Le chorégraphe danseur, cinéaste et auteur Raimund Hoghe est décédé à l’âge de 72 ans. Le Tanzhaus NRW l’a annoncé vendredi soir à Düsseldorf sur son site internet. Hoghe a travaillé comme dramaturge pour la célèbre chorégraphe de Wuppertal Pina Bausch dans les années 1980. En 1994, il chorégraphie Meinwärts son premier solo en tant que danseur.
Raimund Hoghe est né à Wuppertal. Il a commencé sa carrière en écrivant pour l’hebdomadaire allemand « Die Zeit » des portraits de petites gens et de célébrités, rassemblés par la suite dans plusieurs livres. De 1980 à 1989, il a été le dramaturge de Pina Bausch au Tanztheater Wuppertal, ce qui a également donné matière à la publication de deux livres. Depuis 1989, il s’est attelé à l’écriture de ses propres pièces de théâtre qu’ont jouées divers acteurs et danseurs. 1992, début de sa collaboration avec Luca Giacomo Schulte qui est à ce jour son collaborateur artistique. C’est en 1994 qu’il monte en personne sur la scène pour son premier solo Meinwärts qui forme, avec Chambre séparée (1997) et Another Dream (2000), une trilogie sur le XXe siècle.
Parallèlement à son parcours théâtral, Hoghe travaille régulièrement pour la télévision. En 1997, pour le compte de la WDR (la télévision ouest-allemande) il met en scène Der Buckel, un autoportrait long de soixante minutes. Ses livres ont été traduits en plusieurs langues et de nombreux pays d’Europe, ainsi que d’Amérique du Nord et du Sud, d’Asie et l’Australie, l’ont invité à donner ces spectacles. Il vit à Düsseldorf et a recu plusieurs prix, dont le « Deutscher Produzentenpreis für Choreografie « en 2001, le Prix de la critique Française en 2006 pour Swan Lake, 4 Acts dans la catégorie « Meilleur spectacle étranger «. Pour l’année 2008, les critiques du magazine ballet-tanz le consacrent « Danseur de l’année «. En 2019, le ministre français de la Culture le nomme Officier de l’ordre des Arts et des Lettres. Cette récompense a été décernée à Raimund Hoghe en reconnaissance de sa « contribution extraordinaire à la collaboration culturelle entre l’Allemagne et la France. »
« Jeter son corps dans la bataille », a écrit Pier Paolo Pasolini. Ce sont ces mots qui l’ont inspiré à monter sur la scène. « Mes autres sujets d’inspiration sont la réalité qui m’entoure, le temps dans lequel je vis, ma mémoire de l’histoire, les gens, les images, les sensations, la puissance et la beauté de la musique ainsi que la confrontation avec le corps – qui dans mon cas, ne répond aux idéaux conventionnels de beauté » disait Raimund Hoghe. « Voir sur la scène des corps qui s’éloignent de la norme est important – non seulement du point de vue de l’histoire, mais aussi du point de vue de l’évolution actuelle qui tend à rabaisser le statut de l’homme à celui d’artefacts ou d’objets design. Et quant au succès : il importe avant tout d’être capable de travailler et de poursuivre son propre chemin – avec ou sans succès. Je fais simplement ce que j’ai à faire. »
Plus de trente ans après sa première venue au Festival d’Avignon aux côtés de Pina Bausch Raimund Hoghe avait proposé pour la 72e édition de recréer 36, avenue Georges Mandel et de l’adosser à sa nouvelle pièce Canzone per Ornella. Son invitation au public à reprendre le fil de rendez-vous précieux et intimes est à l’image de sa composition emplie de sobriété mais aussi de chants libérateurs. à travers deux figures féminines qui le touchent particulièrement, Raimund Hoghe choisit de s’exposer aux feux de la mythique voix de Maria Callas et de rendre hommage à Ornella Balestra, danseuse et compagne de plateau. À partir de quelques vêtements, objets, images, de simples déplacements et de gestes délicats, il assemble un travail de réduction et de ritualisation qui ouvre aux rêves.
Raimund Hoghe aurait du présenter en avril 2020 à La Ménagerie de Verre son dernier spectacle Musique et mots pour Emmanuel, un solo créé pour le danseur et chorégraphe français Emmanuel Eggermont avec lequel il avait débuté une collaboration il y a plus de dix ans. Ils ont créé au cours de cette période des pièces qui ont rencontré un franc succès dans le monde entier comme par exemple L’Après-midi. Ce solo composé par Hoghe en 2008 pour Emmanuel Eggermont a non seulement été invité dans de nombreux pays européens mais aussi en Amérique du Nord et du Sud, en Asie, et l’année dernière en Israël. Avec sa pièce Musiques et mots pour Emmanuel, Raimund Hoghe poursuit sa collaboration étroite avec ce danseur extraordinaire. Pour cela, il ne s’est pas uniquement contenté de sélectionner une large palette de morceaux de musique pour Emmanuel Eggermont mais il met aussi en relation le danseur avec des textes tirés de différentes époques et en provenance de différents pays, lus dans des enregistrements d’archive par Oskar Werner, Pier Paolo Pasolini, Hervé Guibert pour ne citer qu’eux. Cet univers habité par la musique et par les mots offre à Emmanuel Eggermont un espace d’expression où il peut déployer ses talents artistiques incomparables.
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