A l’occasion du 71e Festival d’Avignon, Guy Cassiers reprend un spectacle créé en 2015 dans le cadre de ManiFeste, le festival de l’IRCAM. Une leçon d’histoire avec un important travail sur le son où la voix intelligente de l’historien devient moins intelligible que celle du fasciste belge Léon Degrelle.
Le Sec et l’humide est un texte que Jonathan Littel a écrit en même temps que Les Bienveillantes, autre texte récemment adapté par Guy Cassiers. L’auteur américain y analyse la construction personnelle du fasciste à travers l’analyse des textes d’une figure de l’extrême droite Européenne, Léon Degrelle, officier SS qui a paisiblement fini ses jours protégé par Franco.
Sur scène, l’analyse prend la forme d’une conférence dont le comédien Filip Jordens serait l’animateur. Il explique et souligne certain passages de La Campagne de Russie pour en faire ressortir toute l’absurdité du point de vue historique. Cet ouvrage a pour but de donner un sens au combat des SS Wallon sur le front Russe. Il est une hagiographie visant à glorifier la figure du preux combattant belge. Le conférencier nous apprend que tout l’exercice de Degrelle consiste à construire le faux avec des « mots vrais ». Car « pour se structurer, le fasciste doit structurer le monde et donc les mots ».
Si le texte est absolument passionnant, dressant sans fards un portrait documenté, le propos de la mise en scène manque d’évidence. La collaboration avec l’IRCAM réside dans l’utilisation de la technique dite du voice follower; la voix de l’historien et de Léon Degrelle se confondent au fur et à mesure que la conférence avance. Ce mélange symboliserait la prégnance du discours fasciste chez les politiques d’extrême droite du XXIe siècle, de Donal Trump à Marine Le Pen, sur la vérité historique, ou comment en martelant des mensonges ils parviennent à construire leur propre vérité. Sur scène, ce mélange de voix est au mieux anecdotique et le contenu du spectacle est plus intéressant que la forme qu’il prend.
Le Sec et l’humide vient s’inscrire dans ces spectacles où l’on joue sur la perception auditive du spectateur, comme on n’a pu le voir la saison passée avec Providence d’Olivier Cadiot avec un autre dispositif, la quadriphonie, qui était bien plus impressionnant pour le spectateur non averti aux dernières innovations en matière de création sonore.
Hadrien Volle – www.sceneweb.fr
LE SEC ET L’HUMIDE
d’après l’œuvre éponyme de Jonathan Littell, Éditions Gallimard, 2008
mise en scène : Guy Cassiers
jeu : Filip Jordens
voix : Johan Leysen
dramaturgie : Erwin Jans
conception sonore : Diederik De Cock
assistante à la mise en scène : Camille de Bonhomme
réalisation informatique musicale : Ircam – Grégory Beller
durée 50 minutesFestival d’Avignon 2017
9 | 11 JUILLET À 15H
10 | 12 JUILLET À 15H ET 18H
L’AUTRE SCÈNE DU GRAND AVIGNON – VEDÈNE
Tournée :
Le 27 novembre 2017, Le Parvis – Scène Nationale de Tarbes Pyrénées
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