Isabelle Carré est seule en scène au Théâtre de l’Œuvre pour cinquante représentations. Elle incarne Audrey Hepburn dans une adaptation du roman « L’Instant de grâce » de Clémence Boulouque. Une histoire bien simple à côté du grand destin qu’elle essaye de dépeindre.
À l’initiative de celui qui est alors son mari, Mel Ferrer, Audrey Hepburn se retrouve face à son père attablée au bar d’un hôtel. Durant un long entretien, la fille essaye de dire à cet homme, chemise noire fascinée par le nazisme qui l’a abandonnée à l’aube de la Seconde Guerre mondiale, tout ce qu’elle a sur le cœur.
Isabelle Carré est fine et, comme à son habitude, d’une belle élégance. L’ambiance est à l’image de l’actrice : quelques notes de guitare douce habillent un intérieur chic : c’est simple, le spectateur est à l’écoute. Isabelle Carré parle, assise durant l’heure de la représentation dans un fauteuil chesterfield, prise par une mise en scène où l’économie de mouvements est proportionnelle à la profondeur du texte : réduite à minima.
Car il est aisé de comprendre pourquoi la prose de Clémence Boulouque plaît : dans un style simple, répétitif, chronologique et sans trop d’imagination, elle raconte l’histoire d’une figure qui, plusieurs décennies après ça mort, continue de passionner les amateurs de glamour. Comme le fascisme que le roman dénonce, il fournit des réponses faciles à des problèmes compliqués. Les poncifs sur l’absence de père, l’abandon, ne sont rendus intéressants que par le seul nom que porte celle qui en est la victime. Pour raconter la relation compliquée et absente d’un père et son enfant après la Seconde Guerre mondiale, tout le monde n’a pas le talent de Patrick Modiano.
Alors, prisonnière d’une ligne qui laisse peu de place au développement d’un jeu profond, à travers des tergiversations prévisibles donc ennuyeuses, Isabelle Carré tourne en rond dans les escarpins d’Audrey Hepburn.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
« Le Sourire d’Audrey Hepburn »
D’après « Un instant de grâce » de Clémence Boulouque (éditions Flammarion)
Adaptation : Clémence Boulouque
Mise en scène : Jérôme Kircher
Avec : Isabelle Carré
Décor et costume : Thibaut Welchlin et Edouard Laug
Lumière : Franck Thévenon
Durée : 1h10Théâtre de l’Oeuvre
Du 02 novembre 2016 au 8 janvier 2017
50 représentations exceptionnelles
Du mercredi au samedi 19h, le dimanche à 18h
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