Le malade imaginaire est célèbre, non-seulement pour sa qualité, mais aussi et surtout parce que c’est la dernière que Molière lui-même a incarné. En effet, fatigué et malade des poumons, le soir du 17 février 1673, après la représentation, Molière est emmené chez lui pour vivre ses derniers instants. Mais si Victor Hugo a bénéficié des funérailles nationales en 1885, qu’en est-il pour Molière deux siècles plus tôt ?
La disparition en 1885 d’un auteur célèbre, Victor Hugo, a peut-être déclenché l’envie à Georges Monval, archiviste de la Comédie-Française, de publier un recueil de documents sur la mort de Molière car la même année, ce dernier fait éditer l’ouvrage Recueil sur la mort de Molière. Grâce à celui-ci qui s’avère être rempli de documents d’époque inédits pour beaucoup, on peut se faire une idée des réactions à la mort du plus illustre auteur et comédien de son temps.
Parce qu’il était comédien et homme de théâtre, Molière avait été excommunié. A l’archevêque de Paris, sa femme assure que l’auteur du Tartuffe a voulu se repentir une heure avant son dernier souffle afin de « mourir en bon chrétien », mais que les prêtres de la paroisse Saint-Eustache à laquelle il appartenait refusèrent de venir recueillir sa confession. Quand après plusieurs échanges de messagers entre la rue de Richelieu et l’église, un homme d’Église accepte enfin de venir : Molière est déjà mort. Une sépulture lui est donc refusée. L’archevêque accepte la requête de l’épouse de l’auteur à condition que seulement deux prêtres se charge d’accompagner Molière à sa tombe et cela sans aucune pompe. Ce dernier sera mis en terre le 21 février.
Dans les faits, un témoin de l’enterrement assure que cela ne s’est pas passé exactement comme l’archevêque l’avait prévu. En effet, trois ecclésiastiques ont placé Molière dans une bière de bois entouré d’une procession mêlant enfants et laquais tenant divers luminaires. Le corps a été pris rue de Richelieu pour être porté au cimetière de Saint-Joseph. A l’arrivée, une grande foule attendait le cercueil et on a distribué l’aumône aux pauvres. Par la suite, dans toutes les paroisses de la ville, on a ordonné plusieurs messes en l’honneur de Molière.
Dans la décennie suivante, les hommages – principalement littéraires – se sont succédé. Des placards élogieux étaient affichés sur les murs, louant ses talents d’auteur mais aussi et surtout de comédien. On compte aussi de nombreux vers, poèmes et portraits gravés en son honneur. En dépit de la volonté de l’Église et de sa mort silencieuse le 17 février 1673 alors qu’il voulait quitter le monde en bon chrétien, la postérité a bien voulu de Molière comme grand auteur et comédien.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
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