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L’oratorio fantôme de Gurshad Shaheman

À la une, Coup de coeur, Festival d'Avignon, Les critiques, Théâtre

photo Christophe Rayneud de Lage

Après son triptyque autofictionnel Pourama Pourama, l’artiste iranien Gurshad Shaheman quitte le plateau dans Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète pour mettre en scène d’autres voix d’exilés. Il imagine pour cela un étonnant oratorio où guerre et amour résonnent à l’unisson.

 Pourama Pourama s’est fait connaître comme une bonne adresse qu’on ne révèle qu’à ses meilleurs amis. Lentement, mais sûrement. Car dans ce spectacle qui réunit trois solos autofictionnels écrits par Gurshad Shaheman entre 2012 et 2015 grâce au soutien du festival Les Rencontres à l’échelle, les spectateurs – moins de cent chaque soir – sont des hôtes d’un genre particulier. Invités à toucher l’artiste, à se régaler du repas qu’il prépare devant eux puis à pénétrer dans son boudoir tout en écoutant le récit de sa vie d’homosexuel né en Iran pendant la Révolution, les chanceux qui ont pu voir le spectacle se réjouissaient d’avance du nouveau rendez-vous promis cette année par le Festival d’Avignon. Non sans craindre que pareil bonheur ne soit pas au rendez-vous.

Il pourra toujours dire que c’est pour l’amour du prophète fait d’emblée s’envoler cette crainte. On est ailleurs. Avec d’autres personnes. À la place du troublant et lumineux Gurshad Shaheman, ce sont en effet quatorze élèves comédiens de l’Ensemble 26 de l’École Régionale d’Acteurs de Cannes et Marseille. Assis ou allongés dans la pénombre, le geste rare, ils semblent échoués là depuis longtemps. En attente, mais sans fébrilité. Spectraux. Tous équipés d’une petite lampe qui leur permet d’organiser leur propre apparition, ils entament une partition conçue par le metteur en scène à partir de témoignages d’exilés rencontrés à Athènes et à Beyrouth. Des artistes et des personnes de la communauté LGBT originaires du Maghreb et du Moyen-Orient, dont quatre partagent la scène avec les comédiens, ne s’exprimant que par quelques phrases en arabe, une danse ou chant, avant de retrouver le silence. Comme pour témoigner du processus de création, de son honnêteté.

Prononcés à mi-voix, sans que l’on puisse toujours en identifier la source, ces récits réécrits par Gurshad Shaheman sous forme d’un oratorio sont traversés par les mêmes désirs et les mêmes douleurs que Pourama Pourama. Par bribes, il est question d’amours entre personnes du même sexe, de guerre puis d’exil. Cela dans une langue très simple, presque « au couteau » comme celle d’Annie Ernaux, à laquelle chaque histoire donne subtilement une couleur différente. Comme ceux de Gurshad Shaheman dans son triptyque, les mots sont coupés des corps qui les portent. À la différence qu’ici, les interprètes ne font rien pour combler cet écart. Ce jeu. Au contraire, ils l’entretiennent avec soin tout au long du spectacle, de même que la distance qui les sépare des spectateurs.

La relation des comédiens aux récits qu’ils portent n’est jamais explicitée. Ils ne les incarnent pas, mais n’en sont pas non plus les simples passeurs. Dans cet entre-deux où sont bannis les codes habituels de la représentation, ils approchent eux aussi une forme d’exil. Mêlés au paysage sonore imaginé par Lucien Gaudon, les morceaux de vie qu’ils charrient sont d’autant plus saisissants qu’ils mettent la langue française en situation d’étrangeté. En utilisant ainsi la langue de son pays d’accueil, Gurshad Shaheman place le travestissement sur le plan du langage. Avec lui, l’exil a trouvé une voix et des corps singuliers. Nécessaires.

Anaïs Heluin – www.sceneweb.fr

Il pourra toujours dire que c’est l’amour du prophète
Avec Marco Brissy Ghadout, Flora Chéreau, Sophie Claret, Samuel Diot, Léa Douziech, Juliette Evenard, Ana Maria Haddad Zavadinack, Thibault Kuttler, Tamara Lipszyc, Nans Merieux, Eve Pereur, Robin Redjadj, Lucas Sanchez, Antonin Totot

Texte et conception Gurshad Shaheman
Dramaturgie Youness Anzane
Son Lucien Gaudion
Scénographie Mathieu Lorry Dupuy
Lumière Aline Jobert
Assistanat à la mise en scène Thomas Rousselot
Collecte de paroles Amer Ghaddar

Production Festival Les Rencontres à l’échelle / Les Bancs Publics (Marseille)
Coproduction Centre dramatique national de Normandie-Rouen,
Pôle Arts de la Scène – Friche la Belle de Mai, Festival d’Avignon,
Le Phénix Scène nationale de Valenciennes, CCAM Scène nationale de Vandoeuvre-lès-Nancy, Festival Passages et Théâtre de Liège dans le cadre du réseau Bérénice soutenu par le programme Interreg V Grande Région, École régionale d’acteurs de Cannes-Marseille
Avec le soutien de la Villa Médicis Hors les Murs – Institut français, La chambre d’eau (Le Favril)
En partenariat avec France Médias Monde
Durée : 1h30

Festival d’Avignon 2018
Gymnase du lycée Saint-Joseph

12 juillet 2018/par Anaïs Heluin
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