Le spectacle commence au moment où le fiancé de la jeune femme rentre du front. Elle lui lit les pages de son journal intime. Il découvre l’horreur. Et s’enfuit. « Au delà du portrait d’une femme allemande de 1945, ce texte nous ramène à la question de la place des femmes dans la guerre, comme butin souvent, explique Tatiana Vialle qui met en scène le spectacle. Mais cette histoire là est aussi particulière puisque les Allemands sont aussi des vaincus monstrueux, ce sont des monstres terrassés dont on peut abuser ». Lorsque qu’un soldat soviétique demande à la jeune femme d’où vient le mot fascisme, elle fait référence à Mussolini, sans penser à son pays. Et ce n’est que plus tard qu’elle découvre l’horreur des camps de concentration. Le peuple allemand, dans une grande majorité a subi la guerre des nazis. A ce titre pour prolonger le spectacle, il convient de se plonger dans l’excellent roman de Hans Fallada « Seul dans Berlin » écrit en 1947 qui raconte la vie des berlinois au début des années 40, et le courage d’une poignée d’habitants décidés à résister et dénoncer le nazisme. Ce que n’a pas fait cette femme qui a subi les évènements.
Isabelle Carré est juste et sensible. Son jeu d’une grande sobriété est poignant. Elle raconte simplement son histoire, avec émotion. On se dit alors que les effets de mise en scène sont superflus. Dans un décor qui rappelle le délabrement de Berlin, le mur décrépi de l’appartement de la jeune femme vient soutenir les déchirures de l’âme de la jeune femme. Mais cela est il utile, tant le texte est fort. Il se suffit à lui.
Stéphane CAPRON – www.sceneweb.fr
Une femme à Berlin d’après un texte anonyme
traduction française de Françoise Wuilmart, © Editions Gallimard.
mise en scène Tatiana Vialle
avec Isabelle Carré et Swann Arlaud
lumières Dominique Fortin
décors Jean Haas
musique Dominique Mahut
costumes Marie-Claude Altot
assistante à la mise en scène Margaux Eskenazi
production Théâtre du Rond-Point / Le Rond-Point des tournées,
coproduction Nouveau Théâtre d’Angers / CDN Pays de la Loire, en partenariat avec SIC
Du 3 au 28 mai 2011
Du mardi au samedi à 21h00
Isabelle Carré défend sur scène ce texte fort, dérangeant, nécessaire. La silhouette raide et frêle, les petits poings serrés, elle est à la fois fragile et combattante, déterminée à rompre le silence pour survivre. Jamais elle ne se livre à un jeu démonstratif, la performance ne serait pas intéressante; au contraire sa belle interprétation est sensible et vibrante grâce à une émotion vive mais contenue, toujours juste. La gorge serrée, on applaudit sans réserve.
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Très beau spectacle, Isabelle Carré magnifique, une mise en scène sobre et intelligente qui nous laisse des respirations (un moment de danse par exemple) juste quand il faut.