Le collectif catalan emmené par Maria Muñoz et Pep Ramis déploie Inventions au Festival d’Avignon. Une pièce poétique, adaptée pour la Cour du Lycée Saint-Joseph, qui croise danse contemporaine, musique et chant baroque. Malgré une exécution sans faille, leur écriture manque d’inventivité.
Danse, musique et textes poétiques coexistent dans leurs spectacles, sur un pied d’égalité. Formé en 1989, le collectif catalan Mal Pelo, avec, à sa tête, les chorégraphes Maria Muñoz et Pep Ramis, élabore au fil des années des constellations artistiques. Collaborations qu’ils font germer au Mas Espolla, au nord de Gérone, leur lieu de résidence. En 2004, ses membres amorcent un cycle de recherche autour du compositeur Jean-Sébastien Bach, dont Inventions, présenté au 77e Festival d’Avignon, est l’avant-dernier volet. Cette digression poétique prend la forme d’un ensemble syncrétique mouvant, dont l’esthétique reste pourtant figée dans le passé.
Huit danseurs, un quatuor à cordes et un quatuor à voix occupent la scène, toutes et tous vêtus de noir, bien répartis dans l’espace. Comme pour créer un poème collectif, chaque artiste se déploie, fait résonner des chœurs, des traversées dans l’espace, à pied ou sur roulettes. Sur cet ensemble dansant se superposent des textes, projetés sur la façade du lycée Saint-Joseph, où l’on croise les paysages de l’italien Erri de Luca, Les chevaux de lumière de Nick Cave et les souvenirs de John Berger. Histoire de convoquer d’autres imaginaires ?
Sans jamais quitter la scène – malgré quelques pauses sur les côtés du plateau –, les interprètes témoignent d’une cohésion touchante. La musique et les chants baroques sans fausse note co-habitent avec une danse libre, pressée et légère, tantôt dispersée à travers le plateau ou bien cadrée en lignes. Sans narration claire, des passages plus expressifs surgissent par moment – Pep Ramis qui incarne un moine –, tout comme des éléments de scénographie évoquant la nature : végétaux (tronc d’arbre qui pend du plafond) ou minéraux (pierres accrochées à des fils de fer). Malgré la fluidité de cet ensemble poétique, qui s’intègre avec grâce dans l’architecture de la Cour du lycée Saint-Joseph, l’esthétique de Mal Pelo semble ne pas avoir beaucoup bougé depuis le milieu des années 2000. Quant à son écriture du mouvement, elle peine à affirmer une singularité.
Belinda Mathieu – www.sceneweb.fr
Inventions
Chorégraphie et interprétation Leo Castro, Enric Fàbregas, Miquel Fiol, Ona Fusté, María Muñoz, Federica Porello, Pep Ramis, Zoltán Vakulya
Quatuor à cordes Joel Bardolet (violon), Daniel Claret (cello), Jaume Guri (violon), Masha Titova (viole)
Quatuor à voix Giorgio Celenza (basse), Mario Corberán (ténor), Quiteria Muñoz (soprano), David Sagastume (contre-ténor, en alternance avec Hugo Bolívar)
Mise en scène María Muñoz, Pep Ramis
Direction musicale Joel Bardolet
Musique Jean-Sébastien Bach
Scénographie Pep Aymerich, Pep Ramis
Lumière Luís Martí, August Viladomat
Vidéo Leo Castro
Son Andreu Bramon, Fanny Thollot
Costumes CarmePuigdevalliPlantés
Textes Nick Cave, Erri de Luca
Assistanat à la mise en scène Leo Castro, Federica Porello
Assistanat à la direction musicale Quiteria Muñoz
Scénario Pep AymerichProduction Mal Pelo
Coproduction Festival Grec Barcelona, Festival Temporada Alta (Girona), Mercat de les Flors (Barcelona), Théâtre de la Ville (Paris), La Vilette (Paris), ICEC Departament Cultura de la Generalitat de Catalunya, Dipùtació de Girona and for the 77th edition of the Festival d’Avignon: the Cultural Office of the Spanish Embassy in Paris.
Avec l’aide de L’animal a l’esquena, Celrà, Théâtre de la Ville (Paris), La Villette (Paris).Durée : 1h
Festival d’Avignon 2023
Cour du Lycée Saint-Joseph
du 20 au 25 juillet, à 22hLa Rampe-La Ponatière, Échirolles
le 17 octobreLa Rose des vents, Scène nationale Lille Métropole, Villeneuve-d’Ascq
les 19 et 20 octobre
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