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Le sourire de Darwin : la magie d’Isabella Rossellini

A voir, Les critiques, Nice, Théâtre

Photo Virginie Lançon

Mise en scène par Muriel Mayette-Holtz, l’immense comédienne mêle les deux passions de sa vie, le jeu et l’éthologie, dans un spectacle aussi tonique que réjouissant.

C’est une conférence d’un genre étrange, quelque part entre l’exposé, le théâtre et le seule-en-scène. C’est un spectacle attachant porté par une immense actrice, Isabella Rossellini, qui s’est mise en tête de réunir les deux passions de sa vie, le jeu et l’éthologie ; à savoir « l’étude du comportement des espèces animales dans leur milieu ou dans un environnement expérimental, par des méthodes scientifiques d’observation et de quantification », dixit le Larousse. Il fallait le faire. Sur le papier, le projet que met en scène Muriel Mayette-Holtz a l’allure d’un drôle de défi. En réalité, il n’en est rien : tout ici est naturel, spontané, authentique… Et logique ! La voilà, donc, Isabella Rossellini, sur le plateau de la salle des Franciscains, au cœur du vieux Nice, où le Théâtre National vient de prendre ses quartiers. Elle porte une longue robe noire et les cheveux courts. Ses pieds sont nus et sa peau diaphane. Déjà, son sourire enveloppe le public…

Mais c’est celui de Darwin dont il est ici question, dans un premier temps en tout cas. L’actrice s’y connaît, que l’on ne se trompe pas. Depuis toujours, les animaux la touchent et leur comportement la sidèrent. Dans la deuxième partie de sa vie, entre deux films, elle s’inscrit enfin à l’université pour aller au bout de sa curiosité. La voilà désormais capable de nous parler des caractéristiques secondaires des crustacés avec humour, précision et pédagogie (Isabella Rossellini aurait fait une excellente professeure). On se souvenait de Green Porno, une série de courts-métrages débutée en 2008 (trois saisons quand même) où elle exposait l’accouplement des insectes, incarnant les intéressés dans des costumes bariolés ; une espèce de performance artistique contemporaine, aussi loufoque que remarquablement documentée (impulsés par Robert Redford, les programmes furent diffusés sur la chaîne Sundance).

Mais ce soir, l’actrice a choisi de tisser des liens entre le monde animal et le jeu. Avec sa vie, son panache. Et il y a matière ! Elle met en relation les parades amoureuses des oiseaux et l’expression des comédiens devant la caméra. Elle raconte ses souvenirs face à l’objectif du photographe de mode Richard Avedon, puis enfile des costumes de paon et de gorille, imite des poules qui caquettent et les rats qui se marrent (sommes-nous si différents ?), évoque sa mère Ingrid Bergman sur le tournage de Casablanca et son père Roberto Rossellini sur le plateau de ses films, dévoile ses méthodes de travail et donne un sens à la disparition de la pilosité humaine (« le plus long strip-tease de l’histoire »). Cette courte pièce (1 h 15) est menée tambour battant par Muriel Mayette-Holtz, la directrice du théâtre (les deux artistes se sont rencontrées pour la création de la pièce Bestiaire d’amour au Printemps des Comédiens en 2013), qui mêle habilement les projections vidéo et le jeu de son actrice.

Choisis avec précaution, les mots qui suivent seront forcément maladroits (mais comment ne pas écrire ce que l’on pense ?). Ce qui est beau et ce qui est rare, ici, c’est aussi la performance d’une actrice de 69 ans, qui se moque des injonctions jeunistes et sexistes, pesantes sur sa profession. Loin de nous l’idée qu’il existerait des façons de vieillir meilleures que d’autres, surtout dans la peau d’une femme et de surcroît une comédienne. Mais sur scène, Isabella Rossellini semble tellement à l’aise dans son corps – se photographiant en selfie, virevoltant d’un bout à l’autre du plateau, s’approchant de la caméra qui la filme en direct, imitant les bêtes – qu’elle donne envie de vieillir. Parce qu’à condition, comme elle, de préserver sa curiosité, l’expérience est surprenante, drôle, intéressante. La passion des caractéristiques secondaires des crustacés peut nous tomber dessus à n’importe quel moment. Alors, profitons-en.

Igor Hansen-Love – sceneweb.fr

Le Sourire de Darwin

Un spectacle conçu par Isabella Rossellini

Mise en scène Muriel Mayette-Holtz

Conception et jeu Isabella Rossellini

Décor et costumes Rudy Sabounghi

Lumière Pascal Noël

Musique Cyril Giroux

Vidéos Andy Byers, Rick Gilbert

Assistant d’Isabella Rossellini Gregorio Franchetti

Assistant modélisation décor Julien Soulier

Assistant costumes Quentin Gargano-Dumas

Production Théâtre National de Nice – CDN Nice Côte d’Azur

En collaboration avec Les Visiteurs du soir

Durée : 1 h 15

La Scala Paris
Du 19 au 24 novembre 2024

2 mai 2022/par Igor Hansen-Løve
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