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Une Ménagerie de verre sans éclat

Clermont-Ferrand, Décevant, Les critiques, Paris, Théâtre

sabelle Huppert photo Jan Versweyveld

Au Théâtre de l’Odéon, Ivo van Hove livre une version bien peu inspirée de la pièce mythique de Tennessee Williams. A l’onirisme mélancolique du dramaturge américain, il substitue un réalisme flottant qui se ressent cruellement dans le jeu des comédiens, Isabelle Huppert en tête.

Depuis de nombreuses années, on connaît et reconnait Ivo van Hove – et nous l’avons maintes fois écrit ici – pour la précision de son geste artistique, la finesse de sa lecture des oeuvres et sa direction d’acteurs hors pair qui, avec sa troupe de l’Internationaal Theater Amsterdam, émerveille par sa justesse sans faille. Tout l’inverse, ou presque, de ce qu’il donne à voir dans sa version de La Ménagerie de verre, créée, avant une tournée mondiale, au Théâtre de l’Odéon. Tout se passe comme si le metteur en scène flamand était cette fois tombé sur un os, comme si il n’avait pas su, ou pas voulu, donner de cap clair à la pièce de Tennessee Williams, et c’était alors contenté d’un travail fade et bâclé, loin, très loin de sa réputation d’excellence.

Au parti-pris onirique souvent utilisé pour embarquer cette pièce où les souvenirs succèdent au souvenir, comme un enchevêtrement de rêves brisés, Ivo van Hove a répondu par un réalisme flottant qui, sans être totalement naturaliste, tire le quotidien de la famille Wingfield du côté du vécu. Dans un ersatz d’habitation souterraine, qui accentue encore l’impression de huis-clos, Amanda s’impose comme une southern belle tyrannique et étouffante. Venue de ce sud des Etats-Unis qu’elle idéalise encore, cette mère célibataire depuis que son mari l’a brutalement quittée rêve de voir sa fille, Laura, timide maladive, fascinée par sa collection d’animaux en verre, se marier avec un galant homme. Elle charge son fils, Tom, qui fait bouillir la marmite, mais ne songe qu’à s’enfuir pour quitter cette vie sclérosante et rejoindre la marine, de lui trouver un prétendant, avant de mettre les voiles. Sauf que cette volonté se heurte aux multiples mystères qui minent cette famille, l’empêchent d’avancer et la conduisent vers l’abîme.

A trop vouloir respecter les non-dits de la pièce – l’homosexualité présumée du fils qui s’échappe, chaque soir, pour « aller au cinéma », les raisons du départ précipité du père, les causes de l’enfermement enfantin, et quasi autistique, de la fille et son rapport étrange à Jim –, Ivo van Hove en vient à les esquiver. Loin de sa radicalité habituelle, il se contente d’un traitement très superficiel, a minima, de l’oeuvre de Tennessee Williams et ne l’emmène sur aucune voie théâtrale claire qui lui offrirait l’intensité dramatique et la profondeur de champ qu’elle mérite. La scène, pourtant magnifique et bouleversante, de la ménagerie de verre est symptomatique de cette neutralité stérile dans laquelle le metteur en scène flamand s’est curieusement laissé enfermer, et accouche d’un moment tout juste plus touchant que les autres.

Logiquement, la direction d’acteurs est à l’avenant et les quatre comédiens pâtissent de cette paresseuse lecture qui ne leur donne pas les moyens de révéler les enjeux sous-jacents de la pièce. Visiblement insuffisamment préparé au soir de la première, enfermé dans le décor de Jan Versweyveld dont l’illusion et l’étrangeté premières s’émoussent au fil du temps, le quatuor s’enlise dans un jeu pour le moins flottant et peine à offrir du relief à des personnages devenus, pour la plupart, ectoplasmiques. Si Justine Bachelet réussit à émouvoir, dans les dernières encablures, sous les traits de la complexe Laura, Cyril Gueï et Nahuel Pérez Biscayart ne semblent pas avoir trouvé la clé pour procurer à Jim et Tom toute l’épaisseur et la complexité qu’ils requièrent. Quant à Isabelle Huppert, intraitable et combative Amanda, elle n’en finit pas de cabotiner et écrase son personnage sous sa propre présence. Sans finesse, hésitante dans ses intentions, elle se réfugie dans un surjeu qui masque mal ses approximations. Preuve, s’il en fallait une, que la réunion d’une grande pièce, d’une grande actrice et d’un grand metteur en scène ne suffit pas, sans autre forme d’intervention, à donner naissance à un grand spectacle.

Vincent Bouquet – www.sceneweb.fr

La Ménagerie de verre
de Tennessee Williams
Mise en scène Ivo van Hove
Avec Isabelle Huppert, Justine Bachelet, Cyril Gueï, Nahuel Pérez Biscayart
Traduction française Isabelle Famchon
Dramaturgie Koen Tachelet
Scénographie, lumière Jan Versweyveld
Costumes An D’Huys
Son, musique George Dhauw
Assistant à la mise en scène Matthieu Dandreau
Assistant à la scénographie Jordan Vincent
Assistant à la lumière François Thouret
Assistante aux costumes Angèle Mignot

Production Odéon-Théâtre de l’Europe
Coproduction La Comédie de Clermont-Ferrand scène nationale, Onassis Stegi – Athènes, Les Théâtres de la Ville de Luxembourg, Thalia Theater – Hambourg, deSingel – Anvers, Barbican – Londres

Durée : 2 heures

Odéon-Théâtre de l’Europe, Paris
du 6 mars au 26 avril 2020

La Comédie de Clermont-Ferrand
du 5 au 8 mai

deSingel, Anvers
du 28 au 30 mai

Barbican, Londres
du 5 au 11 juin

New National Theatre, Tokyo
du 11 au 14 septembre

Thalia Theater, Hambourg
les 21 et 22 novembre

Théâtre de la ville de Luxembourg
les 5 et 6 décembre

Onassis Stegi, Athènes
du 18 au 20 décembre

4 mai 2021/par Vincent Bouquet
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