus grands metteurs français du 20e siècle. Un homme respecté. Il était l’apôtre du silence et de la radicalité. Claude Régy avait lancé la carrière de Gérard Depardieu. Il a connu d’immenses succès avec Delphine Seyrig, Jean Rochefort, Michel Bouquet, Jean-Pierre Marielle ou Pierre Brasseur. Isabelle Huppert qui avait joué dans deux de ses spectacles, Jeanne au bûcher de Paul Claudel et Arthur Honegger en 1992 à l’Opéra Bastille et 4.48 Psychose de Sarah Kane en 2002 aux Bouffes du Nord.
Que conservez-vous de votre travail avec Claude Régy et de ces deux pièces ?
Son exigence, sa liberté et le confort qu’il donnait à ses acteurs. Ce mot peut peut-être surprendre, le confort quand on sait à quel point il étaIt radical. Il exigeait beaucoup. Son engagement avec les acteurs était tel sur les textes que l’on se devait d’atteindre son niveau d’exigence.
On disait de lui qu’il faisait un théâtre de recherche, mais il était aussi très populaire. est ce que vous le ressentiez comme cela ?
Oui, je suis très contente que vous parliez de théâtre populaire à propos de Claude Régy. Car il y avait beaucoup d’émotion et de sensibilité dans ses spectacles. J’ai rencontré beaucoup de gens qui n’avaient pas l’habitude d’aller au théâtre et qui sont sortis bouleversés par 4.48 Psychose. Son théâtre n’était pas sec. Il savait mêler l’abstraction et la sensibilité.
Et il imposait le silence.
Oui et le noir, tout ce qui fait sens au théâtre. Il fuyait le sens premier, l’explication immédiate car il faisait confiance aux spectateurs. C’est magnifique d’écouter un silence au théâtre. Et il le proposait aux spectateurs, il ne l’imposait pas.
Les hommages dans le monde sont unanimes. Aviez-vous mesuré sa popularité ?
J’ai eu la chance de faire une très grande tournée avec 4.48 Psychose, à New-York, à Los Angeles, à São Paulo, à Montréal. Et partout c’était le même étonnement. Son théâtre était surprenant mais il utilisait tous les artifices du théâtre. Ce n’était pas un théâtre pauvre, au rabais, au contraire. Il utilisait au maximum toutes les possibilités techniques du théâtre dans son artificialité, dans son choix de lumières notamment. C’était radical mais très riche.
Propos recueillis par Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Laisser un commentaire
Rejoindre la discussion?N’hésitez pas à contribuer !