Clément Poirée prend la suite de Philippe Adrien à la tête du Théâtre de la Tempête, situé à la Cartoucherie. Pour le public, la passation se fait à partir du 22 juin avec la présentation du Banquet de la Baye, pièce écrite il y a 50 ans par Adrien et que le nouveau directeur « met en bouche ». Rencontre.
Vous prenez la succession de Philippe Adrien au Théâtre de la Tempête. Vous travaillez avec lui depuis l’an 2000, comment votre collaboration a-t-elle débutée ?
Au moment où nous nous sommes rencontrés avec Philippe Adrien, le théâtre était loin de mes préoccupations, j’étais tourné vers la sociologie politique. Adrien m’a marqué par sa mise en scène d’Excédent de poids, insignifiant : amorphe de Werner Schwab en 1999. Après avoir vu le spectacle, j’ai demandé à faire un stage avec lui. Celui-ci portait sur Le Roi Lear. Après cette première expérience, Philippe Adrien et moi avons commencé à travailler ensemble. Je suis devenu son assistant et collaborateur régulier.
Vous avez été longtemps « collaborateur artistique » ou « assistant à la mise en scène » sur les spectacles de Philippe Adrien, derrière ces termes abstraits, quelle forme prenait votre travail ?
C’était très variable. J’ai beaucoup aimé cette position et je n’aurais pas pu l’assurer pour quelqu’un d’autre que Philippe Adrien. Cette collaboration que j’ai entretenue avec lui est à l’image du théâtre : très impure, bavarde. Il s’agissait pour moi de faciliter la vie d’une troupe au travail. J’étais sollicité aussi bien pour faire les photocopies ou apporter les cafés que pour avoir des discussions sur le bon déroulement dramaturgique de la pièce ! C’était une position enviable pour moi qui ne connaissais rien au théâtre et qui me suis retrouvé à l’apprendre sur le tas. Je suis devenu un rouage entre les différents corps de métiers qui cohabitent le temps d’un spectacle. Cette expérience m’a été nécessaire pour pouvoir me lancer ensuite dans mes propres projets, sans pour autant arrêter de travailler avec Philippe Adrien, à son grand étonnement, car c’était une aventure d’apprenant que je voulais continuer. Durant toutes ces années, c’est véritablement lui qui m’a formé comme son successeur, la passation qui a lieu aujourd’hui est assez artisanale finalement.
Vous prenez la suite après 30 ans de direction d’Adrien, quels sont les continuités et les ruptures que vous allez mettre en œuvre ?
Un mélange des deux ! Je serai dans la continuité des grands principes qui font La Tempête : le partage de l’outil, l’accueil des compagnies qui n’ont pas de lieu de travail et d’exposition à Paris. Nous sommes heureux, à La Tempête, de pouvoir accueillir des spectacles pour de longues durées, de pouvoir vivre littéralement avec des compagnies pendant plusieurs semaines voire plusieurs mois dans un lieu occupé en permanence. Cette relation dans le temps est aussi une relation qui se construit avec le public. Ce théâtre est un lieu de vie et de partage et j’y tiens beaucoup. Je ne recherche pas à opérer une rupture particulière, j’arrive avec mon approche du théâtre, ma curiosité, et je pense que La Tempête peut en profiter. On verra bien ! Je reste dans une pratique de l’instant, on ne peut pas planifier froidement l’avenir.
Comment voyez-vous La Tempête dans le paysage théâtral actuel ?
On est attentif aux fables, à ce que l’on dit au public, comment nous pouvons émouvoir. Donc l’écriture est au cœur de notre projet, qu’elle soit contemporaine, de répertoire ou de plateau. Nous resterons des raconteurs d’histoire.
Propos recueillis par Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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