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Ibsen Huis, une descente dans l’Enfer familial

À la une, Coup de coeur, Festival d'Avignon, Les critiques, Théâtre

Ibsen huis © Jan Versweyveld

Invité pour la première fois au Festival d’Avignon, Simon Stone propose dans Ibsen Huis le scrutage décapant et bouleversant d’une famille déliquescente dont les membres sont inspirés de l’œuvre d’Ibsen complètement actualisée et réinventée. Avec la formidable troupe du Toneelgroep Amsterdam, il signe un spectacle prodigieux d’intelligence et de sensibilité.

Au centre de la Cour du Lycée Saint-Joseph, une maison haute, sur étages, construite en bois et en verre, renferme derrière ses baies vitrées ses pièces spacieuses et lumineuses qui regorgent d’obscurs secrets. C’est elle le personnage principal de la pièce. Abri, refuge, prison, ce large écrin voit se jouer en son sein les relations ambivalentes des êtres complexes qui l’habitent, tous unis par les liens du sang. Tournant sur elle-même dans un mouvement tantôt vif tantôt lancinant, cette scénographie magistrale permet d’exposer sans compromis l’intimité d’un monde apparemment pacifique et pacifié où devrait s’épanouir un possible bonheur familial. Mais la concrétisation d’un rêve somme toute bourgeois se voit impitoyablement contredit durant les quatre heures de représentation qui suivent, dans une chronologie chamboulée, plusieurs générations sur plusieurs décennies tendre à la catastrophe.

Car fatalement, s’effondreront les confortables mais illusoires idéaux que croit tenir le patriarche Cees. Ce dernier voit ébranler sa rigoriste et suspicieuse autorité alors que d’horribles révélations éclatent. C’est avec une stature noble et un fond diabolique que Hans Kesting l’interprète excellemment. Architecte de profession, il n’est pas sans rappeler le constructeur Solness. Tous les personnages sortent du théâtre d’Ibsen et on identifie, malgré les changements d’identités, des traits de caractère et des histoires en filigrane, la soif de liberté et de transgression qui les anime, l’angoisse et le conformisme qui les empêchent. Sans héroïsme, des personnages véritablement poignants se trouvent précipités dans l’urgence de la vie. Ils doivent faire des choix, passer à l’acte ou renoncer, assumer ou regretter leurs répercussions dramatiques.  Les corps et les âmes s’exposent dans des bouts de vie, toutes douloureuses et passionnantes, en proie aux doutes, aux crises, au mal. Ils disent le besoin et le manque d’amour, de changement, de résistance, se confrontent à la maladie, au deuil, dans un climat doux et électrique.

Thomas Ostermeier a imposé à Avignon des versions saisissantes de Maison de poupée ou d’un Ennemi du peuple qui prouvaient par un réel tour de force l’actualité politique et intime d’Ibsen et sa pertinence à éclairer nos vies contemporaines. Le geste de Simon Stone que l’on découvre encore en France va encore plus loin. Usant d’une pratique de transposition et de réécriture systématiques des œuvres, il installe d’emblée une immédiate familiarité, une proximité évidente, entre le texte classique dont il s’empare et le public qui le reçoit comme une pièce inédite. Familier du répertoire du dramaturge norvégien – le metteur en scène a déjà monté Le Canard Sauvage et John Gabriel Borkman – il puise cette fois dans toutes les pièces qu’il compile à sa guise pour en tirer une fresque sidérante.

Simon Stone se fait un génial observateur de l’existence moderne. Il peut compter sur le jeu à la fois tout en retenu et follement explosif des acteurs néerlandais. Certains sont des habitués d’Avignon, déjà remarqués dans les productions d’Ivo van Hove. Ils sont époustouflants de vérité.

Découpé en trois parties qui, à l’inverse de Dante, passe du paradis à l’enfer, le spectacle progresse vers le cauchemar. Et comme ces revenants qui réapparaissent tous âges confondus entre les cloisons nues et les pièces vides de la maison vouée à l’anéantissement, il nous hantera longtemps.

Christophe Candoni – www.sceneweb.fr

Ibsen Huis
Texte et mise en scène Simon Stone
Dramaturgie et traduction Peter van Kraaij
Musique Stefan Gregory
Scénographie Lizzie Clachan
Lumière James Farncombe
Costumes An D’Huys
Assistanat à la mise en scène Nina de la Parra
Avec Claire Bender, Janni Goslinga, Aus Greidanus jr., Maarten Heijmans, Eva Heijnen, Hans Kesting, Bart Klever, Maria Kraakman, Celia Nufaar, David Roos, Bart Slegers
Production Toneelgroep Amsterdam
Avec le soutien de Gert-Jan et Corinne van den Bergh et pour la 71e édition du Festival d’Avignon : Dutch Performing Arts Fund
durée estimée 3h45 entracte compris
spectacle en néérlandais surtitré en français

71e édition du Festival d’Avignon
15 16 | 18 19 20 JUILLET
À 21H
COUR DU LYCÉE SAINT-JOSEPH

16 juillet 2017/par Christophe Candoni
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